« Quand je visite les prisons en Haïti, je vois des cellules avec beaucoup, beaucoup de monde dans un espace très limité, très sombre, sans beaucoup d'air », raconte dans cette interview William O’Neill, expert désigné de l’ONU sur les droits humains dans le pays. La surpopulation, le manque de nourriture et l’absence de soins rendent ces établissements « vraiment effrayants » et dangereux pour la santé publique.Le problème est aggravé par l’absence quasi totale de procès : « 82 % des détenus sont là en attente d’un procès », souvent pour des accusations mineures, sans avocat ni contact avec leur famille, explique O’Neill. Ces personnes restent enfermées pendant des mois, voire des années, sans que la justice ne tranche leur situation.La corruption est aussi un défi majeur. Bien que les centres de détention disposent d’un budget pour nourrir les détenus, le personnel affirme manquer de moyens pour acheter de la nourriture. « L’argent est là, mais il est volé, caché, détourné », dit-il, appelant à responsabiliser les dirigeants pénitentiaires.Malgré ces conditions dramatiques, M. O’Neill souligne qu’une amélioration est possible. En avançant par étapes, en commençant par les plus vulnérables — mineurs, femmes, malades ou personnes âgées — et en libérant provisoirement ceux qui n’ont pas de raison valable d’être détenus, « on peut faire des progrès, petit pas par petit pas ».(Interview : William O’Neill, Expert désigné des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme en Haïti; propos recueillis par Daniel Dickinson)