On entre avec ce psaume dans le troisième livre du psautier (Ps. 73-89). Il sort du cadre des genres littéraires puisqu’il a quelque chose d’une lamentation mais aussi d’une action de grâce. Le langage est celui de la sagesse, mais à distance de la sagesse traditionnelle. C’est une confession de foi qui a mûri au creuset d’une épreuve que le psalmiste a traversée par un surcroît de conscience et de connaissance, par où une recherche où il a engagé toute son existence. C’est le contexte d’un épisode personnel plus qu’une célébration liturgique. Néanmoins le psaume est écrit pour être partagé dans une assemblée de fidèles (v.1), dans la lignée d’Israël (v.15b). Trois parties : v. 1-12 : Description de la crise ; v. 13-17 : Sortie de la crise ; v. 18-28 : Enseignement tiré de la crise. D’une confession générale et impersonnelle à une confession toute personnelle fondée sur une épreuve de tentation et de doute, surmontées par l’expérience mystique de la rencontre avec Dieu dans son lieu. La tradition spirituelle chrétienne a chéri ce psaume aux accents inimitables. Saint Augustin a prononcé sur ce psaume une homélie très vivante où il s’adresse directement à ses auditeurs sur le thème de l’espérance : « Il n’y a rien de meilleur que d’être unis à Dieu quand nous le verrons face à face[1]. Mais qu’en est-il aujourd’hui ? Parce que je parle encore en exilé, si mon bien est d’être uni à Dieu, dit le psalmiste, aujourd’hui, en cet exil, quand la réalité n’est pas encore là, mon bien est de placer en Dieu mon espérance. Aussi longtemps que tu n’es pas uni à lui, place là ton espérance. (…) Aime Dieu gratuitement, ne prive personne de Dieu par jalousie ; entraîne avec toi tous ceux que tu peux. Quel que soit votre nombre à le posséder, il ne diminue pas : avec lui, vous n’aurez pas de limites à mettre ; chacun de vous le possédera tout entier et vous l’aurez tous tout entier. Fais donc cela tant que tu es ici, c’est-à-dire au temps où tu places en Dieu ton espérance. Quelle est en effet la suite ? Pour que je proclame toutes tes louanges dans les parvis de la fille de Sion. »
[1]. Cf. 1 Co 12, 12.
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