MUSIQUE ET REJET - Pourquoi on n’aime pas certaines musiques ?Pour la plupart d’entre nous, même si les différences interindividuelles sont importantes, la musique, c’est de l’envie, du plaisir, des émotions : nous n’aimons pas tout, nous aimons des musiques différentes, mais nous sommes curieux, fouinons et écoutons, pour retenir dans nos armoires à disques, tiroirs à cassettes et autres playlists, les morceaux qui nous convainquent, qui nous font frémir, qu’on rejoue pour bouger, se mettre de bonne humeur, pétiller ou plonger dans la nostalgie.

MUSIQUE ET MARKETING - La musique fait-elle vendre ?Si la musique est partout, dans les commerces de vêtements ou d’alimentation, les galeries marchandes et les bricos, dans les restaurants et dans les bars, c’est souvent pour créer un décor, une atmosphère sonore et c’est surtout parce que, en tant qu’élément du marketing expérientiel, le commerçant cherche à travers elle à influencer le consommateur – de telle manière à ce qu’il achète plus.

MUSIQUE ET BIOACOUSTIQUE - Les animaux font-ils de la musique ?Science du son de la vie, la bioacoustique étudie la production, la propagation et la réception des sons produits par la nature (par les animaux, mais pas que) : la capacité à percevoir les sons est un sens très répandu parmi les êtres vivants, le son fait partie de la vie et un environnement riche en sons est riche en biodiversité ; « capter et analyser cette diversité acoustique permet de comprendre l’état de santé biologique de la région […] et inspire des solutions concrètes pour limiter les pollutions sonores et préserver les milieux les plus fragiles » . Plus largement l’éco-acoustique « cherche à traiter les questions d'écologie par le son » .

MUSIQUE ET PERSONNALITÉ - Quel est l’impact de la personnalité sur les préférences musicales ?Depuis la montée en puissance de la diffusion de la musique en ligne, l’intérêt des psychologues pour les préférences musicales quitte parfois le domaine fondamental pour celui de la recherche appliquée, les algorithmes des streamers se montrant avides, pour des raisons commerciales, d’affiner les recommandations qu’ils prodiguent à leurs abonnés – comme les réseaux sociaux, les diffuseurs tentent de retenir le client le plus longtemps possible dans leur univers numérique afin de maximiser l’audience publicitaire.

MUSIQUE ET MATURATION - Comment l’âge influence-t-il les préférences musicales ?Si la préférence musicale – en particulier, la façon dont se construit le goût musical – titille l’attention de certains chercheurs (en musique ou en esthétique bien sûr, mais aussi en philosophie et, pour ce qui nous intéresse ici, en psychologie) depuis longtemps, sa théorisation souffre encore de nombreuses inconnues.Une étude qualitative menée en 2023 par un doctorant de la University Of Pacific sur une centaine de participants, que le chercheur questionne sur leurs habitudes d'écoute, leurs préférences musicales et les facteurs sociaux qui contribuent le plus à ces préférences, suggère que nous découvrons nos musiques préférées vers l’âge de 12 à 13 ans, principalement influencés par les parents, les amis et la radio (suivis par le streaming et la fratrie) et que, pour la plupart d’entre nous, ces préférences évoluent avec le temps.

MUSIQUE ET PLANTES - Quel est l’effet du son sur les plantes ?L’étude de l’impact des sons sur les végétaux semble a priori en dire plus sur notre propre psychologie (et notre tendance à l’anthropomorphisme) que sur celle des plantes.A l’ère de Descartes, l’anthropomorphisme – l'attribution de caractéristiques du comportement ou de la morphologie humaine à d'autres entités comme des êtres vivants non humains, des objets ou des idées –, est un péché scientifique majeur : dans l’approche mécanomorphiste, on considère les animaux comme des machines insensibles et parler d’émotions, de capacités cognitives ou de stratégies sociales les concernant frôle l’hérésie.

MUSIQUE ET ATTENTION - Quel est l’impact de la musique sur l’attention ?Faite de différents événements, l’information auditive propage un message qui, pour être interprété et compris, implique d’extraire, avec une efficacité optimale afin d’économiser nos capacités cognitives, limitées, les éléments pertinents du flot d’informations reçues : par ses régularités, la composante temporelle, présente aussi bien dans le langage que dans la musique (des structures complexes, organisées dans le temps), est particulièrement importante pour détecter, intégrer et comprendre ce que l’on entend.

MUSIQUE ET POLLUTION SONORE - Quand couper le son ?Dans les rues des villes, privées de voitures, de camions, d’autobus ou de motos pendant les confinements covidiens, on voit l’espace se rouvrir au sauvage ; les animaux, un peu étourdis, reprennent de l’ardeur, se hasardent, fouinent et visitent ; le brouhaha du quotidien fait place à un drôle de silence, celui où domine le chant des oiseaux, la voix de la nature, le bruit de la Terre.Avec l’arrêt de nombreuses activités humaines (le trafic, l’usine, les machines…), restent les phénomènes atmosphériques (les vagues océaniques, le vent…) pour alimenter le bruit sismique – mesuré par les sismomètres, disséminés dans différents endroits pour surveiller les tremblements de la Terre, qui indiquent 38 % de bruit sismique à haute fréquence en moins dès le début du confinement du 17 mars 2020.

DEEP LISTENING - Comment appréhender la musique de façon intime ?Cette nouvelle façon d'appréhender la musique, plus intime, lente et spirituelle, qu’Oliveros nomme « deep listening » (« écoute profonde »), prend ses racines dans deux expériences personnelles, la première, vécue à l’adolescence : « Lorsque j’avais seize ans, mon professeur d’accordéon m’a appris à entendre les sons résultants (un son résultant est l’effet de l’interaction de deux sons simultanés : résonne un troisième son très faible qui correspond à la différence acoustique des deux premiers). L’accordéon est particulièrement apte à les produire si l’on presse suffisamment fort. Depuis lors, j’ai souhaité trouver un moyen d’éliminer les fréquences fondamentales afin de n’écouter que les fréquences résultantes. À l’âge de 32 ans (en 1964), j’ai commencé à régler des générateurs de signaux au-delà de la portée auditive et à faire de la musique électronique à partir de sons résultants amplifiés. J’avais l’impression d’être une sorcière qui capturait les sons d’un royaume souterrain. »

VALEUR DE LA MUSIQUE - Comment la digitalisation impacte-t-elle la valeur de la musique ?Parlant de l’économie de l’attention, Yves Citton, de l’Université Grenoble III rappelle que la « rareté se situe du côté de la réception des biens culturels, et non plus seulement du côté de leur production, alors que l’économie traditionnelle se définit par l’optimisation de la production des biens à partir de ressources limitées. Tout le monde sait que la principale difficulté, aujourd’hui, n’est pas tant de produire un film, un livre ou un site Web, que d’attirer l’attention d’un public submergé de propositions, souvent gratuites, plus attrayantes les unes que les autres. » C’est un précepte économique aussi bien que psychologique : en économie, la raréfaction des matières premières se traduit par une hausse des prix alors que l’abondance, au contraire, les pousse vers le bas ; en psychologie de l’attention, la multiplication de l’information diminue sa valeur, la banalise et en réduit l’intérêt ; en marketing (une discipline qui utilise les savoirs des deux précédentes), la stratégie qui consiste à limiter volontairement la quantité d’un produit offerte sur le marché ou à créer des éditions spéciales exploite, au-delà de la réalité physique de la disponibilité, la façon dont le consommateur accorde une plus grande valeur à un produit perçu comme rare.