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Or
Léon Buffet
"Il était de retour"
Lorsque la guerre éclate, Buffet est encore étudiant. Mobilisé, il est incorporé en avril 1915 et nommé aspirant en septembre de la même année.
Né en octobre 1896 en Côte d’Or, Léon Buffet se traçait une toute autre destinée avant sa mobilisation. Envoyé dans un orphelinat après le décès de sa mère, le petit Léon poursuit une scolarité brillante qui lui permet de s’inscrire au collège. Son avenir semble tout tracé : il sera professeur ! La guerre stoppera ce doux rêve..
Intégré au 142e Régiment d'Infanterie, il arrive sur le front de Verdun à la fin du mois de mai 1916. Et c’est avec les autres membres de sa compagnie que l’aspirant Buffet se retrouve piégé dans le fort de Vaux lorsque son siège commence… le 2 juin.
Trois jours plus tard, aux premières heures du jour, Buffet est en tête d’un petit groupe. Tous n'ont qu'une seule idée en tête : sortir du fort. Sous le couvert de la nuit, il franchit le fossé et s’éloigne, l’adrénaline poussée à fond, la peur au ventre. Il ne faut faire aucun bruit, car les Allemands veillent sur les dessus du fort avec leurs mitrailleuses. Malgré les embûches, d’autres soldats, autour de lui, réussissent également à s’exfiltrer. Mais il n’en est pas de même pour ceux qui les suivent, cueillis par des rafales de balles.
Léon Buffet parvient jusqu’au fort de Tavannes, pour rapporter à ses supérieurs la situation dramatique à Vaux : cela fait trois jours que le fort est assiégé par l’ennemi, avec des explosions dans les galeries étroites, des fumées, une chaleur épouvantable, des appels à l’aide de soldats à l’agonie… Et par-dessus tout la soif, la soif qui tiraille, qui rend fou…
La garnison, sous les ordres du commandant Raynal, est à bout de force. Elle réclame de l’aide. Les supérieurs promettent une contre-attaque libératrice… mais encore faut-il pouvoir avertir les assiégés afin qu’ils soutiennent cette action. L’aspirant Buffet se propose alors de retourner dans cet enfer pour prévenir ses camarades.
La nuit suivante, le voilà qui rebrousse chemin, sautant de trou d’obus en trou d’obus, sur ce terrain dont les contours taillés à la hache émergent brièvement sous la lumière des fusées éclairantes et des explosions. Quelques détonations retentissent autour de lui, soulevant la terre et l’enveloppant de lourdes fumées. Soudain, une masse sombre et familière apparaît devant lui : le fort de Vaux. Mais comment se faire reconnaître de ses camarades ? Par de courts appels étouffés, il appelle les hommes retranchés dans le fort. Une barricade de sacs de terre finit enfin par s’entrouvrir. Un caporal apparaît et hisse l’aspirant à l’intérieur qui, reconnu, suscite la stupéfaction parmi les défenseurs : « Buffet est de retour ! ».
Au péril de sa vie, Léon Buffet a réussi l’exploit non seulement de sortir du fort assiégé, mais aussi d’y retourner, animé par le sens du devoir et par la fidélité envers ses camarades. C’est à leurs côtés qu’il vit la reddition du fort le lendemain, la contre-attaque française ayant échoué. C’est aussi avec eux qu’il partage sa captivité, puisque sa garnison reste détenue jusqu’à la fin de la guerre.
Sorti de cet enfer, il se marie en 1919 et devient enfin professeur, enseignant les mathématiques à Perpignan et à Narbonne. Jusqu’à sa mort, c’est un membre actif de différentes associations d’anciens combattants, dont Ceux de Verdun et surtout celle des Défenseurs du fort de Vaux. Fait chevalier de la Légion d’honneur, il refuse sa nomination au grade d’officier en 1966, indiquant que d’autres hommes plus valeureux que lui méritent davantage d’être honorés.
Léon Buffet décède le 10 octobre 1966 à Perpignan, commune où il est inhumé.
#DestindeVerdun, un podcast écrit et produit par l'équipe du Mémorial de Verdun : Nicolas Czubak, Quentin Poulet et Charles Poisson
Adaptation des textes pour l’audio : Delphine Peresan-Roudil et Florence Guionneau-Joie
Voix-off : Barbara Probst
Musique originale et fonds sonores : Christian Holl et Hicham Chahidi
Réalisation : FGJ/Art Expo - Post-production : Plissken Production - Enregistrement : Gorgone Productions
Léon Buffet
"Il était de retour"
Lorsque la guerre éclate, Buffet est encore étudiant. Mobilisé, il est incorporé en avril 1915 et nommé aspirant en septembre de la même année.
Né en octobre 1896 en Côte d’Or, Léon Buffet se traçait une toute autre destinée avant sa mobilisation. Envoyé dans un orphelinat après le décès de sa mère, le petit Léon poursuit une scolarité brillante qui lui permet de s’inscrire au collège. Son avenir semble tout tracé : il sera professeur ! La guerre stoppera ce doux rêve..
Intégré au 142e Régiment d'Infanterie, il arrive sur le front de Verdun à la fin du mois de mai 1916. Et c’est avec les autres membres de sa compagnie que l’aspirant Buffet se retrouve piégé dans le fort de Vaux lorsque son siège commence… le 2 juin.
Trois jours plus tard, aux premières heures du jour, Buffet est en tête d’un petit groupe. Tous n'ont qu'une seule idée en tête : sortir du fort. Sous le couvert de la nuit, il franchit le fossé et s’éloigne, l’adrénaline poussée à fond, la peur au ventre. Il ne faut faire aucun bruit, car les Allemands veillent sur les dessus du fort avec leurs mitrailleuses. Malgré les embûches, d’autres soldats, autour de lui, réussissent également à s’exfiltrer. Mais il n’en est pas de même pour ceux qui les suivent, cueillis par des rafales de balles.
Léon Buffet parvient jusqu’au fort de Tavannes, pour rapporter à ses supérieurs la situation dramatique à Vaux : cela fait trois jours que le fort est assiégé par l’ennemi, avec des explosions dans les galeries étroites, des fumées, une chaleur épouvantable, des appels à l’aide de soldats à l’agonie… Et par-dessus tout la soif, la soif qui tiraille, qui rend fou…
La garnison, sous les ordres du commandant Raynal, est à bout de force. Elle réclame de l’aide. Les supérieurs promettent une contre-attaque libératrice… mais encore faut-il pouvoir avertir les assiégés afin qu’ils soutiennent cette action. L’aspirant Buffet se propose alors de retourner dans cet enfer pour prévenir ses camarades.
La nuit suivante, le voilà qui rebrousse chemin, sautant de trou d’obus en trou d’obus, sur ce terrain dont les contours taillés à la hache émergent brièvement sous la lumière des fusées éclairantes et des explosions. Quelques détonations retentissent autour de lui, soulevant la terre et l’enveloppant de lourdes fumées. Soudain, une masse sombre et familière apparaît devant lui : le fort de Vaux. Mais comment se faire reconnaître de ses camarades ? Par de courts appels étouffés, il appelle les hommes retranchés dans le fort. Une barricade de sacs de terre finit enfin par s’entrouvrir. Un caporal apparaît et hisse l’aspirant à l’intérieur qui, reconnu, suscite la stupéfaction parmi les défenseurs : « Buffet est de retour ! ».
Au péril de sa vie, Léon Buffet a réussi l’exploit non seulement de sortir du fort assiégé, mais aussi d’y retourner, animé par le sens du devoir et par la fidélité envers ses camarades. C’est à leurs côtés qu’il vit la reddition du fort le lendemain, la contre-attaque française ayant échoué. C’est aussi avec eux qu’il partage sa captivité, puisque sa garnison reste détenue jusqu’à la fin de la guerre.
Sorti de cet enfer, il se marie en 1919 et devient enfin professeur, enseignant les mathématiques à Perpignan et à Narbonne. Jusqu’à sa mort, c’est un membre actif de différentes associations d’anciens combattants, dont Ceux de Verdun et surtout celle des Défenseurs du fort de Vaux. Fait chevalier de la Légion d’honneur, il refuse sa nomination au grade d’officier en 1966, indiquant que d’autres hommes plus valeureux que lui méritent davantage d’être honorés.
Léon Buffet décède le 10 octobre 1966 à Perpignan, commune où il est inhumé.
#DestindeVerdun, un podcast écrit et produit par l'équipe du Mémorial de Verdun : Nicolas Czubak, Quentin Poulet et Charles Poisson
Adaptation des textes pour l’audio : Delphine Peresan-Roudil et Florence Guionneau-Joie
Voix-off : Barbara Probst
Musique originale et fonds sonores : Christian Holl et Hicham Chahidi
Réalisation : FGJ/Art Expo - Post-production : Plissken Production - Enregistrement : Gorgone Productions