Chronique des médias

En Argentine, la trumpisation de Javier Milei face aux médias


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L'Argentine fait face à sa troisième grève générale depuis l'accession au pouvoir du président Javier Milei, qui assume une forme de trumpisation face aux médias.

On a tous en tête la tronçonneuse de Javier Milei, symbole de coupes sombres dans les dépenses publiques. Cette tronçonneuse a été offerte à Elon Musk, qui n'a pas manqué de la brandir à son tour. Entre Donald Trump et Javier Milei, il y a plus que des affinités idéologiques. Même volonté de dérégulation, même tendance anti-« woke » et climatosceptique, même défiance envers les organismes internationaux et les consensus scientifiques comme le prouve la sortie des deux pays de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Depuis l'investiture de son homologue à Washington, où il était présent, l'Argentin multiplie les signes de soutien. Il dit même comprendre le relèvement des tarifs douaniers que l'Argentine va pourtant subir, car elle est membre du bloc du Mercosur. Et s'il n'a pas arrêté le financement de Voice of America, décision d'ailleurs suspendue par la justice américaine cette semaine, il a fermé Télam, l'agence de presse nationale.

Reporters sans frontières a émis un droit d'alerte sur l'Argentine

L'ONG Reporters sans frontières a certes émis un droit d'alerte, mais le pays ne semble pas être une priorité pour l'organisation. Sur son ranking sur la liberté de la presse, l'Argentine est le 66ème pays sur 180 et la liberté de la presse y est à peu près respectée, notamment quand il s'agit de couvrir de grandes manifestations ou des grèves générales.

Mais il y a des signes inquiétants, d'autant que l'Argentine était à la quarantième place en 2023, juste avant l'élection de Javier Milei. D'abord, comme Donald Trump, le chef d'État argentin a tendance à insulter et à stigmatiser les journalistes ou à les traiter d'« ennemis ». Ce qui favorise l'agressivité de la police. Ensuite, il a levé les dernières barrières anti-concentration qui s'imposaient aux grands groupes médias qui peuvent désormais acquérir autant de licences de télé ou de radios qu'ils souhaitent. Une mesure qui ne peut que renforcer la propriété autour de groupes comme Clarin ou la chaîne Telefe.

Les médias publics aussi dans le collimateur

En revoyant les dépenses des médias publics à la baisse, ils sont aussi dans le collimateur du président argentin. Mais cela se traduit par des licenciements et des budgets de programmes décimés, comme on a pu le voir sur Canal 7 ou Radio Nacional.

Et il y a ce qui ne relève pas que du symbolique, comme la destruction de ce monument en Patagonie à la gloire du journaliste anarchiste Osvaldo Bayer. Il était connu pour avoir enquêté sur les mouvements sociaux et la répression de 2 000 travailleurs pendant la dictature de 1976 à 1983.

Cette destruction s'accompagne d'un révisionnisme de Milei censé lutter contre une hégémonie culturelle de la gauche. Pour lui, il n'y a pas eu 30 000 disparus durant la dictature, mais quatre fois moins. Une réécriture de l'histoire qui signe une filiation avec l'extrême droite. 

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Chronique des médiasBy RFI