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« La sororité, ce n’est pas un label, ce sont des actes. »
Isabelle a 64 ans, retraitée de l’Éducation nationale et mère de deux filles. Elle fait partie des Amazones d’Avignon depuis leur création et revendique avec fierté ce rôle de fondatrice. Longtemps, elle a cru que les combats menés par les générations de femmes avant elle avaient permis des acquis solides. Mais des événements concrets, comme l’agression de ses filles adolescentes dans la rue par un groupe d’hommes, lui ont rappelé à quel point rien n’était gagné et qu’il fallait continuer à se battre. C’est cette prise de conscience qui l’a poussée à s’engager davantage.
Lorsqu’elle découvre l’affaire Pélicot par la presse locale, elle est saisie de stupeur : l’ampleur des violences lui paraît d’abord inimaginable. Au fil des semaines, à mesure que le nombre d’accusés augmente, son sentiment de dégoût et de colère ne fait que croître. Quand le procès s’ouvre, elle participe dès la première manifestation organisée par les Amazones. Elle se souvient alors s’être dit qu’elle était à sa place, au bon endroit, même si le groupe s’est retrouvé bien seul sur la place publique.
Isabelle raconte aussi les tensions avec certaines associations féministes locales qui ont tenté d’invisibiliser les Amazones, leur refusant la parole lors de rassemblements ou s’appropriant leurs collages et banderoles sans les nommer. Elle juge cette attitude d’autant plus blessante qu’elles ont été présentes sans relâche, jour après jour.
Tout au long du procès, Isabelle participe aux actions : collages face au tribunal, banderoles sur les remparts, interviews avec la presse. Elle insiste sur l’importance de rendre visible leur présence, à la fois pour soutenir Gisèle Pélicot et pour interpeller avocats et journalistes. Elle garde aussi en mémoire les humiliations subies : devoir partager les couloirs, les escaliers, voire les toilettes avec les violeurs en liberté, sans aucune séparation prévue par l’organisation judiciaire. Une situation qu’elle juge irrespectueuse et insupportable pour les femmes venues soutenir la victime.
La sororité, pour Isabelle, a pris un sens nouveau au cours de cette épreuve. Au départ, ce mot restait pour elle une abstraction, proche de « fraternité ». Mais au fil des mois, elle a ressenti dans son corps ce qu’il signifiait : la solidarité indéfectible entre les Amazones, mais aussi avec les féministes espagnoles venues en nombre à Avignon. Elle a découvert une sororité qui dépasse les frontières et qui rend les femmes capables de « grandes et belles choses » quand elles s’unissent.
Avec le recul, Isabelle dit que la question de « tenir » ne se posait pas. Pour elle, il était évident de rester jusqu’au bout, de ne pas lâcher Gisèle Pélicot et de montrer que jamais une femme victime d’une telle horreur ne serait laissée seule. Elle garde de ce procès une colère intacte contre l’injustice, mais aussi une détermination renforcée à poursuivre la lutte, à soutenir et accompagner toutes les femmes qui en ont besoin.
By Les Amazones d'Avignon« La sororité, ce n’est pas un label, ce sont des actes. »
Isabelle a 64 ans, retraitée de l’Éducation nationale et mère de deux filles. Elle fait partie des Amazones d’Avignon depuis leur création et revendique avec fierté ce rôle de fondatrice. Longtemps, elle a cru que les combats menés par les générations de femmes avant elle avaient permis des acquis solides. Mais des événements concrets, comme l’agression de ses filles adolescentes dans la rue par un groupe d’hommes, lui ont rappelé à quel point rien n’était gagné et qu’il fallait continuer à se battre. C’est cette prise de conscience qui l’a poussée à s’engager davantage.
Lorsqu’elle découvre l’affaire Pélicot par la presse locale, elle est saisie de stupeur : l’ampleur des violences lui paraît d’abord inimaginable. Au fil des semaines, à mesure que le nombre d’accusés augmente, son sentiment de dégoût et de colère ne fait que croître. Quand le procès s’ouvre, elle participe dès la première manifestation organisée par les Amazones. Elle se souvient alors s’être dit qu’elle était à sa place, au bon endroit, même si le groupe s’est retrouvé bien seul sur la place publique.
Isabelle raconte aussi les tensions avec certaines associations féministes locales qui ont tenté d’invisibiliser les Amazones, leur refusant la parole lors de rassemblements ou s’appropriant leurs collages et banderoles sans les nommer. Elle juge cette attitude d’autant plus blessante qu’elles ont été présentes sans relâche, jour après jour.
Tout au long du procès, Isabelle participe aux actions : collages face au tribunal, banderoles sur les remparts, interviews avec la presse. Elle insiste sur l’importance de rendre visible leur présence, à la fois pour soutenir Gisèle Pélicot et pour interpeller avocats et journalistes. Elle garde aussi en mémoire les humiliations subies : devoir partager les couloirs, les escaliers, voire les toilettes avec les violeurs en liberté, sans aucune séparation prévue par l’organisation judiciaire. Une situation qu’elle juge irrespectueuse et insupportable pour les femmes venues soutenir la victime.
La sororité, pour Isabelle, a pris un sens nouveau au cours de cette épreuve. Au départ, ce mot restait pour elle une abstraction, proche de « fraternité ». Mais au fil des mois, elle a ressenti dans son corps ce qu’il signifiait : la solidarité indéfectible entre les Amazones, mais aussi avec les féministes espagnoles venues en nombre à Avignon. Elle a découvert une sororité qui dépasse les frontières et qui rend les femmes capables de « grandes et belles choses » quand elles s’unissent.
Avec le recul, Isabelle dit que la question de « tenir » ne se posait pas. Pour elle, il était évident de rester jusqu’au bout, de ne pas lâcher Gisèle Pélicot et de montrer que jamais une femme victime d’une telle horreur ne serait laissée seule. Elle garde de ce procès une colère intacte contre l’injustice, mais aussi une détermination renforcée à poursuivre la lutte, à soutenir et accompagner toutes les femmes qui en ont besoin.