Histoire de

Mon pass Navigo ne passe pas. Je ne comprends pas pourquoi. Dans ma tête, des dizaines de scénarios. Je crois que c'est possible de démagnétiser cette merde...

Je raccroche. Mes mains retombent lourdement sur mes genoux, laissant filer au passage le téléphone encore chaud qui finit par heurter le sol.

Musiques : Gnossienne No. 1 de Satie / Habanera de Bizet / Dance of the Sugar Plum Fairy de Tchaikovsky

Tout à coup, un souffle d’inquiétude me parcourt la poitrine et mon cœur s’emballe imperceptiblement.

Musiques : Le Carnaval des Animaux de Saint Saëns / Le Lac des Cygnes de Tchaïkovski

Cela fait des années que j’essaie d’arrêter. De temps en temps l’éponge qui me sert de volonté durcit un peu et je parvins à rester pratiquement une semaine sans rechuter.

Musique : Le Carnaval des Animaux de Saint Saëns

Moi c’est Samuel et Il y a moins de 2 secondes j’étais un homme heureux. Vous m’auriez connu à ce moment-là.

Musique : Fascinating rhythm de George Gershwin

Je me réveille en sursaut. Mon cœur bat à toute vitesse. Tout de suite, je sens que ça y est. Le moment que je redoutais tant est arrivé.

Autour de moi les camarades sont rangées. Pas une tête ne dépasse. Le grand écran endormi nous domine de toute sa surface. Nous le contemplons d’en bas, immobiles et raides.

La nuit a été agitée. Je n’ai dormi que par intermittence. La douce évasion du sommeil interrompue par l’acre réalité. Il est huit heures. La lumière du jour perce mes paupières, rideaux trop fins. Je quitte ma couche. A peine éveillé et ils me manquent déjà.

Musiques : Les Quatre Saisons de Vivaldi

Il est 9 heures au paradis. C’est l’heure de pointe. Les anges se croisent et s’évitent au milieu des allées tapissées de nuages. Madeleine vole tranquillement en regardant les vitrines des magasins bordant l’allée.

Il est 14h30. C’est mon heure. Depuis dix ans que je travaille dans cette boite, mon intestin est réglé comme du papier toilette. C’est lui le patron. Quand il dit 14h30, c’est 14h30. De toute façon, c’est toujours 14h30. Et moi, j’obéis.