Il a suffi du survol de quelques drones au-dessus de l’aéroport de Keflavik, la deuxième ville d’Islande, pour que certains redécouvrent l’importance stratégique de ce petit pays aux confins de l’Europe, situé entre l’Atlantique et l’Arctique, à mi-distance du Royaume-Uni et du Groenland. Et pourtant « quiconque contrôle l’Islande tient un revolver constamment pointé sur la Grande-Bretagne, le Canada et les Etats-Unis » expliquait Karl Haushofer, théoricien allemand de la géopolitique (1869-1946), cité par le Premier ministre britannique Winston Churchill.

Encore aujourd’hui l’Islande demeure un emplacement idéal pour patrouiller contre les incursions de bombardiers russes et couper l’accès des sous-marins russes à l’Atlantique. Sans doute la raison pour laquelle l’Islande a le rang de membre fondateur de l’alliance atlantique en 1951… sans avoir ni armée ni soldat.

L’Islande a su aussi cultiver sa singularité avec l’Europe dont elle n’est pas membre (pour ne pas subir les quotas de pêche) mais dont elle partage l’espace économique européen. Même ambiguïté avec la Chine, à qui elle a ouvert les portes de la Conférence du Cercle arctique… portant très loin de l’Empire du milieu, même si ce dernier a forgé le concept de « route de la soie polaire ».

Bref, au moment du retour de l’âge des Empires, l’Islande va sans doute bientôt devoir choisir son camp.

« L’entretien » est un podcast des « Echos » présenté par Christophe Jakubyszyn. Cet épisode a été enregistré en novembre 2025. Rédaction en chef : Clémence Lemaistre. Invité : Benaouda Abdedaim (éditorialiste international des Echos). Réalisation : Willy Ganne.

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