Chronique des médias

La situation politique française envahit l'espace médiatique


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La situation des médias français au lendemain de la dissolution de l’Assemblée nationale. Avec une polarisation de plus en plus nette : pour ou contre l’arrivée au pouvoir du Rassemblement national. Un scénario digne d’une série

Écoutez, imaginez une série avec un évènement fondateur, une dissolution, le ralliement à l’extrême droite d’un chef de parti de la droite traditionnelle qui s’enferme dans son bureau alors que ses barons le désavouent, un flash-back où il se rend à un déjeuner avec un milliardaire qui appelle à l’union des droites pour prendre le pouvoir, les médias de ce même milliardaire qui se transforment en militants et pilonnent l’alternative à gauche en la traitant d’« antisémite ».

On pourrait appeler cette série La fièvre, si elle n’existait pas déjà, mais c’est le nom d’une série sur Canal+ d’Eric Benzechri qui raconte comment l’extrême droite arrive aux portes du pouvoir à la suite d’un incident qui déclenche des accusations de racisme anti blanc, savamment orchestrée sur les réseaux sociaux.

Le 5 avril, Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions, avait elle-même cité cette série, en évoquant son « inquiétude réelle » devant « le grossissement de sujets qui sont dans le débat et prennent tout à coup tout l’espace démocratique ». Elle pensait alors à des ingérences étrangères comme on l’a vu avec les étoiles de David bleues destinées à attiser les haines.

La « fièvre », c’est selon vous ce qui s’est emparé des débats et des écrans ces derniers jours

Marie Toussaint, la malheureuse candidate écologiste, a déclaré « J’ai sous-estimé la force de TikTok ». Elle faisait référence à la façon dont les jeunes ont été exposés, par l’algorithme de TikTok, à bien plus de vidéos tendant à les polariser du côté du RN comme des images de violences urbaines, qu’à les mobiliser face à l’urgence climatique.

Avec ce paradoxe : moins on vit dans sa réalité ces violences, loin des métropoles, plus on est enclin à voir en elle une réalité que le réseau social amplifie. Comme les journalistes sont essentiellement parisiens, ils sous-estiment ces phénomènes. Ceux qui ont bien compris le parti en tirer, ce sont les médias de Bolloré : CNews, C8, Europe 1 ou le JDD. De même qu’ils avaient surexploité le drame de Crépol, ce jeune de 16 ans tué à un bal dans la Drôme, victime d’un prétendu racisme anti-blanc, ils hystérisent le débat public en accusant le nouveau Front populaire, par sa composante LFI, d’être « antisémite » et même « négationniste ».

Le Point et Le Figaro - qui appelle à parler de « droite radicale » et non d’extrême droite -, sont de plus en plus sur cette ligne. Au Monde, à Libération et/ou dans l’audiovisuel public, on cherche à garder la bonne distance, mais on y entend parler aussi de « fascisme » ou de « lutte anti-fasciste... »  Après “la fièvre”, il ne faudrait pas que la série vire à l’embrasement.

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Chronique des médiasBy RFI