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Le ciel voilé contient un soleil flou (Mat Ward & Fardeau Losange)
Second collaboration with Mat Ward (https://soundcloud.com/no-mates-ensemble), a long back and forth exchange of files, the crossing of two ways.
Thank you a lot, Mat, for learning so much about myself in working with you ; it's worth any psychotherapies...
May we can renewal the experience !
--------
« Le ciel voilé contient un soleil flou quand Ravel, alerté par les sirènes qui annoncent qu'on vient de larguer les aussières, gagne le pont supérieur du paquebot pour surveiller le mouvement derrière les vitres. L'immense fatigue dont il se plaignait ce matin dans la 201 paraît se dissiper dès le chant des sirènes à trois tons, subitement il se sent léger, plein d'élan, vif au point de sortir au grand air. Mais cela ne dure pas : très vite il a très froid sans pardessus, serre les pans de son veston sur sa poitrine et grelotte. Le vent qui vient de se lever d'un coup plaque ses vêtements contre sa peau, dénie leur existence et leur fonction. Comme il attaque de front la surface de son corps, l'homme se sent nu et doit s'y reprendre plusieurs fois pour allumer une cigarette, les allumettes n'ayant pas le temps de s'embraser. Il y parvient enfin mais cette fois c'est la Gauloise qui, comme à la montagne - bref souvenir de sanatorium -, n'a plus le même goût que d'habitude : le vent profite de la fumée pour s'introduire en même temps qu'elle dans les poumons de Ravel, refroidissant maintenant son corps de l'intérieur, l'attaquant de toutes parts, lui coupant le souffle en le décoiffant, faisant voltiger sa cendre de cigarette sur ses habits et dans ses yeux, le combat devient trop inégal, mieux vaut battre en retraite. »
Jean Echenoz, in "Ravel" (2006)
Picture borrowed from "Mer jaunes avec petits navires", Emil Nolde (1946).
31 juillet 2°24.
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By Cy BianneSecond collaboration with Mat Ward (https://soundcloud.com/no-mates-ensemble), a long back and forth exchange of files, the crossing of two ways.
Thank you a lot, Mat, for learning so much about myself in working with you ; it's worth any psychotherapies...
May we can renewal the experience !
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« Le ciel voilé contient un soleil flou quand Ravel, alerté par les sirènes qui annoncent qu'on vient de larguer les aussières, gagne le pont supérieur du paquebot pour surveiller le mouvement derrière les vitres. L'immense fatigue dont il se plaignait ce matin dans la 201 paraît se dissiper dès le chant des sirènes à trois tons, subitement il se sent léger, plein d'élan, vif au point de sortir au grand air. Mais cela ne dure pas : très vite il a très froid sans pardessus, serre les pans de son veston sur sa poitrine et grelotte. Le vent qui vient de se lever d'un coup plaque ses vêtements contre sa peau, dénie leur existence et leur fonction. Comme il attaque de front la surface de son corps, l'homme se sent nu et doit s'y reprendre plusieurs fois pour allumer une cigarette, les allumettes n'ayant pas le temps de s'embraser. Il y parvient enfin mais cette fois c'est la Gauloise qui, comme à la montagne - bref souvenir de sanatorium -, n'a plus le même goût que d'habitude : le vent profite de la fumée pour s'introduire en même temps qu'elle dans les poumons de Ravel, refroidissant maintenant son corps de l'intérieur, l'attaquant de toutes parts, lui coupant le souffle en le décoiffant, faisant voltiger sa cendre de cigarette sur ses habits et dans ses yeux, le combat devient trop inégal, mieux vaut battre en retraite. »
Jean Echenoz, in "Ravel" (2006)
Picture borrowed from "Mer jaunes avec petits navires", Emil Nolde (1946).
31 juillet 2°24.