Chronique des médias

«Le Parisien» en grève pour son identité


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La grève au Parisien a été déclenchée pour protester contre un plan de départs touchant près de 40 personnes. 

La direction a annoncé mi-février la suppression de 39 postes exactement, dont 29 à la rédaction, soit près de 10% des effectifs, dans ce qu'elle appelle un « projet de modernisation de l'organisation ». Comme beaucoup de quotidiens régionaux, Le Parisien perd de l'argent, 34 millions d'euros, et compte tenu des projections qu'il fait en termes d'abonnements numériques et d'audience, il lui faut passer par un plan de départs volontaires. C'est ce qui explique cette grève qui a été décidée jeudi 6 mars et qui est assortie d'une motion de défiance envers la direction. Une direction qui se justifie en expliquant que malgré près de 100 000 abonnés numériques pour une diffusion journalière de 190 000 exemplaires, Le Parisien ne parvient pas à compenser ce qu'il perd sur le papier par des revenus en ligne. Un classique des difficultés des quotidiens et qui justifie les économies. 

La contestation interne tient aussi à l'identité de l'actionnaire Bernard Arnault

La mobilisation ne le vise pas explicitement, même si la rédaction s'est plusieurs fois inquiétée pour son indépendance, notamment en 2023 lorsqu'elle a pointé une « dérive éditoriale » trop favorable à l'exécutif pendant la réforme des retraites. Cette fois, ce n'est plus une question éditoriale. Quoique... Ce plan arrive cinq ans après 30 suppressions de postes liées à l'arrêt des neuf éditions départementales du Parisien qui sont aujourd'hui regroupées dans un unique cahier Île-de-France. La direction rappelle que l'actionnaire a essuyé les pertes et qu'il ne peut pas soutenir indéfiniment un journal qui creuse les déficits. De son côté, une majorité de la rédaction pense que Bernard Arnault a les poches suffisamment profondes pour soutenir le quotidien dans ses missions locales et investir dans sa relance.

La relance numérique implique de nouveaux modèles

C'est que dit Pierre Louette, le patron du groupe Les Echos-Le Parisien, pour qui il faut « continuer à produire de mieux en mieux des contenus qui seront achetés, choisis, qui provoqueront des abonnements ». En clair, il s'agit de créer des articles ou des vidéos qui se transforment directement en revenus. C'est ce que cherche aussi Sud-Ouest et Le Télégramme, où l'on investit dans la production vidéo. Au Midi Libre, une centaine de correspondants locaux menace de déposer la plume après avoir vu leurs tarifs baisser. Le danger, c'est que soit de plus en plus délaissée l'information locale. C'est ce qu'on a vu aux États-Unis où un tiers des journaux locaux ont disparu en vingt ans. Cela a créé des déserts de l'information et un électorat trumpiste. 

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Chronique des médiasBy RFI