Chères chouquettes du monde entier, avez-vous déjà poussé la porte d’une librairie ? Vous êtes vous déjà immiscées parmi les étagères et les tables peuplées de livres ? Y avez-vous découvert des auteurs inconnus et des sujets dont vous ne soupçonniez même pas l'existence ?  Y avez-vous fait des rencontres ? 

Si oui et que la librairie est pour vous un lieu familier, gageons tout de même que vous n’en connaissez pas toutes les coulisses, ni de quoi se compose concrètement et loin des fantasmes le quotidien d’un libraire. Et si à l’inverse vous faites partie de celles et ceux que de tels lieux ont toujours intimidés - voir rebutés - gageons que notre entretien du jour vous donnera l’envie furieuse d’y courir sitôt arrivé à son terme. 

Dans les deux cas, vous êtes au bon endroit. 

C’est au 16 avenue Jean Jaurès à Charenton le Pont, à l’Est du périphérique parisien et au sud du Bois de Vincennes, que je vous donne rendez-vous pour ce treizième épisode du temps des chouquettes, à la rencontre de Jérôme Guichet et Simon Payen, fondateurs de la librairie La Vie Immédiate. 

J’ai connu le premier sur les bancs de l’université et le second via le premier lors de virées  nocturnes. C’est donc d’une conversation amicale qu’est née l’envie d'enregistrer cette émission, mais aussi d’une curiosité : comprendre précisément ce qui, du haut de leur respectivement 31 et bientôt 30 ans ans, a poussé ces deux comparses à ouvrir leur propre librairie. 

Et au-delà, vous faire entendre ce qu’ils ont à dire du métier de libraire, de la place du livre dans nos vies et du commerce des idées. 

Ne prenez que vos oreilles, c'est le temps des chouquettes.

Présentation : Lucas Berriat

Montage et Mixage : Lucas Berriat

Photo : © Jean François Deroubaix

Musique : San Francisco  Sofiane Pamart, album Planet, 2019.

Pour cette première émission de la saison 2025 - 2026, je vous emmène dans les coulisses du monde éditorial, à la rencontre d’une éditrice, Amélie Petit et d’une maison d’édition : Premier Parallèle. 

Une éditrice que je connais bien pour avoir eu la chance de travailler durant un an à ses côtés. C’est donc une émission particulière pour moi et le tutoiement sera de rigueur autant que la familiarité bienvenue.

Premier Parallèle fête ses dix ans d’existence. Forte d’un catalogue aussi précieux qu’ambitieux, c'est une maison qui a beaucoup à dire du monde et du rôle du livre à l’heure de l’aliénation et de l’accélération de nos existences. 

Sur le site de la maison on trouve notamment ces mots : 

“ Nous publions des essais de sciences humaines qui ne traitent pas d’actualité, mais s’en inquiètent. Des textes résolument littéraires, mais qui n’empiètent pas sur le territoire de la fiction. Et enfin des livres qui proposent de s’intéresser à la vie des choses, d’arpenter la trame matérielle du monde.

Des livres précis, aux prises avec leur temps, qui évitent toujours la surenchère et le surplomb et entendent bâtir des ponts pour maintenir la pensée vivante, c’est-à-dire pour qu’elle se partage. Des livres rigoureux, mais dénués d’esprit de sérieux. ”

C’est donc avec une maison et une éditrice soucieuses du plaisir de penser que je vous donne rendez-vous aujourd’hui. L'occasion d'évoquer avec elle la construction d'un catalogue, le travail du texte et la place de l'indépendance dans le monde éditorial.  Ne prenez que vos oreilles, c'est le temps des chouquettes. 

Présentation : Lucas Berriat

Montage et Mixage : Lucas Berriat

Musique : San Francisco  Sofiane Pamart, album Planet, 2019.

Chères chouquettes du monde entier, face à la bêtise, l'ignorance et la violence des hommes, quelles révoltes peuvent advenir ? 

Pour y répondre, direction le Mont des Ourses en compagnie d’une primo-romancière audacieuse qui déploie dans son premier livre le récit d’une émancipation. Celle d’Hazel, une jeune adolescente contrainte d’accompagner son père Jean-Code, gendarme miteux, et incompétent, fraîchement muté, au village d’Ici, lieu étrange, oublié des cartographes et du monde,  tombé dans l’obscurantisme. Les habitants du village, tous Cousins, n’y ont plus franchi les montagnes environnantes depuis des siècles. Heureusement, l'ennui, l'oppression et les élans de l’adolescence mettent Hazel en mouvement tandis que des événements inattendus se produisent aux frontières du village, et que la vieille Ursula, enseigne à Hazel ses savoirs ancestraux. 

Comme bien des hommes au sommet d’un massif, il croyait voir dans la terre déclive et la vallée miniature se matérialiser sa suprématie.

Émilie Devèze, Mont des ours, éditions du Sonneur

Entre nature writing, conte éco-feministe et scènes burlesques, Emilie Devèze réalise avec Mont des Ourses une entrée détonante en littérature. Rencontre avec une amoureuse des mots, ne prenez que vos oreilles, c'est le temps des chouquettes. 

Présentation : Lucas Berriat

Montage et Mixage : Lucas Berriat

Lecture : Émilie Devèze

Musique : Waltz of Cecilia, Teesa

Chères chouquettes du monde entier, avez-vous déjà connu la maladie ? La vraie. Celle qui manque de vous tuer ou d'atteindre votre corps jusqu’au creux de votre chair ? Celle qui vous immobilise physiquement, vous fait souffrir atrocement, et vous accable psychiquement ? Celle qui vous contraint à ne plus vous mouvoir comme avant ? 

La maladie, mon invité du jour l’a connue par deux fois au cours de son encore jeune existence. Dans l’enfance d’abord, alors touché par un mal qu’on ne croit réservé qu’aux autres et qu’à plus vieux que soi, puis une nouvelle fois au mi-temps de sa vingtaine. 

Amputé du coccyx après avoir voulu mettre un terme à d'intolérables douleurs au dos, le sort s’acharne sur lui à la suite d’une opération chirurgicale ratée. Voilà son corps littéralement troué, déchu de son fondement, et sa vie transformée en une errance médicale et existentielle. Mais face à la douleur, entre les rémissions et les rechutes, il y a les rencontres et les escapades, l'amitié et l’amour, la joie et l’humour, bref, le désir de vivre malgré tout. 

Je vous dirai les choses telles qu'elles furent, telles qu’elles advinrent au fil des carrefours et des chutes. Car c’est bien ce dont il s’agit toujours : de notre vie qui s’effondre et pirouette sans qu’on y comprenne rien.

Nicolas Krastev-McKinnon, La vie sans fondement, éditions Philippe Rey

Alors comment et pourquoi vivre quand tout conspire à nous anéantir ?

Éléments de réponse en compagnie de Nicolas Krastev-McKinnon à l’occasion de la parution de son premier roman La vie sans fondement aux éditions Philippe Rey. Ne prenez que vos oreilles, c'est le temps des chouquettes. 

Présentation : Lucas Berriat

Montage et Mixage : Lucas Berriat

Photo : © DR

Musique : 

Ylang Ylang - FKJ

Aujourd’hui dans Le Temps des Chouquettes, on fête le retour du printemps et des beaux jours, en compagnie de l'écrivaine Constance Joly, à l’occasion de la parution de son nouveau roman aux éditions Flammarion : Reverdir. 

Reverdir, c’est le beau verbe-titre que cette dernière a choisi de donner à ce troisième ouvrage. Reverdir, comme à la belle saison, prendre le difficile - car aussi âpre qu’abrupte risque de vivre - c’est le pari que fait la narratrice de ce roman, alors que son mariage et sa vie de famille se délitent, en même temps que se distord la mémoire de sa mère, malade d’Alzheimer. 

On a tort de considérer le malheur comme un bloc. Il y  a des éclats d’euphorie pure à l’intérieur

Reverdir, Constance Joly, p 77

Constance Joly fait partie de ces écrivaines qui ont fleuri tardivement, comme elle aime à l'écrire, publiée à l’orée de ces cinquante ans après des années à publier les livres des autres. Un miracle énonce t-elle, que cette publication. Le miracle de se sentir pleinement et donc physiquement exister, après des années à se raboter pour convenir aux désirs des autres plutôt qu’à ses propres élans. Le miracle, de se tenir bien droit dans sa joie.

 Rencontre avec une écrivaine en quête d’épanouissement. Ne prenez que vos oreilles c’est le temps des chouquettes. 

Présentation : Lucas Berriat

Montage et Mixage : Lucas Berriat

Photo : Roberto Frankenberg © Flammarion

Musiques : 

Ashitaka and San - Joe Hisaishi

One Summer's Day - Joe Hisaishi

Chères chouquettes du monde entier, « Entre deux sœurs, l'amour est-il une impasse sans autre issue que la guerre ? ». C’est la question, provocante, posée par Élisabeth Barillé dans son dernier ouvrage Les sœurs et autres espèces du vivant, paru en août 2024 aux éditions Arléa. Un livre savoureux qui entrelace habilement le destin de trois femmes pour mieux interroger les liens conflictuels entre soeurs. 

La narratrice, une écrivaine habitant Paris, s'y lance, au hasard d’une trouvaille bibliographique, dans des recherches sur la peintre naturaliste du 18ème siècle, Madeleine Françoise Basseporte. Face à elle, Lucie, la sœur, qui annonce brusquement son départ de France et l’abandon de tout par un message laconique sur What’s App. Son point de chute ? Dubaï et ses frasques.

Une fuite inexpliquée qui lance un récit alternant entre fiction et réalité, jeu de piste à partir d’objets trouvés et galeries de personnages aussi surprenants qu’attachants. 

Étais-je désespérée au point d’exiger d’un fantôme qu’il me console d’avoir perdu ma sœur ? 

Élisabeth Barillé, Les sœurs et autres espèces du vivant, éditions Arléa, p 103

De l’amour à la guerre, de la jalousie à l’admiration, de la rancœur à la bonté, de la complicité à l’adversité, Elisabeth Barillé n’élude rien des sentiments contradictoires qui jalonnent le lien sororal. L’occasion de revenir avec elle sur ce sujet des plus intimes, mais aussi sur le métier d’écrire, autre thème majeur qui jalonnent les pages de son récit. Ne prenez que vos oreilles, c’est le temps des chouquettes. 

Présentation : Lucas Berriat

Montage et Mixage : Lucas Berriat

Réalisation : Théo Potier

Musiques : 

No moon at all, Anita O'Day

Waltz of Cecilia, Teesa

Chères chouquettes du monde entier, avez-vous déjà arboré un sourire complice ou une moue de désapprobation à la lecture d’une critique envers une œuvre qui avait vos faveurs ou vos défaveurs ? N’avez vous jamais détesté ou admiré celles et ceux qui se cachaient derrière des mots élogieux ou retors ? N’avez vous jamais rêvé de prendre la position officielle du critique, pour l’exercer au-delà d’empoignades plus ou moins avinées avec vos amis ? 

Pas de côté aujourd’hui dans le temps des chouquettes, à la découverte de la critique littéraire, qui accompagne inlassablement la littérature. 

Mais loin des caricatures d’une critique souvent perçue comme assassine, voire inutile aux yeux de certains, que désigne-t-on précisément lorsque l’on parle de critique littéraire ? Quel est son objet et sa visée ? Comment se pratique t-elle, par qui et dans quel cadre ? En quoi se distingue t-elle de la littérature ? 

Eléments de réponses en compagnie de la journaliste et critique littéraire Elisabeth Philippe, qui officie notamment au Nouvel Obs et dans l’émission de France Inter, Le Masque et la Plume.

Ne prenez que vos oreilles c’est le temps des chouquettes

En écrivant, j’essaie de restituer au plus près une impression de lecture avec des mots qui rendront justice à l'œuvre que j’ai envie de défendre. (...) Plus que de faire du beau style il s’agit de trouver la justesse. 

Elisabeth Philippe, sur la visée de la critique littéraire

Présentation : Lucas Berriat

Montage et Mixage : Lucas Berriat et Théo Potier

Réalisation : Théo Potier

Livres cités : 

Cantique de la critique, Arnaud Vivant, La Fabrique éditions, 2021

Pour Britney, Louise Chennevière, éditions P.O.L, 2024

Chères chouquettes du monde entier, de quelles étoffes sont faites vos histoires ? De quels ornements ou mensonges les drapez vous pour raconter vos existences ? Quelles merveilles et peurs composent les songes qui hantent vos nuits ? 

Histoire, avec un grand H, aujourd’hui dans Le temps des chouquettes,  mythes et légendes, c’est le programme, en compagnie de la jeune autrice Perrine Tripier qui publie à tout juste 26 ans son second roman Conque aux éditions Gallimard. 

Après Les guerres précieuses premier roman qui déroulait sur quatre saisons et autant de souvenirs la vie d’une femme et celle d’une maison de famille, Perrine Tripier poursuit et prolonge avec Conque son entreprise d’exploration de la mémoire, questionnant cette fois les liens entre le pouvoir, L’Histoire et la politique. 

Rencontre avec cette archéologue des souvenirs et des légendes au talent littéraire précoce, et ses personnages d’historiennes, d’Empereurs, et de guerriers-marins millénaires.

Quand Martabée entra chez ses parents, elle fût heurtée par la douceur

Conque, Perrine Tripier, éditions Gallimard, p 77

26 ans et déjà deux romans au compteur pour Perrine Tripier qui, de mémoire familiale, s'est toujours rêvée écrivaine. Un rêve devenu réalité plus vite qu'escompté pour celle qui officie en parallèle comme professeur de français. Deux carrières que la jeune hussarde des lettres entend bien mener de front, les mots toujours en ligne de mire. Car derrière l'image de jeune première et la carrière en apparence toute tracée, c'est bien d'écriture dont se préoccupe Perrine Tripier. Une écrivaine soucieuse du mot juste donc, fervente défenseur de la description et des orfèvreries littéraires - À rebours de Huysmans compte parmi ses références - appliquant à elle-même les recommandations données à ses élèves : faire de l'adjectif « l'épice de la littérature »

Avec elle direction le grand large, vers les embruns de la mémoire.

Présentation : Lucas Berriat

Montage et Mixage : Lucas Berriat et Théo Potier

Photo : Francesca Mantovani ©Gallimard

Chères chouquettes du monde entier, vous êtes-vous déjà senti vieillir ? Avez-vous éprouvé la pesanteur de votre corps, sa défaillance ? Avez-vous ressenti l’encombrement de cette entité à la fois familière et étrangère, capable de nous procurer les plus grandes joies et les plus grandes peines, la jouissance autant que la douleur irradiante ? 

Son corps, mon invité du jour l’a éprouvé mainte fois. À vélo d’abord de ses 20 ans à ses 29 ans - décennie tour à tour joyeuse et amère - vivotant de courses cyclistes , puis par la lecture et l’écriture. Coureur, Haralambon a chuté à plusieurs reprises, se relevant toujours, le corps déformé mais point vaincu, avant de chuter plus gravement il y a 5 ans. Cette chute, son envers et son endroit, il la raconte en cette rentrée littéraire avec la publication d’Un corps d’homme aux éditions Premier Parallèle.

Le corps n’est pas une donnée constante. Dans l’âge ou la blessure, il se transforme, il cicatrise comme il respire, il s'altère par brisures ou par usure.

Olivier Haralambon, Un corps d'homme, éditions Premier Parallèle

Haralambon est de ces auteurs discrets, pour qui les qualificatifs d’écrivain et de philosophe peuvent s’avérer pesants. Pourtant, l’ancien coureur cycliste, venu tardivement à l'écriture, compose depuis maintenant 10 ans, et la publication du Versant féroce de la joie, une œuvre singulière, propice à interroger le corps et son étrangeté, ses failles et ses joies. 

Dans Un corps d’homme, il raconte l’histoire d’une mue, de ce moment où, la cinquantaine advenue, le corps devient une nouvelle altérité. Qu’est ce que n’être pas encore vraiment vieux mais plus tout à fait jeune ?  Comment en faire un horizon désirable ? 

Il sera question de tout cela avec lui aujourd'hui, mais aussi de lecture et d’écriture.

Présentation : Lucas Berriat

Montage et Mixage : Théo Potier 

Réalisation : Théo Potier

Photo : James Startt

Dans ce 4e épisode, je reçois Louis Vendel, pour son tout premier roman, Solal ou la chute des corps, publié aux éditions du Seuil. Dans ce livre, Louis Vendel nous raconte l'histoire de son pote Solal atteint d'un trouble bipolaire de type 2. Entre récit de témoignage et roman d'aventures, Solal ou la chute des corps nous conduit à adopter un autre regard sur la bipolarité. 

Je ne sais pas pourquoi j'ai cette forme d'obsession pour la littérature du réel

Louis Vendel, Directeur de La Lettre Zola

Depuis 2019, Louis Vendel est directeur de la publication de La Lettre Zola. Il vient de publier son tout premier roman, à 29 ans, Solal ou la chute des corps, aux éditions du Seuil.