A plus d'un titre

"Les forcés de la route" Etienne Bonamy Prix Louis Nucera


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Étienne Bonamy (Prix Nucéra 2024)

" Les forcés de la route " (En Exergue Éditions)

Porté au milieu de l'été 1942 par l'Occupant allemand et les collabos français, le Circuit de France se voulait une copie du Tour de France cycliste, mis en sommeil dès 1940.

Du 28 septembre au 4 octobre 1942, les organisateurs embarquent une élite de 72 coureurs français, belges et italiens dans cette galère : 1 650 kilomètres en six étapes, un circuit conçu à la hâte et couru de Paris à Paris en une semaine, à travers une France fendue par la ligne de démarcation.
Imaginé comme un tour de force tandis que le pays vit sous le joug allemand, il tourne à la farce ; tout y est presque improvisé et l'on manque de tout. Étape après étape, le roman redonne vie aux coureurs et suiveurs, devenus malgré eux les hérauts d'un épisode méconnu du sport français, aussitôt oublié.
Mais le franchissement de la ligne de démarcation ne sera pas sans conséquences…

La chronique de Jacques Plaine

ÉTIENNE BONAMY Les Forcés de la Route Éditions en exergue Étienne Bonamy qui fut rédacteur en chef de L’Équipe a reçu ce mercredi 6 mars le prix « Les Soleils de Nucéra » sur le podium de Paris-Nice. En 1938, après la victoire de Sylvère Maes le Tour de France s’arrêtera de tourner et la France de marcher droit. Mais en 42 – soit parce qu’il est accro du vélo, soit parce qu’il a envie de faire comme si la zone libre était déjà occupée - l’Occupant décidera dans sa caboche – sa petite caboche de boche – de remettre le couvert. Il y aura donc un nouveau Tour. Un Tour qui ne sera pas LE « Tour de France » puisque le sigle est la propriété de l’Auto et que son organisation sera confiée à « La France socialiste » journal concurrent. Non cet ersatz de Tour sera contraint de s’inventer un nouveau nom : « Le Circuit de France ». Un Circuit d’une semaine. Paris-Paris en six étapes. Une micro Grande Boucle avec soixante-neuf coureurs au départ, vingt-sept à l’arrivée, des gazogènes en voitures suiveuses et une carte d’alimentation dans les musettes. Un micro Tour de 1 600 kilomètres avec ses problèmes à tous les virages. D’abord à cause du temps. Un temps – dès le premier jour - à ne pas mettre un chien dehors et encore moins un coureur cycliste. Un temps à habiller les coursiers de ponchos taillés dans des toiles cirées de tables de cuisine. Ensuite en raison de l’incompétence crasse de l’organisation : des changements d’itinéraire en veux-tu en voilà et des arrivées à la nuit tombée qui permettront aux coureurs de découvrir la ligne blanche après l’avoir passée et au vainqueur d’enfiler un maillot blanc cerclé de noir… si par miracle les organisateurs ont la chance de le retrouver dans leur valise. Mais aussi, et peut-être surtout, un Tour qui longera, traversera et jouera à cache-cache avec la ligne de démarcation. Une occasion rêvée pour les résistants du coin de faire passer entre les lignes d’autres partisans, des faux papiers et du matériel, et pour quelques kaisers du marché noir, du beurre, des œufs et des sauciflards. Et puis le Circuit de France arrivera à Paris. Le 4 octobre. Le 8 novembre les Alliés débarqueront en Afrique du Nord et le 11 l’armée allemande envahira la zone libre. Mais il faudra attendre 1947 et le 20 juillet pour voir au Parc des Princes Jean Robic enfiler un vrai maillot jaune.

Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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A plus d'un titreBy Jean-Claude DUVERGER,Anne-Marie VERGNON