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Or
Gérard Georges
Norine est handicapée de la parole et ne peut émettre que quelques sons incompréhensibles… Mais elle sait penser avec le cœur.
Chronique de Jacques Plaine
GÉRARD GEORGES Norine la vie en soi Éditions AEDIS Né à Montbrison Gérard Georges qui dans une autre vie fut professeur de lettres puis principal de collège est aujourd’hui journaliste de radio et romancier. Non, tous les villages de France ne sont pas Clochemerle, mais tous ont une mairie et une église. Avec des maires parfois plus proches de leur secrétaire qu’il ne convient et des curés dont les bonnes ont passé l’âge de faire jaser. À Saint-Basile-des-Monts – en plein cœur du Massif Central et au siècle dernier – c’est ainsi que s’alignent les planètes… et que la vie va devant soi. Certes le maire Ernest Caboche est très proche de sa secrétaire. Certes lui, veuf et sa chère Marinette, divorcée leurs ébats bien que crapuleux n’en conservent pas moins une légitimité relative et de bon aloi. Certes le curé - le curé Fargette - vient d’être expédié à l’autre bout du département par l’évêque au motif qu’il confessait un peu trop fréquemment cette Marie-couche-toilà de Simone, la mère d’une certaine Sucette que certains disent la bien nommée. Certes aussi cette mise à l’écart pour excès de zèle a fait les affaires du père Gautier exmissionnaire aux Afriques qui - ici comme là-bas dans la brousse et avant de célébrer la Sainte Eucharistie - se tape deux ou trois œufs sur le plat arrosés d’un Bourbon de derrière les bambous. Certes enfin le commandant de la brigade de gendarmerie fume comme un pompier, le sénateur Albert Remy est un vrai faux-cul et le Bébert aux pantalons trop courts un authentique patère, mais l’âme de Saint-Basile-des-Monts c’est Norine. Norine, toujours là en première ligne que ce soit dans les rues, à la messe, devant l’école à l’heure des récréations ou sur le garde-fou rouillé du bief de l’écluse. Norine une fille qui n’aurait jamais dû venir au monde si à leur âge – un âge que beaucoup consacrent à la lecture, au tricot ou à la pétanque - ses parents avaient eu la bonne idée de maîtriser leur libido. Une fille qui n’aurait jamais dû voir le jour « tout le monde autour de moi aurait aimé que je sois morte. » Une fille intelligente mais incapable de prononcer le moindre mot vu qu’à sa naissance les forceps lui avaient fait la tête comme une calebasse. Norine la plus bizarre des filles étranges. Norine la plus mutique des cabossés de la vie.
Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Gérard Georges
Norine est handicapée de la parole et ne peut émettre que quelques sons incompréhensibles… Mais elle sait penser avec le cœur.
Chronique de Jacques Plaine
GÉRARD GEORGES Norine la vie en soi Éditions AEDIS Né à Montbrison Gérard Georges qui dans une autre vie fut professeur de lettres puis principal de collège est aujourd’hui journaliste de radio et romancier. Non, tous les villages de France ne sont pas Clochemerle, mais tous ont une mairie et une église. Avec des maires parfois plus proches de leur secrétaire qu’il ne convient et des curés dont les bonnes ont passé l’âge de faire jaser. À Saint-Basile-des-Monts – en plein cœur du Massif Central et au siècle dernier – c’est ainsi que s’alignent les planètes… et que la vie va devant soi. Certes le maire Ernest Caboche est très proche de sa secrétaire. Certes lui, veuf et sa chère Marinette, divorcée leurs ébats bien que crapuleux n’en conservent pas moins une légitimité relative et de bon aloi. Certes le curé - le curé Fargette - vient d’être expédié à l’autre bout du département par l’évêque au motif qu’il confessait un peu trop fréquemment cette Marie-couche-toilà de Simone, la mère d’une certaine Sucette que certains disent la bien nommée. Certes aussi cette mise à l’écart pour excès de zèle a fait les affaires du père Gautier exmissionnaire aux Afriques qui - ici comme là-bas dans la brousse et avant de célébrer la Sainte Eucharistie - se tape deux ou trois œufs sur le plat arrosés d’un Bourbon de derrière les bambous. Certes enfin le commandant de la brigade de gendarmerie fume comme un pompier, le sénateur Albert Remy est un vrai faux-cul et le Bébert aux pantalons trop courts un authentique patère, mais l’âme de Saint-Basile-des-Monts c’est Norine. Norine, toujours là en première ligne que ce soit dans les rues, à la messe, devant l’école à l’heure des récréations ou sur le garde-fou rouillé du bief de l’écluse. Norine une fille qui n’aurait jamais dû venir au monde si à leur âge – un âge que beaucoup consacrent à la lecture, au tricot ou à la pétanque - ses parents avaient eu la bonne idée de maîtriser leur libido. Une fille qui n’aurait jamais dû voir le jour « tout le monde autour de moi aurait aimé que je sois morte. » Une fille intelligente mais incapable de prononcer le moindre mot vu qu’à sa naissance les forceps lui avaient fait la tête comme une calebasse. Norine la plus bizarre des filles étranges. Norine la plus mutique des cabossés de la vie.
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