L'activité physique influence la santé mentale, c'est bien connu, mais à quel point et comment? C'est la question qu'on aborde avec une spécialiste en la matière, Isabelle Doré, Ph.D. et professeure à l'École de kinésiologie et des sciences de l'activité physique de l'Université de Montréal.
Daniel : Est-ce que la pratique d'activité physique améliore notre santé mentale?
Isabelle : Absolument! Il y a de plus en plus d'études qui démontrent que l'activité physique est en fait un véhicule et un promoteur d'une bonne santé mentale et qu'elle représente un excellent outil de réduction des symptômes anxieux et dépressifs.
Daniel : Est-ce qu'il y a une dose minimale d'activité physique à pratiquer par semaine et quels sont ses effets sur la santé mentale?
Isabelle : Il n'existe pas de guides ou de recommandations spécifiques en matière de quantité d'activité physique à atteindre pour obtenir des bienfaits en santé mentale. Je vous dirais que si je réussi à mettre le doigt sur un chiffre précis dans ma carrière, je serais plus que choyée!
Actuellement, nous utilisons comme références les guides et les recommandations canadiennes qui existent sur la santé physique, soient la complétion de 150 minutes d'activité physique modérée à vigoureuse, par semaine
Ces 150 minutes ont démontré des résultats positifs sur la diminution des risques de dépression. Ceci étant dit, il y a une multitude de composantes qui ont un impact différentiel sur la santé mentale et sur lesquelles on doit tenir compte.
Daniel : Pourquoi l'activité physique nous permet-elle de diminuer nos risques de développer des problèmes en santé mentale? Quels sont les mécanismes?
Isabelle : Il y a trois principaux mécanismes qui entrent en jeu sur l'impact de l'activité physique sur la santé mentale :
Mécanismes biologiques : l'activité physique a des bienfaits sur la santé mentale et ce, de 2 façons. La première façon serait la sécrétion de sérotonine et d'endorphine : hormones connues pour leurs effets analgésiques et antidépresseurs. La deuxième façon serait la régulation des hormones. En effet, pendant la pratique d'activité physique, notre chaleur corporelle augmente, favorisant ainsi la circulation sanguine non seulement dans notre coeur, mais également dans notre cerveau. Une meilleure circulation sanguine au cerveau permet une meilleure régularisation du cortisol, qui se trouve à être l'hormone du stress. Donc, la pratique d'activité physique permet une meilleure régulation du stress.
Mécanismes psychologiques : l'activité physique a des bénéfices sur la santé mentale à court terme grâce à son pouvoir de distraction. En effet, beaucoup de gens se tournent vers l'activité physique lorsqu'ils passent une mauvaise journée ou vivent un épisode de stress. Le simple fait d'aller marcher, courir ou tout simplement bouger, interromprait les pensées négatives en centrant notre attention sur ce que nous sommes en train de faire au moment présent, et non sur nos tracas. Ça représente une excellente solution à court terme. Un autre élément, non négligeable, serait l'estime de soi que l'on obtient lorsqu'on se fixe et qu'on réalise nos objectifs d'activité physique.
Mécanismes sociaux : ce mécanisme englobe la pratique d'activité physique dans un contexte sociale, qui se trouve à être ma spécialité. La pratique d'activité physique se fait souvent en milieu social et le simple fait d'avoir des interactions avec d'autres personnes aurait un impact direct sur notre réseau social, notre soutient social et notre sentiment d'appartenance. Plus les gens ont un grand sentiment d'appartenance à un groupe, plus ils ont d'interactions sociales et plus ils ont du soutient social quand ils en ont besoin. Rassurez-vous, nul besoin d'être dans une équipe sportive; une simple marche entre collègues sur l'heure du dîner ou encore participer à un cours de groupe fait amplement l'affaire.
Daniel : Est-ce qu'une personne qui est plus de type solitaire