Nous sommes le 1er janvier 1972. Date symbolique et happy day pour un réalisateur américain du nom de Stanley Kubrick. Son film intrigue, interroge, choque. Il a déjà fait beaucoup parler de lui en Amérique du Nord, sous le titre "A Clockwork Orange'. En français, ça donne "Orange Mécanique". Bande annonce !
Bande annonce purement musicale. Défilé d'images, mais aucun dialogue... D'ailleurs, de quoi ça parle ? Le film s’appuie sur le roman d’Anthony Burgess (1962) et transpose dans l’Angleterre future du psychédélique et du punk naissant une satire sociale féroce, mais aussi une interrogation sur la manipulation politique et psychologique.
Chez nous, Orange Mécanique suscite une onde de choc et à la fois la fascination et l’indignation, notamment pour sa représentation crue de la violence, de la sexualité et ses questionnements sur la liberté et la répression des États... Traduction : c'est peu osé et c'est surtout très dérangeant... On pourrait même dire bizarre...
À sa sortie, la presse et le public européens sont divisés, vous l'aurez compris : d’un côté, acclamé pour sa force visuelle, sa musique électronique signée Wendy Carlos, son audace narrative et la performance de Malcolm McDowell. De l’autre, décrié pour l’effet supposé « incitatif » à la violence et le malaise provoqué par ses scènes-choc. Partout en Europe, et particulièrement dans notre petite Belgique, le film cristallise la polémique. Il faudra quelques années pour digérer tout ça et pour que le long métrage soit perçu comme un film culte emblématique de la contre-culture des années 1970.
Quand je vous disais bizarre, ce n'était pas un adjectif choisi au hasard en ce happy day cinéma polémique du 1er janvier 1972. Orange Mécanique devient rapidement une référence du cinéma « moderne » européen. Les codes vestimentaires et le Nadsat (l'argot imaginaire du film) sont repris, alors que Stanley Kubrick, lui, restera un cinéaste énigmatique, reclus dans son château du Hertfordshire....