La scène de 5.2-6 est déconcertante. Est-il possible qu’après les étreintes des versets précédents, l’épouse méprise son mari ? Non ! J’y vois plutôt un de ces malentendus courants chez de jeunes époux qui doivent apprendre à décrypter leurs codes mutuels, à s’ajuster l’un à l’autre : en effet, une femme qui n’ouvre pas à son jeune époux venu la voir, tout en lui disant : « Je suis déshabillée et lavée », ne joue-t-elle pas à « attrape-moi si tu peux ! » ? Surtout que les verrous rudimentaires de l’époque ne devaient pas être trop difficiles à ouvrir sans clé : il est mis au défi ! Son départ indique-t-il qu’il n’a pas compris le jeu et s’est vexé, ou a-t-il voulu le poursuivre en se cachant à son tour ? En tout cas, le jeu s’est mal terminé, puisque l’épouse en ressort blessée (5.7). Cependant, la suite du récit montre qu’elle est toujours « malade d’amour » (5.8), ce dont témoigne son portrait élogieux du mari en 5.10-16 qui forme le centre littéraire du passage ! C’est une véritable « parole valorisante » ! Les 3 premiers versets du chapitre 6, qui correspondent littérairement à 5.2-6, vont dans le même sens : l’époux se trouve bien dans « son jardin », c’est-à-dire près de sa femme. Selon Gary Chapman, chacun a des moyens différents de montrer son amour à son conjoint ou à son prochain : un cadeau, une parole valorisante, un service, un moment de qualité, le toucher ? Pareillement, il sera sensible ou non à ces divers modes d’expression pour recevoir un geste d’amour. À prendre en compte dans nos relations… amoureuses ou fraternelles ! . (...)