La protagoniste féminine du Cantique, qui est présente tout au long du récit, n’est finalement nommée qu’en 7.1 : Sulamite. Que signifie ce nom ? Parmi les diverses explications avancées, je retiendrais celle qui y voit le pendant féminin de Salomon (voir introduction). En hébreu, c’est la même racine que Shalom (« paix »), mot qui décrit un état de plénitude où rien ne manque, un sentiment de complétude que deux conjoints reçoivent l’un de l’autre. C’est ainsi qu’il la voit : elle est sa « colombe », son « unique » (6.9) ; face à elle, les « reines », les « concubines » et les « jeunes filles » du harem de Salomon n’ont aucune chance (6.8). Et puis, il y a cette danse fascinante (7.1-10) où toutes les parties de son corps sont détaillées de bas en haut ! Pas étonnant qu’il soit « prisonnier de ses boucles » (7.6) ! Le côté fascinant de Sulamite la rend « terrible » (6.4, 10, TOB, NEG), car elle peut être prise pour une « déesse » : n’est-elle pas comparée à la lune et au soleil, qui ne sont que des créatures (Gn 1.14-19), contre l’adoration desquelles le Seigneur avait averti son peuple (Dt 4.19) ? Et son ventre, comparé à un « tas de blé », son « palais », source de « vin excellent » (7.3, 10)… n’est-ce pas une mise en garde discrète contre le culte de Baal pour obtenir vin, blé et huile (Os 2.7 ; 7.14) ? Pourtant, Dieu avait promis ces bénédictions à son peuple (Dt 7.13 et 11.14-15) ? Cette question fait penser à l’exclamation d’Adam découvrant avec émerveillement la femme que Dieu lui avait accordée (Gn 2.23). (...)