Daniel est tout entier à la prière de confession des péchés et d’intercession pour la restauration de Jérusalem et de son Temple, lorsqu’il reçoit une nouvelle vision dont l’acteur principal est l’ange Gabriel. Ce dernier s’approche du « bien aimé de Dieu » (23, BS) pour lui communiquer un important message divin émis dès le début de sa prière. En effet, au-delà du retour de l’exil, de la reconstruction de Jérusalem et de la restauration du culte dans le Temple, Gabriel annonce l’événement lointain et capital de la libération définitive de l’esclavage du péché (24), l’instauration de la nouvelle alliance qui accompagne la venue du Messie (27). L’ange Gabriel annonce donc à Daniel que le Seigneur a préparé un avenir à son peuple et à Jérusalem (24a) qui dépasse largement le retour de l’exil ! Cet avenir messianique sera ponctué par des événements aux conséquences lumineuses majeures. Les trois premiers sont formulés négativement : « mettre un terme à la révolte contre Dieu, en finir avec le péché et expier les fautes » (24b, VS). (...)

Daniel, témoin de ces bouleversements géopolitiques, s’interroge. Une intervention imminente du Seigneur de l’alliance est-elle d’actualité ? Que fait-il ? Il consulte les Écritures et découvre, grâce au prophète Jérémie, que la durée de l’exil est de 70 ans (2) ! La fin de la captivité est proche, car les promesses de Dieu sont sûres ! Daniel comprend qu’il est impératif de se préparer pour ce grand rendez-vous. Daniel devient intercesseur. S’identifiant au peuple et à ses responsables, il s’adresse au Seigneur de l’alliance. (...)

La vision n’évoque l’Empire médo-perse que pour souligner que les Perses seront le membre fort de l’alliance qui les lie aux Mèdes (3) et que, redoutable puissance du moment, il s’étendra à « l’ouest, au nord et au sud » (4). Il sera irrésistible jusqu’à l’avènement du bouc, l’Empire grec (21). L’unique corne du bouc représente sans doute Alexandre le Grand (21) dont l’ascension éclair et la conquête fulgurante des Médo-Perses furent telles que le bélier ne devait pas se relever, abandonné de tous (5-7) ! Mais la chute imprévisible du prince grec fut aussi rapide que radicale (8b). Encore une fois nous constatons que les puissances de ce monde aussi redoutables, agressives et menaçantes soient-elles n’ont aucun avenir durable. L’empire conquis par Alexandre sera partagé entre ses quatre généraux. (...)

Daniel a eu sans doute l’occasion de prier ce beau psaume de David et d’y trouver réconfort et encouragements, alors qu’il était éprouvé par ces visions dramatiques, dont il était témoin et acteur. Il n’a sans doute eu aucune peine à rejoindre l’expérience du poète qui évoque tour à tour les méchants, les fidèles et Dieu. Dans un monde et dans la cité où la puissance du mal est à l’œuvre, les êtres humains s’imaginent volontiers que la fin justifie les moyens. Ils vivent comme s’il n’y avait « ni Dieu ni loi » et pensent que l’arrogance et l’arbitraire sont des valeurs durables. Ils renversent leurs adversaires démunis (4), ils conspirent contre les grands (5a), mentent sans vergogne (5b), pratiquent la duplicité (5c) et oppriment et pillent pour s’enrichir (11) ! Mais dans les faits les méchants ne pèsent pas lourd sur la balance du Seigneur… « ils sont plus légers que le souffle » (10). (...)

C’est la nature terrifiante et dévastatrice de la quatrième bête qui interroge Daniel (19-22). Il est angoissé, saisi d’effroi (15) et devient blême (28). Il veut être sûr d’avoir bien compris (16, 19) le message qu’il a vu et entendu. Il est terrorisé par cet empire qui « dévore, déchiquette et piétine ce qui reste de ses victimes » (19). (...)

Jusqu’à présent ce sont les puissants de ce monde qui ont eu des rêves que Daniel, en tant que porte-parole de Dieu, a interprétés. Désormais c’est Daniel qui aura des rêves meublés de visions. Ils ne sont pas le fruit de son imagination ni l’expression de son subconscient, mais bien des révélations divines qui lui sont communiquées et qu’il mettra par écrit (1). Daniel, acteur de la vision, est perplexe, angoissé et troublé par ce qu’il voit (15). (...)

Il y a des similitudes entre ce chapitre 6 et le chapitre 3, mais ici Daniel est plus âgé que ne l’étaient ses trois compagnons ; il occupe une position prospère d’autorité (4) alors qu’eux sont de simples jeunes du pays ; eux ont été punis pour ne pas avoir adoré la statue de l’empereur, alors que Daniel est au contraire puni pour avoir adoré son Dieu (au lieu de prier l’empereur). • « … parce qu’il était fidèle » (5b) : Daniel a une confiance totale en Dieu. Irréprochable, il agace et rend jaloux les autres ministres (5-9). Quelle est la réaction de notre entourage vis-à-vis de notre foi ? • « Trois fois par jour, il se mettait à genoux, priait et exprimait sa reconnaissance à son Dieu, tout comme il le faisait avant » (11b) : Daniel ne change pas ses habitudes de prière, il ne se laisse pas intimider. (...)

Le récit de ce chap. 5 saute du règne de Nebucadnetsar à la fin de l’empire babylonien (en 539 av. J.-C.) : la nuit où le dernier roi est tué et la ville tombe entre les mains des Mèdes et des Perses (30). Belshatsar est sans doute le fils de Nabonide, lui-même fils de Nebucadnetsar, donc le petit-fils de celui-ci. (...)

Un an après son rêve (26) et son explication par Daniel (17-22), le roi Nebucadnetsar semble ignorer l’avertissement qui lui avait été donné (23-24). Car il n’hésite pas à tirer orgueil de la puissance et de la beauté de sa capitale, Babylone, ville exceptionnelle, « … celle que j’ai moi-même construite par la puissance de ma force et pour la gloire de ma majesté » (27). Oubliée aussi, sa belle prière de l’année précédente : « Son règne est un règne éternel et sa domination dure de génération en génération » (3.33). C’est là, au comble de son orgueil, qu’il est terrassé, puni, en un instant, par le Dieu tout-puissant qu’il a ignoré : Nebucadnetsar devient donc comme un animal, mangeant de l’herbe comme les bœufs (30) ; cette maladie est connue dans les temps anciens sous le nom de lycanthropie : la personne se prend pour un animal, a les comportements d’un animal. D’après des spécialistes de la médecine, elle peut être le résultat d’une profonde dépression, non acceptée, suite à des sentiments de culpabilité importants. (...)

C’est la deuxième fois que le roi babylonien Nebucadnetsar (ou Nabucodonosor) a un rêve. La première fois (chap. 2), il ne pouvait ni le raconter, ni a fortiori l’interpréter. Cette fois-ci, il peut le décrire (7-14), mais il n’est toujours pas capable de l’interpréter. (...)