Le « en même temps » d’Emmanuel Macron est décidément la plus belle trouvaille sémantique pour cacher la ruse et l’habileté, tout en ayant l’air d’un enfant de chœur. Le président de la République vient de passer un week-end dans le Calvados qu’il prétendait privé mais en même temps il s’est exposé partout à Honfleur, Deauville, Trouville, Le Havre. Le 1er novembre, jour de la Toussaint pour les catholiques dont il est, et pour tant de Français l’occasion d’aller fleurir leurs morts dans les cimetières, il a en même temps envoyé de Honfleur le tweet suivant : « Pour la fête nationale algérienne, j’adresse me vœux les plus sincères au peuple algérien… ». Célébrer le lancement de la guerre de libération du 1er novembre 1954 contre les Français d’Algérie, il fallait le faire. En même temps, le même avait déjà déclaré d’Alger en 2017 : « La colonisation…c’est un crime contre l’humanité. » Probablement cela s’inscrit-il dans la volonté de ne pas stigmatiser, terme chrétien s’il en est, les musulmans français et de France, « de ne pas tomber dans le piège de l’amalgame entre communautarisme et islam ». Et en même temps, il affirme haut et fort qu’il veut « lutter de toutes ses forces contre le communautarisme », après la terrible séquence que nous venons de vivre : annonce bâclée et irresponsable par Macron d’une réflexion - inflexion électoraliste sur l’immigration ; tuerie de la Préfecture de police par un islamiste ; attaque d’une mosquée à Bayonne par un extrémiste frontiste qui aime Eric Zemmour l’égaré ; polémique autour du hidjab. Mais, en même temps qu’ il se refuse à parler de « racisme anti-blanc » ce qui serait selon lui « mortifère », mot bien peu innocent alors que l’islamisme fait des centaines de morts en France et il n’hésite pas à évoquer « le mâle blanc » raciste, le locataire de l’Elysée passe de la bienveillance, notion jésuite, à la « vigilance » à l’égard des signes extérieurs d’islamisation, et évoque « l’hydre islamiste ». C'est-à-dire la reconnaissance d’un mal que l’on ne parvient pas à éradiquer et qui doit bien avoir quand même un rapport avec l’islam, comme l’Inquisition en a eu avec le catholicisme. Il désavoue son ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer qui n’apprécie pas le hidjab dans les établissements scolaires et en même temps il a conservé auprès de lui son pote, le comique douteux Yassine Belatar, au Conseil des Villes, jusqu’à ce que celui-ci en démissionne tant il est choqué par l’islamophobie ambiante. Alors même que Belatar est très proche du CCIF, le Collectif contre l’islamophobie en France, bras associatif victimaire de l’islamisation. Vous avez le tournis ? Du mal à me suivre ? Je n’y suis pour rien, je vous l’assure. Comme vous, je suis noyée sous le déluge verbal toujours contradictoire du grand conférencier qui est à la tête de l’Etat.
Mais en même temps, si j’essaye de garder la tête froide, j’observe que…Placé devant l’archipélisation, l’islamisation et la réislamisation des Français et de la France si rigoureusement et implacablement décrites par Jérome Fourquet, Emmanuel Macron se contente de déclaratif et ne fait rien. La réforme de l’islam de France annoncée n’a pas eu et n’aura pas lieu; la lutte contre tous les suppôts de l’islamisme n’est pas engagée profondément ; les lois complètes prises notamment sous Chirac, ne sont pas appliquées ; le financement malin de l’islam par le Qatar, l’Arabie saoudite et bien sûr la Turquie n’est aucunement stoppé ; le communautarisme, déjà bien ancré, est en vérité accepté. Macron n’est pas responsable de l’état des lieux, fruit de décennies de cécité, de la gauche en particulier, définitivement aveugle. Mais en même temps, il est responsable, par son silence de cathédrale, de se dérober complètement devant la plus lourde, la plus complexe tache de son quinquennat. On meut d’ envie de lui dire : « Alors, mec, tu te bouges ! ». Et puis les bras vous en tombent puisque d’après Macron « il n’y pas de culture française » et que tout ça, ce n’est pas son affaire.