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Or
Dans un rapport remis avec la députée Ensemble pour La République Amélia Lakrafi, Aurélien Taché, député LFI du Val-d’Oise, membre de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, formule une quarantaine de propositions pour refonder la francophonie. Entre ambition éducative, créolisation et défense du français dans les institutions européennes, il assume une vision très politique de la Francophonie. Aurélien Taché est l’invité de l’Atelier Politique. Il répond aux questions de Frédéric Rivière.
Aurélien Taché vient de remettre, avec la députée Ensemble pour la République, Amélia Lakrafi, un rapport sur l’avenir de la francophonie. Une mission d’un an et demi, plus de deux cents auditions, quatre déplacements au Québec, au Maroc, au Congo et au Sénégal. « On avait deux approches assez différentes (…) mais 80 ou 90 % des propositions, on les porte en commun véritablement », précise-t-il.
Aurélien Taché insiste sur la nécessité d’une francophonie affranchie de son héritage colonial : « La langue française aujourd’hui appartient à ceux qui la parlent, elle doit être le support d’un nouvel internationalisme plus que l’héritage de l’impérialisme ». Pour lui il faut admettre que « le français n’appartient plus aux seuls Français. (…) L’avenir de la langue française n’a plus à être décidé uniquement à Paris. Il doit être décidé par tous ceux qui parlent cette langue ».
Il cite ainsi Thomas Sankara, qui déclarait devant François Mitterrand : « Cette langue a été celle de l’impérialisme, mais c’est aussi celle dans laquelle moi et mes camarades avons analysé de manière dialectique l’impérialisme et organisé la lutte contre l’oppresseur ». Pour Aurélien Taché, cette double histoire oblige : « Il faut regarder ce passé en face et le dépasser, pour faire de la francophonie un espace qui refuse toute forme de colonialisme et d’impérialisme, et qui affirme des valeurs de paix, de solidarité et de coopération scientifique et culturelle ».
La bataille du français en Europe
Le rapport appelle à une stratégie offensive pour que le français reste langue de travail dans l’Union européenne. « Aujourd’hui, même sur le site de la Commission européenne, certains documents ne sont disponibles qu’en anglais. C’est absolument anormal. (…) Le français est une des langues officielles de l’Union européenne, donc on devrait trouver des documents en français ». Et d’ajouter : « Même quand ils sont invités pour des réunions de travail à Paris, parfois nous-mêmes nous envoyons nos documents en anglais. (…) Ne vous y trompez pas, les Anglo-Saxons savent très bien pourquoi ils se battent pour avoir cette domination de l’anglais. (…) Ce dont on parle n’est pas simplement folklorique, c’est profondément politique ».
« Se battre aujourd’hui pour que le français soit parlé à Bruxelles est un acte politique qu’on doit continuer à promouvoir. (…) Il faut qu’on ait une initiative forte avant qu’il ne soit trop tard pour réaffirmer que non, nous n’accepterons pas que le français disparaisse des institutions européennes ».
Une francophonie vivante et créolisée
Pour Aurélien Taché, « les espaces francophones doivent désormais être le support privilégié de la créolisation d’Édouard Glissant ». Il illustre : « Le français aujourd’hui, quand il est parlé à Dakar, s’hybride avec le wolof, quand il est parlé dans les différents pays du Maghreb ou au Liban, s’hybride avec l’arabe (…) Cette créolisation, elle permet cela, comme elle permet au-delà de la langue d’avoir des gens qui, en mélangeant leurs cultures, apportent finalement au pot commun, à l’universel ».
Mais, prévient-il, la démographie ne suffira pas : « Si nous voulons atteindre un scénario qui serait plutôt haut, qui serait de 500 à 700 millions de locuteurs francophones d’ici à 2050, il faut qu’on centre une grande partie des programmes sur le renforcement des systèmes éducatifs. (…) Sinon, si on compte sur la démographie, les choses ne se passeront pas comme ça ».
Dans un rapport remis avec la députée Ensemble pour La République Amélia Lakrafi, Aurélien Taché, député LFI du Val-d’Oise, membre de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, formule une quarantaine de propositions pour refonder la francophonie. Entre ambition éducative, créolisation et défense du français dans les institutions européennes, il assume une vision très politique de la Francophonie. Aurélien Taché est l’invité de l’Atelier Politique. Il répond aux questions de Frédéric Rivière.
Aurélien Taché vient de remettre, avec la députée Ensemble pour la République, Amélia Lakrafi, un rapport sur l’avenir de la francophonie. Une mission d’un an et demi, plus de deux cents auditions, quatre déplacements au Québec, au Maroc, au Congo et au Sénégal. « On avait deux approches assez différentes (…) mais 80 ou 90 % des propositions, on les porte en commun véritablement », précise-t-il.
Aurélien Taché insiste sur la nécessité d’une francophonie affranchie de son héritage colonial : « La langue française aujourd’hui appartient à ceux qui la parlent, elle doit être le support d’un nouvel internationalisme plus que l’héritage de l’impérialisme ». Pour lui il faut admettre que « le français n’appartient plus aux seuls Français. (…) L’avenir de la langue française n’a plus à être décidé uniquement à Paris. Il doit être décidé par tous ceux qui parlent cette langue ».
Il cite ainsi Thomas Sankara, qui déclarait devant François Mitterrand : « Cette langue a été celle de l’impérialisme, mais c’est aussi celle dans laquelle moi et mes camarades avons analysé de manière dialectique l’impérialisme et organisé la lutte contre l’oppresseur ». Pour Aurélien Taché, cette double histoire oblige : « Il faut regarder ce passé en face et le dépasser, pour faire de la francophonie un espace qui refuse toute forme de colonialisme et d’impérialisme, et qui affirme des valeurs de paix, de solidarité et de coopération scientifique et culturelle ».
La bataille du français en Europe
Le rapport appelle à une stratégie offensive pour que le français reste langue de travail dans l’Union européenne. « Aujourd’hui, même sur le site de la Commission européenne, certains documents ne sont disponibles qu’en anglais. C’est absolument anormal. (…) Le français est une des langues officielles de l’Union européenne, donc on devrait trouver des documents en français ». Et d’ajouter : « Même quand ils sont invités pour des réunions de travail à Paris, parfois nous-mêmes nous envoyons nos documents en anglais. (…) Ne vous y trompez pas, les Anglo-Saxons savent très bien pourquoi ils se battent pour avoir cette domination de l’anglais. (…) Ce dont on parle n’est pas simplement folklorique, c’est profondément politique ».
« Se battre aujourd’hui pour que le français soit parlé à Bruxelles est un acte politique qu’on doit continuer à promouvoir. (…) Il faut qu’on ait une initiative forte avant qu’il ne soit trop tard pour réaffirmer que non, nous n’accepterons pas que le français disparaisse des institutions européennes ».
Une francophonie vivante et créolisée
Pour Aurélien Taché, « les espaces francophones doivent désormais être le support privilégié de la créolisation d’Édouard Glissant ». Il illustre : « Le français aujourd’hui, quand il est parlé à Dakar, s’hybride avec le wolof, quand il est parlé dans les différents pays du Maghreb ou au Liban, s’hybride avec l’arabe (…) Cette créolisation, elle permet cela, comme elle permet au-delà de la langue d’avoir des gens qui, en mélangeant leurs cultures, apportent finalement au pot commun, à l’universel ».
Mais, prévient-il, la démographie ne suffira pas : « Si nous voulons atteindre un scénario qui serait plutôt haut, qui serait de 500 à 700 millions de locuteurs francophones d’ici à 2050, il faut qu’on centre une grande partie des programmes sur le renforcement des systèmes éducatifs. (…) Sinon, si on compte sur la démographie, les choses ne se passeront pas comme ça ».