Vice-présidente du Rassemblement national et députée de Gironde, Edwige Diaz réagit aux orientations budgétaires dévoilées par François Bayrou. Invitée de l’Atelier Politique, elle dénonce une stratégie de la peur, s’oppose à la suppression de jours fériés, et défend une ligne de rupture sur l’immigration, la dette et le financement du système social. Elle répond aux questions de Frédéric Rivière.
« La stratégie de la peur ne prend plus »
Le Premier ministre François Bayrou a comparé la situation des finances publiques françaises à celle de la Grèce en 2015. Une analogie jugée « inopportune » par Edwige Diaz :
« Monsieur Bayrou essaye d’utiliser une stratégie à laquelle les macronistes nous ont habitués depuis des années. C’est la stratégie de la peur : on dit aux Français qu’il n’y a pas d’alternative, qu’ils devront se sacrifier. Mais ça ne prend plus. »
En déplacement dans les Landes, la députée assure entendre la colère de la population : « Les Français nous disent : ça suffit. Ce gouvernement, depuis huit ans, n’a fait que taxer et baisser le pouvoir d’achat. On n’a jamais eu autant de pauvres dans notre pays. Et maintenant ils s’en prennent à ceux qui travaillent, qui ont travaillé ou qui voudraient travailler. »
Un diagnostic contesté
À la question de savoir si la France est réellement « à la dernière station avant la falaise », comme l’a affirmé François Bayrou, Edwige Diaz répond prudemment :
« Peut-être que la situation est pire que ce qu’ils annoncent, car chaque année les prévisions de croissance et de déficit sont mensongères. Mais on ne redresse pas une tendance en utilisant les mêmes recettes. Sans changement de paradigme, il n’y aura pas d’évolution. On ne peut pas changer de politique avec les mêmes politiques. »
Pour elle, le RN incarne une véritable rupture : « Nous avons un autre logiciel, d’autres méthodes à proposer aux Français. Nous les soumettrons à l’occasion des prochaines élections et j’espère qu’ils nous feront massivement confiance. »
Supprimer le 8 mai ? « Un profond scandale »
Parmi les mesures avancées pour économiser 44 milliards d’euros en 2026, figure la suppression de deux jours fériés, notamment le lundi de Pâques et le 8 mai. Une proposition qui suscite l’indignation de la députée RN :
« C’est très symbolique de s’en prendre à ces deux dates. Le lundi de Pentecôte contribue à invisibiliser la culture chrétienne de notre pays. Quant au 8 mai, c’est un profond scandale, un crachat à la figure de ceux qui se sont battus pour la France. C’est un jour de reconnaissance envers les 60 millions de morts. »
Pour elle, l’argument financier est fallacieux : « Les 4 milliards d’euros estimés pourraient être trouvés ailleurs, par exemple en diminuant notre contribution au budget européen. Aujourd’hui, nous donnons 24 milliards à l’Union européenne qui nous en rend 14. On perd 10 milliards, et le gouvernement veut encore alourdir cette contribution. Il suffit de négocier. La France est suffisamment puissante pour le faire. »
Travail et compétitivité : « Macron n’a pas tenu ses promesses »
François Bayrou a affirmé vouloir « réconcilier les Français avec l’épanouissement au travail ». Edwige Diaz reconnaît l’enjeu, mais accuse le gouvernement d’avoir créé un climat anxiogène :
« Seize entreprises ferment chaque jour en Nouvelle-Aquitaine. La désindustrialisation est une conséquence directe des politiques menées. Le mal-être au travail explose. »
Elle rappelle la proposition de Marine Le Pen d’augmenter de 10% les salaires jusqu’à trois fois le SMIC en échange d’une exonération de charges : « Une mesure gagnant-gagnant pour salariés et entreprises. »
Immigration et finances sociales : « L’éléphant au milieu du magasin de porcelaine »
Sur le financement de la protection sociale, la députée RN remet en cause la politique migratoire :
« Avec 500 000 entrées par an, l’immigration telle qu’elle est aujourd’hui coûte au contribuable. L’aide médicale d’État, l’aide alimentaire, le logement social, l’hébergement d’urgence pèsent sur les comptes sociaux. Les étrangers travaillent moins et cotisent donc moins. Nous voulons les réserver aux familles dont au moins un parent est Français. Il n’appartient pas au contribuable français de financer la natalité mondiale. »
Vers une motion de censure et une dissolution ?
Si le projet de loi de finances 2026 est présenté tel quel, le RN voterait-il une motion de censure ?
« Nous sommes des députés libres. Si le gouvernement s’entête et refuse nos demandes – baisse du train de vie de l’État, réduction du coût de l’immigration, arrêt des subventions aux énergies renouvelables, baisse de la contribution européenne – alors oui, nous renverserons ce gouvernement. Mais la motion de censure n’est pas un instrument que nous prenons à la légère. »
En cas de dissolution, Edwige Diaz souhaite qu’elle intervienne rapidement : « Oui, nous la réclamons depuis presque un an. Le pays est paralysé, l’Assemblée a perdu son temps. La dissolution est un chemin pour retrouver un cap. Avec Jordan Bardella, nous sommes prêts. »
Marine Le Pen, « une personnalité remarquable »
Condamnée en première instance dans l’affaire des assistants parlementaires, Marine Le Pen pourrait être empêchée de se représenter en cas de dissolution. Edwige Diaz insiste sur son rôle :
« Marine Le Pen est une cheffe de groupe remarquable, humaine, dotée d’un sens politique que je ne connais à personne d’autre. Elle a dit que, même empêchée, son absence ne conditionnerait pas ses décisions politiques, car ce qui prime pour elle, c’est l’intérêt des Français. »
Jordan Bardella pourrait-il la remplacer ? « Nous sommes tous unis derrière Marine Le Pen. Si la justice continuait de s’acharner, notre programme serait porté par un candidat patriote. Le RN est le premier parti de France, avec plus de 130 000 adhérents. »
Gaza, droit d’asile et menace islamiste
La Cour nationale du droit d’asile a accordé aux Gazaouis le droit de demander refuge en France. Une décision jugée « idéologique » par la députée :
« Attribuer l’asile simplement par la nationalité n’est pas raisonnable. Ça crée un appel d’air. On a déjà vu avec les Afghans. La maison France est saturée. Pourquoi les pays du Golfe, qui soutiennent le Hamas, ne les accueillent-ils pas ? »
Enfin, à la veille du 14 juillet, Emmanuel Macron a affirmé : « Pour être libre, il faut être craint. Pour être craint, il faut être puissant. » Edwige Diaz réplique :
« Dans sa bouche, ça gêne. Qui craint encore Emmanuel Macron ? Qui pense encore que la France est une grande puissance ? La principale menace, c’est l’idéologie islamiste. On peut la combattre en coupant les financements aux associations, en luttant contre le prosélytisme. Le burkini, par exemple, est un symbole d’asservissement de la femme, une rupture d’égalité. »