À la Une en Asie

Australie: profilage ethnique lors des contrôles et des fouilles abusives par la police


Listen Later

On part aujourd’hui en Australie, où la radio télévision publique ABC s’est procuré des statistiques policières. Celles-ci révèlent que lors de ses contrôles et des fouilles auxquels ses officiers procèdent, un profilage ethnique est réalisé. Les statistiques qui sont révélées sont particulièrement éloquentes.

Avec notre correspondant à Sydney, Grégory Plesse

Les données compilées par ABC révèlent qu’entre 2020 et 2023, les Aborigènes, à raison de leur nombre dans la population générale de l’État de Nouvelle-Galles du Sud, sont 5,6 plus susceptibles d’être contrôlés que la population « caucasienne », autrement dit les Blancs. C’est quatre fois plus pour les personnes issues de la communauté africaine, et près de trois fois plus pour ceux originaires du Moyen-Orient et du Pacifique.

Alors par ailleurs, ces données sur l’appartenance ethnique, elles sont problématiques, car elles sont notées par les policiers eux-mêmes, selon leur propre idée des origines de la personne qu’ils ont en face d’eux. 

Cette disproportion des contrôles et des fouilles effectuées par la police est constatée dans à peu près tous les États australiens. Dans le Victoria, les Aborigènes sont 11 fois plus susceptibles d’être fouillés, et les Africains, huit fois plus.  Pourtant, les autorités policières de ces deux États assurent que le profilage ethnique est prohibé, et que si des policiers s’y adonnaient, ils seraient sévèrement punis, voire même licenciés le cas échéant.

À lire aussiAustralie: des milliers de personnes manifestent pour soutenir la réforme sur le droit des Aborigènes

Les Aborigènes, le peuple le plus incarcéré du monde

Cette forme de harcèlement policier a bien sûr des conséquences, en particulier pour la communauté aborigène, comme le rappellent de nombreux militants : les Aborigènes sont le peuple le plus incarcéré du monde. Près d’un tiers des personnes en prison en Australie sont aborigènes, alors que ces derniers ne représentent que 3,5 % de la population.

D’autres études plus anciennes avaient déjà montré : pour un même délit, les aborigènes, qui ont donc déjà un risque bien plus élevé d’être contrôlés, sont condamnés presque systématiquement à des peines plus lourdes que les personnes d’origine caucasienne. Une donnée qui s’ajoute au fait qu’ils soient pénalisés par le fait de vivre sous le seuil de pauvreté, pour beaucoup : ils n’ont donc pas les moyens de bénéficier d’une liberté sous caution, en général.

Alors comment faire pour endiguer ce phénomène ? La représentante du service d’aide juridictionnelle aux Aborigènes plaide pour la mise en place d’un médiateur indépendant chargé d’examiner les affaires policières. Car elle estime que la police elle-même ne peut pas régler le problème du racisme dans ses rangs.

...more
View all episodesView all episodes
Download on the App Store

À la Une en AsieBy RFI