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By Stéphane Manet
The podcast currently has 41 episodes available.
Les trois fondateurs du cercle APE: Apprendre ensemble
Avec Sarah El-Haïry, députée de Loire-Atlantique
L’ESS se partage entre deux approches : on a les gens qui se regroupent pour défendre une utilité publique, et on ceux qui se regroupent pour défendre leur intérêt sous une forme démocratique.
On retrouve donc d’un côté les fondations, associations, fonds de dotation, et de l’autre côté, les mutuelles et les coopératives.
Et justement les coopératives sont souvent présentées comme une alternative tangible pour le maintien dans l’activité d’une entreprise – en faillite par exemple.
Et ça explique en partie sans doute pourquoi le nombre de “coopérateurs” (salariés-associés) a doublé en dix ans.
Cette approche démocratique est très variable dans les entreprises notamment des grands groupes financiers relevant de l’ESS où c’est le management qui reprend clairement la main sur la gouvernance, dans une logique légitime d’accumulation de puissance, et où la démocratie se réduit à des votes sur des powerpoint en assemblée générale.
De manière plus insidieuse, moins évidente, et pourtant plus fréquente encore, la démocratie est vue comme un garde-fou, mais l’alternance est empêchée par tous les moyens. Listes uniques, cooptation, les salariés-associés veulent garder la main sur leur outil de production. Là encore, c’est parfaitement légitime. La réussite économique conditionne non seulement l’emploi et la rémunération mais aussi la préservation du capital des membres associés.
Mais dans tous les cas, on se retrouve face au dilemme de l’enjeu de pouvoir. Jusqu’où doit-on garantir la démocratie face au maintien de la production ? Et comment la démocratie impacte les conditions de travail ?
Il n’existe pas tellement d’études quantitatives spécifiquement sur les coopératives, on a vérifié, mais des études qualitatives qui ont montré que les associés, plus impliqués, n’ont pas moins de tension au travail que les secteurs classiques, bien au contraire.
Pour répondre à toutes ces questions et davantage encore nous avons accueilli la députée de Loire-Atlantique Sarah El Hairy, co-présidente de la commission ESS à l’Assemblée nationale. Elle a également été déléguée régionale de la fondation UP.
Sarah El-Haïry, députée de Loire-Atlantique et co-présidente de la commission ESS à l’Assemblée nationale
Avec Étienne Klein, philosophe des sciences.
Que sont les idées, comment les atteindre ? La légende raconte d’Archimède raconte que lorsqu’il eut trouvé sa célèbre poussé, lorsqu’il était dans son bain, il s’en extirpa pour courir nu dans les rues d’Athènes en en criant “Eurêka eurêka” qui en grec veut dire “j’ai trouvé !”. J’attends encore le scoop snapchat d’un startup courant nu dans son espace de coworking, slalomant autour des business angels aux Rolex claquantes, hagards, hurlant des acronymes anglophones improbables dans leur jargon hypster bien à eux.
La créativité, toujours, tout le temps, mais est-ce vraiment cela avoir une idée ? Albert Einstein aurait-il pu lancer sa start-up ?
Si l’on sait que les inégalités tendent à se réduire en matière d’inégalités femmes / hommes en situation de travail, on sait aussi qu’il existe encore de nombreux chantiers sur lesquels des progrès restent à faire.
Par exemple, l’OCDE ne dénombre que 7% de femmes cheffes d’entreprises, et moins de 1 cadre dirigeant sur 3 est une femme, que soit dans le privé ou dans le public.Ainsi, malgré les progrès encore fébriles qui tendent vers plus d’égalité, la place des femmes dans le management a tendance à aller à rebours.
Alors mettons concrètement les pieds dans le plat: le management reste-t-il donc réellement une affaire d’hommes ? Existe-t-il des solutions concrètes pour amener plus d’égalité dans les postes à responsabilités ? Quelle marge de progression reste-t-il à accomplir ? Existe-t-il un management au féminin ? Quelle est la place des femmes dans le management ?
Gladys Lutz, docteure en psychologie du travail et présidente de l’association Additra
La consommation des psychotropes est peut-être une réalité que l’on essaye de fuir, un moyen de s’échapper de son travail ? Comme le fait dire Philip K. Dick par l’un de ses personnages dans Substance Mort “Il y a des fois où je voudrais devenir fou. Mais je ne sais plus comment on s’y prend. C’est un art qui s’est perdu. Il existe peut-être un manuel là-dessus.”
Ou encore est-ce un moyen d’accéder au niveau de production de son travail, de réaliser sa tâche ? Le Redbull des chauffeurs Uber, le vin des dîners d’affaires, le café de presque tout le monde en fait. Sommes-nous de plus en plus artificialisés ? Sommes nous de plus en plus le résultat de notre propre effort face à la nature ? Où le dopage serait la variable d’ajustement de la production de l’humain-machine, bref que disent les addictions de notre rapport au travail ?
Gladys Lutz a notamment co-écrit à six mains “Se doper pour travailler”, chez Eres, sous la direction de Renaud Crespin Sociologue de sciences Po et Dominique Lhuillier chercheure au CNAM.
Avec Capucine Bremond, maître de conférence
On entend souvent parler d’autodidactes, et on ne sait jamais vraiment quoi faire de cette information.
Si l’on peut s’accorder à dire que l’autodidaxie se fait hors des circuits scolaires classiques, non, l’autodidacte n’apprend pas seul. Ses maîtres, ses guides, ses sourciers, pour citer le sociologue Claude F. Poliak, car il y en a toujours des maîtres des guides et des sourciers, ne sont simplement pas des enseignants scolaire habilités.
En fait, l’autodidacte est celui dont les connaissances ne sont garanties par aucun diplôme, aucune étiquette sur le front pour rassurer ses interlocuteurs. Par extension, il va devoir les défendre seul. Genre “tu as fais quoi comme étude pour savoir faire ça ?” la question typique. Et donc pour y répondre, est-ce que l’on va prendre le risque d’admettre que l’on a appris seul au risque de délégitimiser sa production ? Poursuivi par son manque de légitimité, on entend dans le ton de cet autodidacte un ton de revanche, sur la vie, l’univers ou peut-être le reste.
Ça le caractérise parfois.
On en fait même des gimmicks, comme je me suis fait tout seul. Raccourci absurde. Se faire différemment chacun peut l’entendre, mais si même Mooglie a eu recours à des loups pour parfaire son éducation, souffrons que l’humain soit un animal social.
Mais bon c’est vrai que dans le regard qu’on porte sur tout ça, et ça c’est Philippe Carré qui le met en avant, on est un peu resté bloqué sur le mythe de Robinson Crusoë jusqu’à tard, jusqu’aux années 1980.
C’est-à-dire l’idée que l’autodidacte serait “culturellement” à poil dans sa jungle d’informations. Il apprend strictement seul, sans idée, sans culture, sans rien.Une sorte d’enfant loup, qui n’aurait pas déjà un terreau initial qui lui permette d’apprendre lui-même ce qui convient pour sa survie.
Et ce n’est pas tout à fait vrai.
En fait, l’autodidacte choisit ses propres sources mais il n’est jamais tout à fait seul dans ses stratégies d’apprentissage et il ne part pas de zéro non plus. En fait, dans nos représentations, on continue souvent de croire que l’apprentissage consiste à remplir des petites boîtes dans la tête. Mais, nous sommes dans une époque où la notion de savoir est très relative, où les sources se multiplient, et l’éducation, au sens autoritaire, canal d’information unique s’amenuise.
C’est aussi une époque de post-vérité où la vérité s’accepte plus en fonction de l’identité et l’émotion qu’elle procure que la qualité de ses sources.
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