La Communauté des Invisibles

CDI Gros, vilains, pas beaux


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Aujourd’hui, exit la mignonnerie : nous allons traiter d’êtres barbares et sauvages.


Mon nom est Joffrey Lebourg, journaliste, podcasteur (j’ai également enregistré une série sur les mythologies du monde, Le Cercle des Dieux Disparus) et romancier aux seize ouvrages, répartis entre quatre sagas. Je vous invite à découvrir mes univers sur les sites www.les-sept-reliques.fr (pour les amateurs de quête épique à la recherche d’un renouveau du genre) ou www.chroniquesdunouveaumonde.fr (si votre fibre vous entraîne vers une odyssée culturelle autour de la Terre, à la rencontre de ses peuples oubliés).


En premier lieu, parlons trolls. Frustres, laids, de très grande taille, aussi puissants que malodorants ? Dans leur mythe premier, ce sont des créatures poilues incarnant les forces de la nature, parfois grandes et parfois naines. Depuis que l’Homme empiète sur leurs territoires, ils dorment sous les ponts et paraissent parfois pour demander un droit de péage.

De haute taille, nous avons aussi les géants. En Scandinavie, il en existe trois types : les Géants de Feu et les Géants de Givre, logeant dans des mondes distincts. Et les jötnar, les géants des montagnes, capables de se métamorphoser en n’importe quoi, de la mouche au dragon, qui vivent à la fois à Jotunheim et sur la terre des hommes. Comme le troll, avec lequel il était confondu dans les vieilles sagas, le géant se décline maintenant en d’autres races.


Arrive l’ogre. Il n’est pas vert, comme Shrek ; ni rouge, comme ceux de mes Chroniques des Sang-Mêlé. Issu des traditions populaires, il est une occidentalisation du jötunn : grand, souvent sorcier, toujours mauvais, il se caractérise par son appétit de viande humaine. Le géant de Jack & le Haricot magique n’est pas différent de l’Ogre du Petit Poucet ou du Chat Botté.

De la même racine, Orcus (dieu infernal des mythes romains tardifs), nous avons l’orc. Bien que le mot soit cité en langue saxonne dans le poème Beowulf, il n’existe pas en tant que créature avant le Hobbit – où Tolkien l’emploie comme un synonyme de gobelins ; la distinction viendra plus tard, avec Donjons et Dragons. Mais nous reparlerons de cela dans un futur épisode !


Au Japon, l’ogre a un alter ego aujourd’hui bien connu, la coqueluche des carnavals autant que des mangas d’action : l’oni. Sa peau arbore une grande diversité de couleurs vives, il a tendance à s’habiller avec des peaux plus ou moins lavées et il présente un nombre variable de cornes, tandis que ses énormes dents ne rentrent pas dans sa bouche. Il se reconnaît surtout à la massue de fer qu’il transporte. En vérité, en japonais, la plupart des démons sont rangés sous le terme « oni », pour peu qu’ils mangent des gens. Parce qu’ils peuvent être sociaux, certains servent même les dieux, j’en dépeins un royaume dans l’Odyssée de Salamandre.


Terminons par un autre mythe ancestral, grec cette fois : le cyclope, colosse laid et rustre avec un seul gros globe oculaire sur le front. Toujours bon pied, bon œil, il en existe d’abord un trio forgeant inlassablement la foudre de Zeus, puis cela devient une race entière – des enfants de Poséidon, plus bergers qu’artisans. Sans doute pour la blague, la fantasy actuelle lui accorde un cousin à trois yeux : le triclope ! Et d’autres créatures similaires existent du Pays basque à l’Iran.

À noter que, comme le griffon et le yéti, il est fort probable que le cyclope a été inventé d’après des ossements. En l’occurrence ceux des éléphants : crâne énorme et large trou au milieu du front, correspondant à la fosse nasale…


Intro : All the works of Nature which adorn the World – Vista, Nightwish

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La Communauté des InvisiblesBy Joffrey LEBOURG