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L'épisode 1, intitulé "Physiologie d'Épicure", explore les fondements philosophiques et existentiels d'Épicure en examinant le lien entre son corps, son époque et sa pensée.
1. Introduction : "Deviens ce que tu es"
Michel Onfray commence par la maxime de Pindare, reprise par Nietzsche : "Deviens ce que tu es", qui pose un paradoxe entre l'être (statique) et le devenir (dynamique). Pour les Grecs, l'être n'est pas séparé du cosmos, contrairement à la vision moderne influencée par Descartes et Montaigne, qui conçoivent l'individu comme distinct du monde. Pour un Grec, être signifie se conformer aux lois naturelles et cosmiques.
2. Déterminisme et liberté
Onfray explore le déterminisme grec, où tout est régi par les lois du cosmos, rendant la liberté illusoire. Toutefois, Épicure réintroduit une forme de liberté à travers le concept du clinamen (déviation aléatoire des atomes), permettant d'échapper à un déterminisme absolu. Cette liberté se manifeste dans le consentement à ce que le monde nous impose.
3. Physiologie et philosophie
Épicure propose une physiologie de la philosophie : le corps est le siège de la pensée. Pour lui, la philosophie est ancrée dans le vécu corporel, et c'est à travers ce prisme qu'il élabore sa réflexion. Michel Onfray met en lumière la faiblesse physique d'Épicure (souffrant de calculs rénaux), qui influence sa pensée hédoniste : la recherche du plaisir passe par l'absence de douleur (ataraxie pour l'âme et aponie pour le corps).
4. Épicure et le refus du dualisme
Épicure rejette le dualisme platonicien (corps/âme) et adopte un matérialisme atomiste hérité de Démocrite. L'âme et le corps sont constitués d'atomes. La mort, pour Épicure, n'est qu'une dissolution des atomes et ne doit pas être crainte ("la mort n’est rien pour nous").
5. Contexte politique et social
Épicure est un exilé, fils de pauvres, et en marge des écoles philosophiques aristocratiques d'Athènes. Son approche égalitaire se manifeste dans son école, le Jardin, ouverte aux femmes, esclaves et étrangers. Son rejet de la politique active et sa préférence pour la vie retirée s'expliquent par le contexte troublé de la Grèce post-alexandrine, marquée par la guerre et la misère.
6. Philosophie comme thérapie
Épicure conçoit la philosophie comme une médecine de l'âme, visant à libérer l'homme des peurs (notamment de la mort et des dieux) et des douleurs. Il élabore le "quadruple remède" pour atteindre le bonheur :
* Les dieux ne sont pas à craindre.
* La mort n’est rien.
* Le bonheur est accessible.
* La douleur est supportable ou de courte durée.
7. Réception et postérité
Onfray aborde la manière dont Épicure a été mal interprété à travers l’histoire, souvent caricaturé comme un penseur prônant la débauche. Il souligne aussi l'intérêt que Marx a porté à Épicure dans sa thèse doctorale sur la différence entre les philosophies de la nature de Démocrite et Épicure.
💡Conclusion :
En résumé, Michel Onfray présente Épicure comme un penseur matérialiste, centré sur la libération de l’homme par la connaissance de soi et du monde, avec une philosophie profondément ancrée dans la réalité corporelle et historique. La souffrance personnelle et le contexte sociopolitique ont nourri sa pensée hédoniste et thérapeutique, visant à atteindre la sérénité à travers l'acceptation lucide de notre condition.
📚 Philosophes et concepts mentionnés :
* Pythagore (env. 570 av. J.-C. – env. 495 av. J.-C.) – Philosophe et mathématicien, dont les doctrines sur la réincarnation et la métempsychose ont influencé Platon.
* Leucippe (5e siècle av. J.-C.) – Philosophe pré-socratique, co-fondateur de la théorie atomiste avec Démocrite.
* Démocrite (env. 460 av. J.-C. – env. 370 av. J.-C.) – Philosophe pré-socratique, pionnier de l’atomisme et maître à penser d’Épicure.
* Socrate (env. 470 av. J.-C. – 399 av. J.-C.) – Philosophe grec, considéré comme le père de la philosophie occidentale, connu pour sa méthode dialectique et son adage « connais-toi toi-même ».
* Platon (env. 427 av. J.-C. – env. 347 av. J.-C.) – Philosophe grec, disciple de Socrate, fondateur de l’Académie, et promoteur du dualisme entre le monde sensible et le monde des idées.
* Diogène de Sinope (env. 412 av. J.-C. – 323 av. J.-C.) – Philosophe cynique, connu pour son mode de vie ascétique et sa critique radicale des conventions sociales.
* Épicure (341 av. J.-C. – 270 av. J.-C.) – Fondateur de l’épicurisme, prônant l’ataraxie (absence de troubles) et la recherche des plaisirs modérés.
* Timon de Phlionte (env. 320 av. J.-C. – env. 235 av. J.-C.) – Philosophe sceptique, critique des autres écoles philosophiques, et auteur des Silles.
* Stoïcisme (fondé vers 300 av. J.-C.) – Courant philosophique fondé par Zénon de Cition, prônant la maîtrise de soi et l’acceptation du destin.
* Lucrèce (env. 99 av. J.-C. – env. 55 av. J.-C.) – Poète et philosophe romain, auteur du De Natura Rerum, qui expose et développe l’épicurisme.
* Pindare (env. 518 av. J.-C. – env. 438 av. J.-C.) – Poète lyrique grec, célèbre pour sa maxime « Deviens ce que tu es », souvent réinterprétée en philosophie.
* Montaigne (1533 – 1592) – Philosophe et moraliste français, auteur des Essais, influencé par l’épicurisme et le scepticisme.
* Descartes (1596 – 1650) – Philosophe et mathématicien français, fondateur du rationalisme moderne, célèbre pour son cogito « Je pense, donc je suis ».
* Spinoza (1632 – 1677) – Philosophe rationaliste néerlandais, promoteur du monisme et d’un panthéisme naturaliste.
* Nietzsche (1844 – 1900) – Philosophe allemand, critique de la morale traditionnelle et des métaphysiques platoniciennes, célèbre pour son appropriation de la maxime « Deviens ce que tu es ».
* Sartre (1905 – 1980) – Philosophe existentialiste français, auteur de L’Être et le Néant, théoricien de la liberté et de la mauvaise foi.
* Pierre Hadot (1922 – 2010) – Philosophe et historien de la philosophie, spécialiste de la philosophie antique et des exercices spirituels.
* Michel Foucault (1926 – 1984) – Philosophe et historien français, auteur des Mots et les choses, s'intéressant aux techniques de soi et aux formes de subjectivation.
Crédits : Michel Onfray et la Contre-histoire de la philosophie
L'épisode 1, intitulé "Physiologie d'Épicure", explore les fondements philosophiques et existentiels d'Épicure en examinant le lien entre son corps, son époque et sa pensée.
1. Introduction : "Deviens ce que tu es"
Michel Onfray commence par la maxime de Pindare, reprise par Nietzsche : "Deviens ce que tu es", qui pose un paradoxe entre l'être (statique) et le devenir (dynamique). Pour les Grecs, l'être n'est pas séparé du cosmos, contrairement à la vision moderne influencée par Descartes et Montaigne, qui conçoivent l'individu comme distinct du monde. Pour un Grec, être signifie se conformer aux lois naturelles et cosmiques.
2. Déterminisme et liberté
Onfray explore le déterminisme grec, où tout est régi par les lois du cosmos, rendant la liberté illusoire. Toutefois, Épicure réintroduit une forme de liberté à travers le concept du clinamen (déviation aléatoire des atomes), permettant d'échapper à un déterminisme absolu. Cette liberté se manifeste dans le consentement à ce que le monde nous impose.
3. Physiologie et philosophie
Épicure propose une physiologie de la philosophie : le corps est le siège de la pensée. Pour lui, la philosophie est ancrée dans le vécu corporel, et c'est à travers ce prisme qu'il élabore sa réflexion. Michel Onfray met en lumière la faiblesse physique d'Épicure (souffrant de calculs rénaux), qui influence sa pensée hédoniste : la recherche du plaisir passe par l'absence de douleur (ataraxie pour l'âme et aponie pour le corps).
4. Épicure et le refus du dualisme
Épicure rejette le dualisme platonicien (corps/âme) et adopte un matérialisme atomiste hérité de Démocrite. L'âme et le corps sont constitués d'atomes. La mort, pour Épicure, n'est qu'une dissolution des atomes et ne doit pas être crainte ("la mort n’est rien pour nous").
5. Contexte politique et social
Épicure est un exilé, fils de pauvres, et en marge des écoles philosophiques aristocratiques d'Athènes. Son approche égalitaire se manifeste dans son école, le Jardin, ouverte aux femmes, esclaves et étrangers. Son rejet de la politique active et sa préférence pour la vie retirée s'expliquent par le contexte troublé de la Grèce post-alexandrine, marquée par la guerre et la misère.
6. Philosophie comme thérapie
Épicure conçoit la philosophie comme une médecine de l'âme, visant à libérer l'homme des peurs (notamment de la mort et des dieux) et des douleurs. Il élabore le "quadruple remède" pour atteindre le bonheur :
* Les dieux ne sont pas à craindre.
* La mort n’est rien.
* Le bonheur est accessible.
* La douleur est supportable ou de courte durée.
7. Réception et postérité
Onfray aborde la manière dont Épicure a été mal interprété à travers l’histoire, souvent caricaturé comme un penseur prônant la débauche. Il souligne aussi l'intérêt que Marx a porté à Épicure dans sa thèse doctorale sur la différence entre les philosophies de la nature de Démocrite et Épicure.
💡Conclusion :
En résumé, Michel Onfray présente Épicure comme un penseur matérialiste, centré sur la libération de l’homme par la connaissance de soi et du monde, avec une philosophie profondément ancrée dans la réalité corporelle et historique. La souffrance personnelle et le contexte sociopolitique ont nourri sa pensée hédoniste et thérapeutique, visant à atteindre la sérénité à travers l'acceptation lucide de notre condition.
📚 Philosophes et concepts mentionnés :
* Pythagore (env. 570 av. J.-C. – env. 495 av. J.-C.) – Philosophe et mathématicien, dont les doctrines sur la réincarnation et la métempsychose ont influencé Platon.
* Leucippe (5e siècle av. J.-C.) – Philosophe pré-socratique, co-fondateur de la théorie atomiste avec Démocrite.
* Démocrite (env. 460 av. J.-C. – env. 370 av. J.-C.) – Philosophe pré-socratique, pionnier de l’atomisme et maître à penser d’Épicure.
* Socrate (env. 470 av. J.-C. – 399 av. J.-C.) – Philosophe grec, considéré comme le père de la philosophie occidentale, connu pour sa méthode dialectique et son adage « connais-toi toi-même ».
* Platon (env. 427 av. J.-C. – env. 347 av. J.-C.) – Philosophe grec, disciple de Socrate, fondateur de l’Académie, et promoteur du dualisme entre le monde sensible et le monde des idées.
* Diogène de Sinope (env. 412 av. J.-C. – 323 av. J.-C.) – Philosophe cynique, connu pour son mode de vie ascétique et sa critique radicale des conventions sociales.
* Épicure (341 av. J.-C. – 270 av. J.-C.) – Fondateur de l’épicurisme, prônant l’ataraxie (absence de troubles) et la recherche des plaisirs modérés.
* Timon de Phlionte (env. 320 av. J.-C. – env. 235 av. J.-C.) – Philosophe sceptique, critique des autres écoles philosophiques, et auteur des Silles.
* Stoïcisme (fondé vers 300 av. J.-C.) – Courant philosophique fondé par Zénon de Cition, prônant la maîtrise de soi et l’acceptation du destin.
* Lucrèce (env. 99 av. J.-C. – env. 55 av. J.-C.) – Poète et philosophe romain, auteur du De Natura Rerum, qui expose et développe l’épicurisme.
* Pindare (env. 518 av. J.-C. – env. 438 av. J.-C.) – Poète lyrique grec, célèbre pour sa maxime « Deviens ce que tu es », souvent réinterprétée en philosophie.
* Montaigne (1533 – 1592) – Philosophe et moraliste français, auteur des Essais, influencé par l’épicurisme et le scepticisme.
* Descartes (1596 – 1650) – Philosophe et mathématicien français, fondateur du rationalisme moderne, célèbre pour son cogito « Je pense, donc je suis ».
* Spinoza (1632 – 1677) – Philosophe rationaliste néerlandais, promoteur du monisme et d’un panthéisme naturaliste.
* Nietzsche (1844 – 1900) – Philosophe allemand, critique de la morale traditionnelle et des métaphysiques platoniciennes, célèbre pour son appropriation de la maxime « Deviens ce que tu es ».
* Sartre (1905 – 1980) – Philosophe existentialiste français, auteur de L’Être et le Néant, théoricien de la liberté et de la mauvaise foi.
* Pierre Hadot (1922 – 2010) – Philosophe et historien de la philosophie, spécialiste de la philosophie antique et des exercices spirituels.
* Michel Foucault (1926 – 1984) – Philosophe et historien français, auteur des Mots et les choses, s'intéressant aux techniques de soi et aux formes de subjectivation.
Crédits : Michel Onfray et la Contre-histoire de la philosophie