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1. Jésus, personnage conceptuel et point de départ
Michel Onfray poursuit sa réflexion entamée lors de la séance précédente (L’invention de Jésus), en s'appuyant sur l'idée que Jésus est un personnage conceptuel, comparable à l'Ulysse d'Homère ou au Zarathoustra de Nietzsche. Ce Jésus, plutôt qu’un personnage historique, devient le pivot d'une construction idéologique qui culmine avec Paul de Tarse et Constantin.
2. Paul de Tarse : l’hystérique fondateur
Onfray dresse un portrait clinique et psychologique de Paul de Tarse, qu’il décrit comme un personnage hystérique, selon les critères psychiatriques. Paul, ancien persécuteur des chrétiens, vit une conversion radicale sur le chemin de Damas, qu’Onfray analyse comme une crise hystérique (chute, cécité temporaire, hallucinations auditives). Cette expérience transforme Paul en principal architecte du christianisme naissant.
Onfray souligne la haine du corps et de la chair chez Paul, qu'il attribue à une possible impuissance sexuelle, expliquant ainsi son rejet viscéral du plaisir et sa promotion d’un christianisme anti-hédoniste. Paul développe une doctrine fondée sur la pulsion de mort : détestation du monde, des femmes (haine misogyne héritée de la Genèse), de la liberté et de l’intelligence. Son rejet de la culture grecque et sa glorification de l’obéissance deviennent des piliers du christianisme paulinien.
3. Constantin : l’opportunisme politique et la conversion de l’Empire
Le rôle de Constantin est central dans l’institutionnalisation du christianisme. Empereur pragmatique, il voit dans la secte chrétienne un outil pour unifier un empire fragmenté. Sa conversion n’est pas le fruit d’une foi sincère mais d’un opportunisme politique, renforcé par des signes qu’il interprète comme divins (vision d’un chrisme céleste avant la bataille du pont Milvius en 312).
Constantin accorde des privilèges aux chrétiens : exemptions d'impôts, donations de terres et d'édifices religieux (ex : le palais du Latran). Le Concile de Nicée (325) institutionnalise le christianisme comme religion d'État, légitimant l'autorité impériale et ecclésiastique.
4. La naissance d’un Empire chrétien et l’héritage paulinien
Avec Constantin, le christianisme devient une religion d’État, fondée sur les principes anti-hédonistes et autoritaires de Paul. L’empire chrétien adopte la pulsion de mort paulinienne : destruction des temples païens, persécution des hérésies, contrôle des mœurs (interdiction du divorce, condamnation de la prostitution, répression des libertés individuelles).
La haine du plaisir et du corps devient loi, et l’Église s’enrichit grâce aux exemptions fiscales et à la possibilité pour les religieux d’hériter. Le pouvoir spirituel et temporel se mêle, consolidant l’autorité de l’Église sur la société.
5. L’invention du christianisme : entre pulsion de mort et domination
Michel Onfray conclut que le christianisme tel qu'il est devenu n'est pas le fruit du message originel de Jésus, mais une construction idéologique portée par l’hystérie de Paul et l'opportunisme politique de Constantin. Le christianisme impérial est bâti sur la détestation du corps, du plaisir et de la liberté, favorisant l’obéissance aveugle et la soumission.
Le triomphe du christianisme institutionnel marque aussi celui de la pulsion de mort : destruction des cultures antiques, autodafés, répression des pensées divergentes. Cette idéologie anti-hédoniste s’ancre profondément dans la civilisation occidentale, orientant des siècles de pouvoir religieux et politique.
💡 Conclusion
L’invention du christianisme, selon Michel Onfray, est l’histoire d’une secte devenue Empire. Ce christianisme, loin du message initial attribué à Jésus, est un édifice idéologique bâti sur les névroses de Paul de Tarse et les ambitions impérialistes de Constantin. Le résultat est une religion d'État fondée sur la détestation du corps et du plaisir, l'obsession de l'ordre et la soumission au pouvoir.
📚 Philosophes mentionnés
* Pythagore (env. 570 av. J.-C. – env. 495 av. J.-C.) — Philosophe et mathématicien grec, initiateur de doctrines mystiques.
* Socrate (env. 470 av. J.-C. – 399 av. J.-C.) — Philosophe grec, figure fondatrice de la philosophie occidentale.
* Épicure (341 av. J.-C. – 270 av. J.-C.) — Philosophe grec, fondateur de l’épicurisme.
* Sénèque (env. 4 av. J.-C. – 65) — Philosophe stoïcien romain, influent à l’époque de Paul.
* Paul de Tarse (5 – 67) — Apôtre du christianisme, considéré comme l’un des fondateurs du christianisme.
* Constantin Ier (272 – 337) — Empereur romain, converti au christianisme et instigateur du concile de Nicée.
* Diogène Laërce (IIIe siècle) — Historien grec, auteur de Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres.
* Friedrich Nietzsche (1844 – 1900) — Philosophe allemand, auteur de L’Antéchrist et critique virulent du christianisme.
* Sigmund Freud (1856 – 1939) — Fondateur de la psychanalyse, théoricien des névroses et des pulsions.
* Gilles Deleuze (1925 – 1995) — Philosophe français, créateur du concept de "personnage conceptuel".
Crédits : Michel Onfray et la Contre-histoire de la philosophie
1. Jésus, personnage conceptuel et point de départ
Michel Onfray poursuit sa réflexion entamée lors de la séance précédente (L’invention de Jésus), en s'appuyant sur l'idée que Jésus est un personnage conceptuel, comparable à l'Ulysse d'Homère ou au Zarathoustra de Nietzsche. Ce Jésus, plutôt qu’un personnage historique, devient le pivot d'une construction idéologique qui culmine avec Paul de Tarse et Constantin.
2. Paul de Tarse : l’hystérique fondateur
Onfray dresse un portrait clinique et psychologique de Paul de Tarse, qu’il décrit comme un personnage hystérique, selon les critères psychiatriques. Paul, ancien persécuteur des chrétiens, vit une conversion radicale sur le chemin de Damas, qu’Onfray analyse comme une crise hystérique (chute, cécité temporaire, hallucinations auditives). Cette expérience transforme Paul en principal architecte du christianisme naissant.
Onfray souligne la haine du corps et de la chair chez Paul, qu'il attribue à une possible impuissance sexuelle, expliquant ainsi son rejet viscéral du plaisir et sa promotion d’un christianisme anti-hédoniste. Paul développe une doctrine fondée sur la pulsion de mort : détestation du monde, des femmes (haine misogyne héritée de la Genèse), de la liberté et de l’intelligence. Son rejet de la culture grecque et sa glorification de l’obéissance deviennent des piliers du christianisme paulinien.
3. Constantin : l’opportunisme politique et la conversion de l’Empire
Le rôle de Constantin est central dans l’institutionnalisation du christianisme. Empereur pragmatique, il voit dans la secte chrétienne un outil pour unifier un empire fragmenté. Sa conversion n’est pas le fruit d’une foi sincère mais d’un opportunisme politique, renforcé par des signes qu’il interprète comme divins (vision d’un chrisme céleste avant la bataille du pont Milvius en 312).
Constantin accorde des privilèges aux chrétiens : exemptions d'impôts, donations de terres et d'édifices religieux (ex : le palais du Latran). Le Concile de Nicée (325) institutionnalise le christianisme comme religion d'État, légitimant l'autorité impériale et ecclésiastique.
4. La naissance d’un Empire chrétien et l’héritage paulinien
Avec Constantin, le christianisme devient une religion d’État, fondée sur les principes anti-hédonistes et autoritaires de Paul. L’empire chrétien adopte la pulsion de mort paulinienne : destruction des temples païens, persécution des hérésies, contrôle des mœurs (interdiction du divorce, condamnation de la prostitution, répression des libertés individuelles).
La haine du plaisir et du corps devient loi, et l’Église s’enrichit grâce aux exemptions fiscales et à la possibilité pour les religieux d’hériter. Le pouvoir spirituel et temporel se mêle, consolidant l’autorité de l’Église sur la société.
5. L’invention du christianisme : entre pulsion de mort et domination
Michel Onfray conclut que le christianisme tel qu'il est devenu n'est pas le fruit du message originel de Jésus, mais une construction idéologique portée par l’hystérie de Paul et l'opportunisme politique de Constantin. Le christianisme impérial est bâti sur la détestation du corps, du plaisir et de la liberté, favorisant l’obéissance aveugle et la soumission.
Le triomphe du christianisme institutionnel marque aussi celui de la pulsion de mort : destruction des cultures antiques, autodafés, répression des pensées divergentes. Cette idéologie anti-hédoniste s’ancre profondément dans la civilisation occidentale, orientant des siècles de pouvoir religieux et politique.
💡 Conclusion
L’invention du christianisme, selon Michel Onfray, est l’histoire d’une secte devenue Empire. Ce christianisme, loin du message initial attribué à Jésus, est un édifice idéologique bâti sur les névroses de Paul de Tarse et les ambitions impérialistes de Constantin. Le résultat est une religion d'État fondée sur la détestation du corps et du plaisir, l'obsession de l'ordre et la soumission au pouvoir.
📚 Philosophes mentionnés
* Pythagore (env. 570 av. J.-C. – env. 495 av. J.-C.) — Philosophe et mathématicien grec, initiateur de doctrines mystiques.
* Socrate (env. 470 av. J.-C. – 399 av. J.-C.) — Philosophe grec, figure fondatrice de la philosophie occidentale.
* Épicure (341 av. J.-C. – 270 av. J.-C.) — Philosophe grec, fondateur de l’épicurisme.
* Sénèque (env. 4 av. J.-C. – 65) — Philosophe stoïcien romain, influent à l’époque de Paul.
* Paul de Tarse (5 – 67) — Apôtre du christianisme, considéré comme l’un des fondateurs du christianisme.
* Constantin Ier (272 – 337) — Empereur romain, converti au christianisme et instigateur du concile de Nicée.
* Diogène Laërce (IIIe siècle) — Historien grec, auteur de Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres.
* Friedrich Nietzsche (1844 – 1900) — Philosophe allemand, auteur de L’Antéchrist et critique virulent du christianisme.
* Sigmund Freud (1856 – 1939) — Fondateur de la psychanalyse, théoricien des névroses et des pulsions.
* Gilles Deleuze (1925 – 1995) — Philosophe français, créateur du concept de "personnage conceptuel".
Crédits : Michel Onfray et la Contre-histoire de la philosophie