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Or
1. Introduction
Dans cette conférence, Michel Onfray explore la notion d'« horticulture transcendantale » à travers l’analyse du Banquet religieux d’Érasme. Il examine comment Érasme conçoit le jardin comme un espace philosophique et spirituel, synthétisant les traditions chrétienne et épicurienne. Ce jardin utopique devient un lieu de méditation, d’éducation, et de contemplation, où se conjuguent plaisir et piété.
2. Le jardin philosophique d’Érasme
Une utopie chrétienne épicurienneÉrasme imagine un jardin à la fois réel et symbolique, inspiré des jardins antiques (comme celui d’Épicure) et du jardin biblique d’Éden. Ce jardin devient un espace de pratique philosophique où se mêlent hédonisme épicurien et spiritualité chrétienne. Michel Onfray qualifie ce lieu de « transcendantal » car il dépasse les simples expériences sensorielles pour accéder à une dimension spirituelle et méditative.
Un espace pédagogique et contemplatifLe jardin d’Érasme est conçu pour nourrir à la fois le corps et l’esprit. On y trouve :
* Un potager : pour une alimentation frugale et saine, symbole d’autonomie et de simplicité.
* Un jardin médicinal : pour soigner le corps et rappeler l’importance du souci de soi.
* Une volière et un verger : qui célèbrent la diversité du vivant et invitent à la contemplation.
* Des fontaines et des canaux : symboles de pureté et de circulation harmonieuse entre les éléments.
Ce jardin est aussi un espace éducatif où chaque plante, arbre ou animal est accompagné d’adages et de panneaux explicatifs, soulignant l’importance de la pédagogie humaniste d’Érasme.
3. Le banquet religieux : entre épicurisme et christianisme
Un repas hédoniste et spirituelLe Banquet religieux décrit par Érasme est une scène emblématique où neuf personnages discutent autour d’un repas simple mais raffiné. Le menu – composé de vins, de légumes du jardin, de fruits et de mets délicats – illustre l’idée d’un plaisir modéré et honnête, fidèle aux principes épicuriens. Ce banquet est aussi un moment de réflexion où les convives débattent de thèmes religieux, philosophiques et éthiques, mêlant allégrement références païennes et chrétiennes.
Le jardin comme métaphore de la vie philosophiqueLe banquet se déroule dans le jardin, qui devient le symbole d’une vie équilibrée, où plaisir et piété cohabitent. Les discussions portent notamment sur :
* La vertu de la sobriété et de la modération.
* L’importance de l’éducation et de la contemplation.
* La critique des excès du clergé et des dépenses somptuaires de l’Église.
Ce jardin devient ainsi un microcosme idéal, un espace utopique où l’homme peut s’élever spirituellement tout en jouissant des plaisirs simples de la vie.
4. Symbolisme et spiritualité du jardin
Le jardin d’Éden réinterprétéMichel Onfray souligne que le jardin d’Érasme est une relecture du jardin d’Éden. Là où le paradis biblique était un lieu de perfection perdu à cause du péché originel, le jardin d’Érasme est un espace de reconquête spirituelle. Il symbolise l’espoir d’un retour à une relation directe et pure avec Dieu, sans passer par l’intermédiaire de l’Église institutionnelle.
L’équilibre entre corps et espritContrairement à la tradition chrétienne doloriste qui méprise le corps et ses plaisirs, Érasme célèbre l’union harmonieuse entre le corps et l’âme. Le jardin est un lieu où les sens sont sollicités (vue, odorat, goût, etc.) mais toujours dans une optique de modération et d’élévation spirituelle.
La maison philosophique : architecture et symbolismeÉrasme imagine également un agencement architectural autour du jardin :
* Une bibliothèque attenante à une chapelle, symbolisant l’équilibre entre savoir et foi.
* Une salle des cartes pour rappeler la vocation universelle du christianisme.
* Un hôpital pour prendre soin des corps et des âmes.
Chaque bâtiment est pensé pour favoriser la contemplation, la méditation et l’élévation de l’esprit.
5. Le message philosophique et politique d’Érasme
Un humanisme pacifisteÉrasme, figure centrale de l’humanisme chrétien, défend une vision pacifiste et tolérante du christianisme. Il s’oppose aux guerres religieuses et prône la paix universelle à travers la pratique évangélique et l’éducation. Son jardin devient ainsi le symbole d’un monde idéal, fondé sur l’amour du prochain, la simplicité et la sérénité.
Critique de l’Église et retour aux sourcesTout au long du Banquet religieux, Érasme critique les excès et la corruption de l’Église institutionnelle, tout en défendant une foi pure et directe, centrée sur le message du Christ. Il invite à une relecture personnelle des Évangiles et à une pratique du christianisme fondée sur la charité, la tolérance et la modération.
💡 Conclusion
Avec Une horticulture transcendantale, Michel Onfray met en lumière la richesse philosophique du Banquet religieux d’Érasme. Le jardin devient un espace utopique, un lieu de réconciliation entre épicurisme et christianisme, entre plaisir et spiritualité. Il symbolise l’espoir d’un monde pacifié, fondé sur l’éducation, la contemplation et la recherche de la sagesse. Ce jardin philosophique incarne ainsi l’idéal humaniste d’Érasme : un monde où l’homme peut s’élever tout en restant fidèle à sa nature terrestre.
📚 Philosophes mentionnés
* Socrate (470 av. J.-C. – 399 av. J.-C.) — Philosophe grec, modèle du sage, connu pour sa méthode dialectique.
* Platon (428/427 av. J.-C. – 348/347 av. J.-C.) — Philosophe grec, auteur du Banquet et du Mythe de la caverne.
* Épicure (341 av. J.-C. – 270 av. J.-C.) — Philosophe grec, fondateur de l’épicurisme, prônant l’ataraxie et les plaisirs modérés.
* Lucien de Samosate (125 – 192) — Écrivain satirique grec, maître du dialogue ironique.
* Diogène Laërce (IIIe siècle) — Biographe des philosophes grecs, auteur de Vies et doctrines des philosophes illustres.
* Lorenzo Valla (1407 – 1457) — Humaniste italien, précurseur du christianisme épicurien.
* Marsile Ficin (1433 – 1499) — Philosophe italien, traducteur de Platon, conciliant platonisme et christianisme.
* Érasme de Rotterdam (1467 – 1536) — Humaniste et théologien chrétien, auteur de L’Éloge de la folie et des Colloques.
* Thomas More (1478 – 1535) — Philosophe humaniste anglais, auteur de L’Utopie.
* Michel de Montaigne (1533 – 1592) — Philosophe humaniste français, auteur des Essais.
* Pierre Gassendi (1592 – 1655) — Philosophe et scientifique, défenseur de l’épicurisme chrétien.
* Emmanuel Kant (1724 – 1804) — Philosophe allemand, auteur de La Critique de la raison pure, théoricien du transcendantal.
* Friedrich Nietzsche (1844 – 1900) — Philosophe allemand, critique du christianisme et de la morale occidentale.
Crédits : Michel Onfray et la Contre-histoire de la philosophie
1. Introduction
Dans cette conférence, Michel Onfray explore la notion d'« horticulture transcendantale » à travers l’analyse du Banquet religieux d’Érasme. Il examine comment Érasme conçoit le jardin comme un espace philosophique et spirituel, synthétisant les traditions chrétienne et épicurienne. Ce jardin utopique devient un lieu de méditation, d’éducation, et de contemplation, où se conjuguent plaisir et piété.
2. Le jardin philosophique d’Érasme
Une utopie chrétienne épicurienneÉrasme imagine un jardin à la fois réel et symbolique, inspiré des jardins antiques (comme celui d’Épicure) et du jardin biblique d’Éden. Ce jardin devient un espace de pratique philosophique où se mêlent hédonisme épicurien et spiritualité chrétienne. Michel Onfray qualifie ce lieu de « transcendantal » car il dépasse les simples expériences sensorielles pour accéder à une dimension spirituelle et méditative.
Un espace pédagogique et contemplatifLe jardin d’Érasme est conçu pour nourrir à la fois le corps et l’esprit. On y trouve :
* Un potager : pour une alimentation frugale et saine, symbole d’autonomie et de simplicité.
* Un jardin médicinal : pour soigner le corps et rappeler l’importance du souci de soi.
* Une volière et un verger : qui célèbrent la diversité du vivant et invitent à la contemplation.
* Des fontaines et des canaux : symboles de pureté et de circulation harmonieuse entre les éléments.
Ce jardin est aussi un espace éducatif où chaque plante, arbre ou animal est accompagné d’adages et de panneaux explicatifs, soulignant l’importance de la pédagogie humaniste d’Érasme.
3. Le banquet religieux : entre épicurisme et christianisme
Un repas hédoniste et spirituelLe Banquet religieux décrit par Érasme est une scène emblématique où neuf personnages discutent autour d’un repas simple mais raffiné. Le menu – composé de vins, de légumes du jardin, de fruits et de mets délicats – illustre l’idée d’un plaisir modéré et honnête, fidèle aux principes épicuriens. Ce banquet est aussi un moment de réflexion où les convives débattent de thèmes religieux, philosophiques et éthiques, mêlant allégrement références païennes et chrétiennes.
Le jardin comme métaphore de la vie philosophiqueLe banquet se déroule dans le jardin, qui devient le symbole d’une vie équilibrée, où plaisir et piété cohabitent. Les discussions portent notamment sur :
* La vertu de la sobriété et de la modération.
* L’importance de l’éducation et de la contemplation.
* La critique des excès du clergé et des dépenses somptuaires de l’Église.
Ce jardin devient ainsi un microcosme idéal, un espace utopique où l’homme peut s’élever spirituellement tout en jouissant des plaisirs simples de la vie.
4. Symbolisme et spiritualité du jardin
Le jardin d’Éden réinterprétéMichel Onfray souligne que le jardin d’Érasme est une relecture du jardin d’Éden. Là où le paradis biblique était un lieu de perfection perdu à cause du péché originel, le jardin d’Érasme est un espace de reconquête spirituelle. Il symbolise l’espoir d’un retour à une relation directe et pure avec Dieu, sans passer par l’intermédiaire de l’Église institutionnelle.
L’équilibre entre corps et espritContrairement à la tradition chrétienne doloriste qui méprise le corps et ses plaisirs, Érasme célèbre l’union harmonieuse entre le corps et l’âme. Le jardin est un lieu où les sens sont sollicités (vue, odorat, goût, etc.) mais toujours dans une optique de modération et d’élévation spirituelle.
La maison philosophique : architecture et symbolismeÉrasme imagine également un agencement architectural autour du jardin :
* Une bibliothèque attenante à une chapelle, symbolisant l’équilibre entre savoir et foi.
* Une salle des cartes pour rappeler la vocation universelle du christianisme.
* Un hôpital pour prendre soin des corps et des âmes.
Chaque bâtiment est pensé pour favoriser la contemplation, la méditation et l’élévation de l’esprit.
5. Le message philosophique et politique d’Érasme
Un humanisme pacifisteÉrasme, figure centrale de l’humanisme chrétien, défend une vision pacifiste et tolérante du christianisme. Il s’oppose aux guerres religieuses et prône la paix universelle à travers la pratique évangélique et l’éducation. Son jardin devient ainsi le symbole d’un monde idéal, fondé sur l’amour du prochain, la simplicité et la sérénité.
Critique de l’Église et retour aux sourcesTout au long du Banquet religieux, Érasme critique les excès et la corruption de l’Église institutionnelle, tout en défendant une foi pure et directe, centrée sur le message du Christ. Il invite à une relecture personnelle des Évangiles et à une pratique du christianisme fondée sur la charité, la tolérance et la modération.
💡 Conclusion
Avec Une horticulture transcendantale, Michel Onfray met en lumière la richesse philosophique du Banquet religieux d’Érasme. Le jardin devient un espace utopique, un lieu de réconciliation entre épicurisme et christianisme, entre plaisir et spiritualité. Il symbolise l’espoir d’un monde pacifié, fondé sur l’éducation, la contemplation et la recherche de la sagesse. Ce jardin philosophique incarne ainsi l’idéal humaniste d’Érasme : un monde où l’homme peut s’élever tout en restant fidèle à sa nature terrestre.
📚 Philosophes mentionnés
* Socrate (470 av. J.-C. – 399 av. J.-C.) — Philosophe grec, modèle du sage, connu pour sa méthode dialectique.
* Platon (428/427 av. J.-C. – 348/347 av. J.-C.) — Philosophe grec, auteur du Banquet et du Mythe de la caverne.
* Épicure (341 av. J.-C. – 270 av. J.-C.) — Philosophe grec, fondateur de l’épicurisme, prônant l’ataraxie et les plaisirs modérés.
* Lucien de Samosate (125 – 192) — Écrivain satirique grec, maître du dialogue ironique.
* Diogène Laërce (IIIe siècle) — Biographe des philosophes grecs, auteur de Vies et doctrines des philosophes illustres.
* Lorenzo Valla (1407 – 1457) — Humaniste italien, précurseur du christianisme épicurien.
* Marsile Ficin (1433 – 1499) — Philosophe italien, traducteur de Platon, conciliant platonisme et christianisme.
* Érasme de Rotterdam (1467 – 1536) — Humaniste et théologien chrétien, auteur de L’Éloge de la folie et des Colloques.
* Thomas More (1478 – 1535) — Philosophe humaniste anglais, auteur de L’Utopie.
* Michel de Montaigne (1533 – 1592) — Philosophe humaniste français, auteur des Essais.
* Pierre Gassendi (1592 – 1655) — Philosophe et scientifique, défenseur de l’épicurisme chrétien.
* Emmanuel Kant (1724 – 1804) — Philosophe allemand, auteur de La Critique de la raison pure, théoricien du transcendantal.
* Friedrich Nietzsche (1844 – 1900) — Philosophe allemand, critique du christianisme et de la morale occidentale.
Crédits : Michel Onfray et la Contre-histoire de la philosophie