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Or
1. Introduction
Dans cet épisode, Michel Onfray explore la notion de "volupté prudente" développée par Pierre Charron dans De la Sagesse. Il analyse comment Charron construit une éthique hédoniste fondée sur l'immanence et la prudence, tout en se démarquant des dogmes chrétiens et des excès libertins.
2. La volupté prudente : un oxymore philosophique
Une éthique de la modération
Michel Onfray souligne que la notion de "volupté prudente" est un oxymore qui illustre la philosophie de Charron. Cette volupté n'est pas un abandon aux désirs mais une construction réfléchie du plaisir, inspirée par l'épicurisme. Le plaisir est recherché, mais de manière mesurée et consciente, afin d'éviter les souffrances.
L’influence d’Épicure
Charron s’inscrit dans la tradition épicurienne, valorisant l'ataraxie (absence de trouble) et la modération dans la quête du plaisir. Comme Épicure, il prône une sagesse immanente où le plaisir est le bien suprême, mais subordonné à la raison.
3. La critique du dolorisme chrétien
Rejet de la souffrance comme vertu
Charron critique le dolorisme chrétien qui valorise la souffrance et la mortification. Il refuse l'idée que la douleur ait un pouvoir salvifique et dénonce le masochisme inhérent à certaines pratiques religieuses. Selon lui, la morale ne doit pas être fondée sur la douleur mais sur la quête du plaisir et du bonheur.
La déconstruction du péché et de la culpabilité
Charron remet en question la notion de péché originel et les mécanismes de culpabilisation associés. Il défend une vision naturelle et déculpabilisée de la sexualité, considérant que les fonctions naturelles, y compris les désirs corporels, ne sont pas mauvaises en soi.
4. Une sagesse de l’immanence
Vivre selon la nature
Charron conçoit la nature comme une manifestation divine immanente. Vivre selon la nature revient à vivre selon la volonté de Dieu. Cette vision panthéiste dissout la distinction entre le divin et le monde, rendant la quête spirituelle accessible dans l'expérience humaine quotidienne.
La prud'homie : la vertu des vertus
La prud'homie est la pierre angulaire de l'éthique charronienne. Elle permet d’accommoder ses désirs et pensées à la nature et à la raison. Par la prud'homie, l’individu règle ses désirs, choisit un mode de vie adapté à son tempérament et cultive la modération dans ses actions.
5. Les passions tristes et leur dépassement
Lutte contre les passions négatives
Charron, comme Spinoza plus tard, dénonce les "passions tristes" telles que la crainte, la tristesse, la colère, la haine, l'envie et la jalousie. Il propose des stratégies pour les dépasser, notamment en cultivant la joie et en se détournant des pensées néfastes.
Le divertissement comme remède
Le divertissement est présenté comme un moyen efficace de se détourner des pensées tristes. Cette idée, que l'on retrouvera chez Pascal, est ici orientée vers un but hédoniste : maintenir l'esprit dans un état de sérénité et de contentement.
6. La morale sexuelle de Charron
La sexualité déculpabilisée
Charron développe une morale sexuelle fondée sur la nature et la modération. Il défend l'idée que la sexualité est naturelle et voulue par Dieu, tant qu'elle est pratiquée avec mesure. Il critique à la fois l'abstinence excessive et la débauche, prônant une voie médiane.
La volupté modérée
Charron propose des critères pour une sexualité équilibrée, évoquant même des repères chiffrés de manière humoristique. Il s'agit d’une "volupté modérée", où le plaisir est recherché sans excès ni privation.
💡 Conclusion
Michel Onfray met en lumière la richesse et la modernité de la pensée de Pierre Charron. Sa philosophie de la "volupté prudente" offre une éthique hédoniste mesurée, opposée au dolorisme chrétien et aux excès libertins. En prônant une sagesse immanente et joyeuse, Charron ouvre la voie à une morale laïque centrée sur le bonheur terrestre.
📚 Philosophes mentionnés
* Socrate (env. 470 av. J.-C. – 399 av. J.-C.) — Philosophe grec, figure fondatrice de la philosophie occidentale.
* Platon (env. 428 av. J.-C. – 348 av. J.-C.) — Philosophe idéaliste grec.
* Aristote (384 av. J.-C. – 322 av. J.-C.) — Philosophe grec scolastique.
* Épicure (341 av. J.-C. – 270 av. J.-C.) — Fondateur de l’épicurisme.
* Marsile de Padoue (1275 – 1342) — Philosophe politique italien.
* Michel de Montaigne (1533 – 1592) — Philosophe humaniste et sceptique.
* Pierre Charron (1541 – 1603) — Philosophe sceptique et précurseur de la laïcité.
* René Descartes (1596 – 1650) — Philosophe rationaliste.
* Baruch Spinoza (1632 – 1677) — Philosophe rationaliste et panthéiste.
* Blaise Pascal (1623 – 1662) — Philosophe et mathématicien français.
* Friedrich Nietzsche (1844 – 1900) — Philosophe allemand, auteur de La Généalogie de la morale.
Crédits : Michel Onfray et la Contre-histoire de la philosophie
1. Introduction
Dans cet épisode, Michel Onfray explore la notion de "volupté prudente" développée par Pierre Charron dans De la Sagesse. Il analyse comment Charron construit une éthique hédoniste fondée sur l'immanence et la prudence, tout en se démarquant des dogmes chrétiens et des excès libertins.
2. La volupté prudente : un oxymore philosophique
Une éthique de la modération
Michel Onfray souligne que la notion de "volupté prudente" est un oxymore qui illustre la philosophie de Charron. Cette volupté n'est pas un abandon aux désirs mais une construction réfléchie du plaisir, inspirée par l'épicurisme. Le plaisir est recherché, mais de manière mesurée et consciente, afin d'éviter les souffrances.
L’influence d’Épicure
Charron s’inscrit dans la tradition épicurienne, valorisant l'ataraxie (absence de trouble) et la modération dans la quête du plaisir. Comme Épicure, il prône une sagesse immanente où le plaisir est le bien suprême, mais subordonné à la raison.
3. La critique du dolorisme chrétien
Rejet de la souffrance comme vertu
Charron critique le dolorisme chrétien qui valorise la souffrance et la mortification. Il refuse l'idée que la douleur ait un pouvoir salvifique et dénonce le masochisme inhérent à certaines pratiques religieuses. Selon lui, la morale ne doit pas être fondée sur la douleur mais sur la quête du plaisir et du bonheur.
La déconstruction du péché et de la culpabilité
Charron remet en question la notion de péché originel et les mécanismes de culpabilisation associés. Il défend une vision naturelle et déculpabilisée de la sexualité, considérant que les fonctions naturelles, y compris les désirs corporels, ne sont pas mauvaises en soi.
4. Une sagesse de l’immanence
Vivre selon la nature
Charron conçoit la nature comme une manifestation divine immanente. Vivre selon la nature revient à vivre selon la volonté de Dieu. Cette vision panthéiste dissout la distinction entre le divin et le monde, rendant la quête spirituelle accessible dans l'expérience humaine quotidienne.
La prud'homie : la vertu des vertus
La prud'homie est la pierre angulaire de l'éthique charronienne. Elle permet d’accommoder ses désirs et pensées à la nature et à la raison. Par la prud'homie, l’individu règle ses désirs, choisit un mode de vie adapté à son tempérament et cultive la modération dans ses actions.
5. Les passions tristes et leur dépassement
Lutte contre les passions négatives
Charron, comme Spinoza plus tard, dénonce les "passions tristes" telles que la crainte, la tristesse, la colère, la haine, l'envie et la jalousie. Il propose des stratégies pour les dépasser, notamment en cultivant la joie et en se détournant des pensées néfastes.
Le divertissement comme remède
Le divertissement est présenté comme un moyen efficace de se détourner des pensées tristes. Cette idée, que l'on retrouvera chez Pascal, est ici orientée vers un but hédoniste : maintenir l'esprit dans un état de sérénité et de contentement.
6. La morale sexuelle de Charron
La sexualité déculpabilisée
Charron développe une morale sexuelle fondée sur la nature et la modération. Il défend l'idée que la sexualité est naturelle et voulue par Dieu, tant qu'elle est pratiquée avec mesure. Il critique à la fois l'abstinence excessive et la débauche, prônant une voie médiane.
La volupté modérée
Charron propose des critères pour une sexualité équilibrée, évoquant même des repères chiffrés de manière humoristique. Il s'agit d’une "volupté modérée", où le plaisir est recherché sans excès ni privation.
💡 Conclusion
Michel Onfray met en lumière la richesse et la modernité de la pensée de Pierre Charron. Sa philosophie de la "volupté prudente" offre une éthique hédoniste mesurée, opposée au dolorisme chrétien et aux excès libertins. En prônant une sagesse immanente et joyeuse, Charron ouvre la voie à une morale laïque centrée sur le bonheur terrestre.
📚 Philosophes mentionnés
* Socrate (env. 470 av. J.-C. – 399 av. J.-C.) — Philosophe grec, figure fondatrice de la philosophie occidentale.
* Platon (env. 428 av. J.-C. – 348 av. J.-C.) — Philosophe idéaliste grec.
* Aristote (384 av. J.-C. – 322 av. J.-C.) — Philosophe grec scolastique.
* Épicure (341 av. J.-C. – 270 av. J.-C.) — Fondateur de l’épicurisme.
* Marsile de Padoue (1275 – 1342) — Philosophe politique italien.
* Michel de Montaigne (1533 – 1592) — Philosophe humaniste et sceptique.
* Pierre Charron (1541 – 1603) — Philosophe sceptique et précurseur de la laïcité.
* René Descartes (1596 – 1650) — Philosophe rationaliste.
* Baruch Spinoza (1632 – 1677) — Philosophe rationaliste et panthéiste.
* Blaise Pascal (1623 – 1662) — Philosophe et mathématicien français.
* Friedrich Nietzsche (1844 – 1900) — Philosophe allemand, auteur de La Généalogie de la morale.
Crédits : Michel Onfray et la Contre-histoire de la philosophie