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Or
1. Introduction
Dans cet épisode, Michel Onfray ouvre une nouvelle saison de sa Contre-Histoire de la philosophie en mettant en lumière Claude-Adrien Helvétius, un philosophe trop souvent réduit à quelques qualificatifs erronés. On le présente généralement comme athée, matérialiste et collaborateur de l’Encyclopédie, trois affirmations que Onfray réfute en replaçant Helvétius dans son véritable contexte intellectuel et biographique.
2. Qui était vraiment Helvétius ?
Un aristocrate aux idées progressistes
Né en 1715, la même année que la mort de Louis XIV, Helvétius appartient à une famille de médecins proches de la cour. Son père est premier médecin de la reine, et la famille a acquis sa noblesse grâce à l’introduction en France d’un médicament, l’Ipéca.
Un percepteur généreux et engagé
À 23 ans, il devient fermier général, un poste lui assurant une grande fortune. Contrairement à l’image négative associée aux fermiers généraux, Helvétius se distingue par sa générosité et son sens de la justice. Il soutient financièrement des écrivains comme Marivaux, combat les abus fiscaux et intervient discrètement en faveur des plus démunis.
3. Une philosophie fondée sur le plaisir et l’utilité
Le plaisir comme moteur naturel
Helvétius développe une philosophie hédoniste et utilitariste. Il considère que le plaisir est un tropisme naturel, une tendance qui guide instinctivement les êtres humains vers ce qui est bénéfique et agréable.
L’hédonisme comme principe social
Contrairement à une vision égoïste du plaisir, Helvétius défend un hédonisme collectif. Il pense que la société doit être organisée pour maximiser le bonheur du plus grand nombre. Cette idée, qui précède l’utilitarisme de Bentham et Mill, fonde une éthique politique basée sur l’intérêt général et la justice sociale.
4. Un matérialiste ? Pas vraiment.
Un déiste plutôt qu’un athée
Contrairement à ce que l’on croit souvent, Helvétius n’est pas athée. Il parle de l’être suprême, du législateur céleste et d’une cause encore inconnue de l’ordre et du mouvement. Il critique les dogmes religieux et les abus du clergé, mais il ne nie pas l’existence de Dieu.
Un nominaliste plus qu’un matérialiste
Plutôt que de défendre un matérialisme radical, il adopte une approche nominaliste : il refuse d’accorder aux concepts une réalité absolue et considère que la matière n’est qu’un ensemble de propriétés communes aux corps. Il se distingue ainsi des matérialistes radicaux comme D’Holbach.
5. L’influence et les controverses
Un livre brûlé et condamné
Son œuvre majeure, De l’Esprit, publiée en 1758, est immédiatement attaquée. Le Parlement, l’Église et la Sorbonne condamnent le livre, qui est brûlé en place publique. On reproche à Helvétius son rejet du libre arbitre, sa critique des privilèges et son matérialisme présumé.
Un intellectuel trahi par ses pairs
Voltaire critique l’ouvrage sans l’avoir lu, Diderot reste silencieux et Rousseau le juge dangereux. Isolé, Helvétius signe trois rétractations forcées avant de se retirer à la campagne, où il continue à travailler sur De l’Homme, publié après sa mort.
💡 Conclusion
Michel Onfray réhabilite Helvétius en montrant qu’il fut un penseur de l’utilité sociale et du bonheur collectif, injustement réduit à une caricature d’athée matérialiste. Son influence, bien que souvent méconnue, se retrouve dans l’utilitarisme et les théories du bien commun développées après lui.
📚 Philosophes mentionnés
* Épicure (341 av. J.-C. – 270 av. J.-C.) — Philosophe matérialiste et hédoniste.
* Lucrèce (env. 94 av. J.-C. – env. 55 av. J.-C.) — Poète et philosophe épicurien.
* Montaigne (1533 – 1592) — Philosophe humaniste et sceptique.
* Pierre Gassendi (1592 – 1655) — Philosophe empiriste et matérialiste.
* René Descartes (1596 – 1650) — Philosophe rationaliste, défenseur du dualisme.
* Baruch Spinoza (1632 – 1677) — Philosophe rationaliste et panthéiste.
* Jean Meslier (1664 – 1729) — Prêtre et philosophe matérialiste, auteur du Testament.
* Claude-Adrien Helvétius (1715 – 1771) — Philosophe des Lumières, théoricien du bonheur collectif.
* Paul-Henri Thiry d’Holbach (1723 – 1789) — Philosophe matérialiste et athée.
* Jeremy Bentham (1748 – 1832) — Philosophe utilitariste, théoricien du calcul des plaisirs.
* John Stuart Mill (1806 – 1873) — Philosophe utilitariste et libéral.
* Friedrich Nietzsche (1844 – 1900) — Philosophe allemand, critique du rationalisme et du dualisme.
* Gilles Deleuze (1925 – 1995) — Philosophe français, auteur de Le Pli. Leibniz et le baroque.
Crédits : Michel Onfray et la Contre-histoire de la philosophie
1. Introduction
Dans cet épisode, Michel Onfray ouvre une nouvelle saison de sa Contre-Histoire de la philosophie en mettant en lumière Claude-Adrien Helvétius, un philosophe trop souvent réduit à quelques qualificatifs erronés. On le présente généralement comme athée, matérialiste et collaborateur de l’Encyclopédie, trois affirmations que Onfray réfute en replaçant Helvétius dans son véritable contexte intellectuel et biographique.
2. Qui était vraiment Helvétius ?
Un aristocrate aux idées progressistes
Né en 1715, la même année que la mort de Louis XIV, Helvétius appartient à une famille de médecins proches de la cour. Son père est premier médecin de la reine, et la famille a acquis sa noblesse grâce à l’introduction en France d’un médicament, l’Ipéca.
Un percepteur généreux et engagé
À 23 ans, il devient fermier général, un poste lui assurant une grande fortune. Contrairement à l’image négative associée aux fermiers généraux, Helvétius se distingue par sa générosité et son sens de la justice. Il soutient financièrement des écrivains comme Marivaux, combat les abus fiscaux et intervient discrètement en faveur des plus démunis.
3. Une philosophie fondée sur le plaisir et l’utilité
Le plaisir comme moteur naturel
Helvétius développe une philosophie hédoniste et utilitariste. Il considère que le plaisir est un tropisme naturel, une tendance qui guide instinctivement les êtres humains vers ce qui est bénéfique et agréable.
L’hédonisme comme principe social
Contrairement à une vision égoïste du plaisir, Helvétius défend un hédonisme collectif. Il pense que la société doit être organisée pour maximiser le bonheur du plus grand nombre. Cette idée, qui précède l’utilitarisme de Bentham et Mill, fonde une éthique politique basée sur l’intérêt général et la justice sociale.
4. Un matérialiste ? Pas vraiment.
Un déiste plutôt qu’un athée
Contrairement à ce que l’on croit souvent, Helvétius n’est pas athée. Il parle de l’être suprême, du législateur céleste et d’une cause encore inconnue de l’ordre et du mouvement. Il critique les dogmes religieux et les abus du clergé, mais il ne nie pas l’existence de Dieu.
Un nominaliste plus qu’un matérialiste
Plutôt que de défendre un matérialisme radical, il adopte une approche nominaliste : il refuse d’accorder aux concepts une réalité absolue et considère que la matière n’est qu’un ensemble de propriétés communes aux corps. Il se distingue ainsi des matérialistes radicaux comme D’Holbach.
5. L’influence et les controverses
Un livre brûlé et condamné
Son œuvre majeure, De l’Esprit, publiée en 1758, est immédiatement attaquée. Le Parlement, l’Église et la Sorbonne condamnent le livre, qui est brûlé en place publique. On reproche à Helvétius son rejet du libre arbitre, sa critique des privilèges et son matérialisme présumé.
Un intellectuel trahi par ses pairs
Voltaire critique l’ouvrage sans l’avoir lu, Diderot reste silencieux et Rousseau le juge dangereux. Isolé, Helvétius signe trois rétractations forcées avant de se retirer à la campagne, où il continue à travailler sur De l’Homme, publié après sa mort.
💡 Conclusion
Michel Onfray réhabilite Helvétius en montrant qu’il fut un penseur de l’utilité sociale et du bonheur collectif, injustement réduit à une caricature d’athée matérialiste. Son influence, bien que souvent méconnue, se retrouve dans l’utilitarisme et les théories du bien commun développées après lui.
📚 Philosophes mentionnés
* Épicure (341 av. J.-C. – 270 av. J.-C.) — Philosophe matérialiste et hédoniste.
* Lucrèce (env. 94 av. J.-C. – env. 55 av. J.-C.) — Poète et philosophe épicurien.
* Montaigne (1533 – 1592) — Philosophe humaniste et sceptique.
* Pierre Gassendi (1592 – 1655) — Philosophe empiriste et matérialiste.
* René Descartes (1596 – 1650) — Philosophe rationaliste, défenseur du dualisme.
* Baruch Spinoza (1632 – 1677) — Philosophe rationaliste et panthéiste.
* Jean Meslier (1664 – 1729) — Prêtre et philosophe matérialiste, auteur du Testament.
* Claude-Adrien Helvétius (1715 – 1771) — Philosophe des Lumières, théoricien du bonheur collectif.
* Paul-Henri Thiry d’Holbach (1723 – 1789) — Philosophe matérialiste et athée.
* Jeremy Bentham (1748 – 1832) — Philosophe utilitariste, théoricien du calcul des plaisirs.
* John Stuart Mill (1806 – 1873) — Philosophe utilitariste et libéral.
* Friedrich Nietzsche (1844 – 1900) — Philosophe allemand, critique du rationalisme et du dualisme.
* Gilles Deleuze (1925 – 1995) — Philosophe français, auteur de Le Pli. Leibniz et le baroque.
Crédits : Michel Onfray et la Contre-histoire de la philosophie