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Or
1. Introduction
Dans cet épisode, Michel Onfray aborde l’un des ouvrages les plus controversés de Donatien Alphonse François de Sade, Les 120 journées de Sodome. Il propose une lecture politique et transhistorique du fascisme à travers ce roman, souvent réduit à son aspect littéraire ou érotique. Onfray démontre que l’œuvre sadienne ne se limite pas à une provocation mais illustre une pensée de la domination absolue, où la cruauté et la destruction deviennent des instruments politiques.
2. L’isolisme : un matérialisme extrême et féodal
Une rupture avec les autres matérialistes
Contrairement à Helvétius, d’Holbach ou La Mettrie, qui tempèrent leur matérialisme par une éthique sociale, Sade radicalise son approche en développant une doctrine qu’il appelle l’isolisme. Selon lui :
* L’homme est totalement seul, les autres n’existent que pour son plaisir.
* L’éthique n’existe pas, seule la loi de la nécessité dirige l’univers.
* Le monde se divise entre dominants et dominés, et c’est une fatalité naturelle.
Une philosophie féodale
Sade justifie une tyrannie sans limite en réhabilitant une noblesse absolue, regrettant la nuit du 4 août 1789, qui abolit les privilèges de l’aristocratie. Il oppose un système où les forts disposent de tous les droits, tandis que les faibles sont réduits à l’état de servitude.
3. Un projet totalitaire et sadien
Le roman comme laboratoire politique
Onfray souligne que Les 120 journées de Sodome n’est pas qu’un roman : c’est une expérimentation de la tyrannie parfaite. Dans un château isolé, quatre notables organisent un régime fondé sur la violence, le viol et la torture, établissant des règles précises pour l’exploitation systématique des victimes.
Un État totalitaire avant l’heure
Ce château préfigure les camps de concentration du XXe siècle :
* Un espace clos, hors de toute juridiction.
* Une absence totale de droit pour les prisonniers.
* Un règlement minutieux imposant la soumission absolue.
* La réduction des victimes à des objets sans volonté.
Sade propose ainsi un modèle de dictature extrême, où le pouvoir est exercé par le pur arbitraire des maîtres.
4. Une définition transhistorique du fascisme
De Mussolini à Sade : une continuité idéologique
Onfray élargit la définition du fascisme au-delà de son cadre historique strict. Il identifie plusieurs caractéristiques communes entre le sadisme politique et les régimes totalitaires modernes :
* Un contrôle absolu d’un territoire fermé, comme le château sadien ou les régimes fascistes.
* Une extraterritorialité juridique, où la loi ne s’applique plus aux détenus.
* Le règne de la violence pure, utilisée comme mode de gouvernance.
* L’anéantissement du sujet, réduit à un objet manipulable à volonté.
Une préfiguration des totalitarismes modernes
Sade, sans le savoir, décrit les mécanismes fondamentaux du fascisme et du totalitarisme. Onfray établit des parallèles avec :
* Les théories eugénistes développées au XXe siècle.
* Le contrôle des corps et de la sexualité dans les dictatures.
* L’usage de la terreur comme outil de domination absolue.
5. Sade et la justification de la cruauté
La destruction comme principe moral
Sade va au-delà du simple matérialisme : il fait de la cruauté une vertu. Dans Les 120 journées de Sodome, la souffrance des autres devient une source de plaisir et un moyen de prouver sa supériorité.
Une réécriture sadienne de la nature
Contrairement aux Lumières, qui pensent que la nature est une source d’harmonie, Sade affirme que la nature est intrinsèquement cruelle. Il légitime ainsi toutes les formes de violence en les naturalisant.
💡 Conclusion
Michel Onfray déconstruit l’image d’un Sade libertaire et révolutionnaire, en montrant qu’il est au contraire l’inventeur d’une philosophie du totalitarisme. Les 120 journées de Sodome n’est pas seulement un roman extrême, mais un manifeste pour une société de domination absolue, préfigurant les horreurs des dictatures modernes.
📚 Philosophes mentionnés
* Platon (env. 428 av. J.-C. – 348 av. J.-C.) — Philosophe idéaliste, influençant la pensée politique.
* Épicure (341 av. J.-C. – 270 av. J.-C.) — Philosophe matérialiste et hédoniste.
* Lucrèce (env. 94 av. J.-C. – env. 55 av. J.-C.) — Poète et philosophe épicurien.
* Pierre Gassendi (1592 – 1655) — Philosophe empiriste et matérialiste.
* René Descartes (1596 – 1650) — Philosophe rationaliste, défenseur du dualisme.
* Baruch Spinoza (1632 – 1677) — Philosophe rationaliste et panthéiste.
* Jean-Jacques Rousseau (1712 – 1778) — Philosophe des Lumières, théoricien du contrat social.
* Claude-Adrien Helvétius (1715 – 1771) — Philosophe des Lumières, théoricien du bonheur collectif.
* Paul-Henri Thiry d’Holbach (1723 – 1789) — Philosophe matérialiste, critique du christianisme et défenseur d’une éthique rationaliste.
* Donatien Alphonse François de Sade (1740 – 1814) — Écrivain et philosophe matérialiste, partisan d’une vision féodale et radicale du pouvoir.
* Friedrich Nietzsche (1844 – 1900) — Philosophe allemand, critique du rationalisme et du christianisme.
* Hannah Arendt (1906 – 1975) — Philosophe politique, spécialiste du totalitarisme.
* Gilles Deleuze (1925 – 1995) — Philosophe français, auteur de Le Pli. Leibniz et le baroque.
Crédits : Michel Onfray et la Contre-histoire de la philosophie
1. Introduction
Dans cet épisode, Michel Onfray aborde l’un des ouvrages les plus controversés de Donatien Alphonse François de Sade, Les 120 journées de Sodome. Il propose une lecture politique et transhistorique du fascisme à travers ce roman, souvent réduit à son aspect littéraire ou érotique. Onfray démontre que l’œuvre sadienne ne se limite pas à une provocation mais illustre une pensée de la domination absolue, où la cruauté et la destruction deviennent des instruments politiques.
2. L’isolisme : un matérialisme extrême et féodal
Une rupture avec les autres matérialistes
Contrairement à Helvétius, d’Holbach ou La Mettrie, qui tempèrent leur matérialisme par une éthique sociale, Sade radicalise son approche en développant une doctrine qu’il appelle l’isolisme. Selon lui :
* L’homme est totalement seul, les autres n’existent que pour son plaisir.
* L’éthique n’existe pas, seule la loi de la nécessité dirige l’univers.
* Le monde se divise entre dominants et dominés, et c’est une fatalité naturelle.
Une philosophie féodale
Sade justifie une tyrannie sans limite en réhabilitant une noblesse absolue, regrettant la nuit du 4 août 1789, qui abolit les privilèges de l’aristocratie. Il oppose un système où les forts disposent de tous les droits, tandis que les faibles sont réduits à l’état de servitude.
3. Un projet totalitaire et sadien
Le roman comme laboratoire politique
Onfray souligne que Les 120 journées de Sodome n’est pas qu’un roman : c’est une expérimentation de la tyrannie parfaite. Dans un château isolé, quatre notables organisent un régime fondé sur la violence, le viol et la torture, établissant des règles précises pour l’exploitation systématique des victimes.
Un État totalitaire avant l’heure
Ce château préfigure les camps de concentration du XXe siècle :
* Un espace clos, hors de toute juridiction.
* Une absence totale de droit pour les prisonniers.
* Un règlement minutieux imposant la soumission absolue.
* La réduction des victimes à des objets sans volonté.
Sade propose ainsi un modèle de dictature extrême, où le pouvoir est exercé par le pur arbitraire des maîtres.
4. Une définition transhistorique du fascisme
De Mussolini à Sade : une continuité idéologique
Onfray élargit la définition du fascisme au-delà de son cadre historique strict. Il identifie plusieurs caractéristiques communes entre le sadisme politique et les régimes totalitaires modernes :
* Un contrôle absolu d’un territoire fermé, comme le château sadien ou les régimes fascistes.
* Une extraterritorialité juridique, où la loi ne s’applique plus aux détenus.
* Le règne de la violence pure, utilisée comme mode de gouvernance.
* L’anéantissement du sujet, réduit à un objet manipulable à volonté.
Une préfiguration des totalitarismes modernes
Sade, sans le savoir, décrit les mécanismes fondamentaux du fascisme et du totalitarisme. Onfray établit des parallèles avec :
* Les théories eugénistes développées au XXe siècle.
* Le contrôle des corps et de la sexualité dans les dictatures.
* L’usage de la terreur comme outil de domination absolue.
5. Sade et la justification de la cruauté
La destruction comme principe moral
Sade va au-delà du simple matérialisme : il fait de la cruauté une vertu. Dans Les 120 journées de Sodome, la souffrance des autres devient une source de plaisir et un moyen de prouver sa supériorité.
Une réécriture sadienne de la nature
Contrairement aux Lumières, qui pensent que la nature est une source d’harmonie, Sade affirme que la nature est intrinsèquement cruelle. Il légitime ainsi toutes les formes de violence en les naturalisant.
💡 Conclusion
Michel Onfray déconstruit l’image d’un Sade libertaire et révolutionnaire, en montrant qu’il est au contraire l’inventeur d’une philosophie du totalitarisme. Les 120 journées de Sodome n’est pas seulement un roman extrême, mais un manifeste pour une société de domination absolue, préfigurant les horreurs des dictatures modernes.
📚 Philosophes mentionnés
* Platon (env. 428 av. J.-C. – 348 av. J.-C.) — Philosophe idéaliste, influençant la pensée politique.
* Épicure (341 av. J.-C. – 270 av. J.-C.) — Philosophe matérialiste et hédoniste.
* Lucrèce (env. 94 av. J.-C. – env. 55 av. J.-C.) — Poète et philosophe épicurien.
* Pierre Gassendi (1592 – 1655) — Philosophe empiriste et matérialiste.
* René Descartes (1596 – 1650) — Philosophe rationaliste, défenseur du dualisme.
* Baruch Spinoza (1632 – 1677) — Philosophe rationaliste et panthéiste.
* Jean-Jacques Rousseau (1712 – 1778) — Philosophe des Lumières, théoricien du contrat social.
* Claude-Adrien Helvétius (1715 – 1771) — Philosophe des Lumières, théoricien du bonheur collectif.
* Paul-Henri Thiry d’Holbach (1723 – 1789) — Philosophe matérialiste, critique du christianisme et défenseur d’une éthique rationaliste.
* Donatien Alphonse François de Sade (1740 – 1814) — Écrivain et philosophe matérialiste, partisan d’une vision féodale et radicale du pouvoir.
* Friedrich Nietzsche (1844 – 1900) — Philosophe allemand, critique du rationalisme et du christianisme.
* Hannah Arendt (1906 – 1975) — Philosophe politique, spécialiste du totalitarisme.
* Gilles Deleuze (1925 – 1995) — Philosophe français, auteur de Le Pli. Leibniz et le baroque.
Crédits : Michel Onfray et la Contre-histoire de la philosophie