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Or
1. Introduction
Dans cet épisode, Michel Onfray poursuit son analyse de William Godwin en questionnant sa réelle filiation philosophique. Souvent présenté comme le père de l’anarchisme, Onfray remet en cause cette classification et suggère qu’il serait plus pertinent de voir en lui un précurseur de l’utilitarisme anglo-saxon. L’épisode explore ainsi la manière dont Godwin prépare le terrain pour Bentham et John Stuart Mill, plutôt que pour Bakounine ou Proudhon.
2. L’anarchisme : une constellation idéologique
Une définition complexe
Onfray insiste sur le fait que l’anarchisme n’est pas une doctrine monolithique. Il englobe :
* Des figures favorables à la violence (Bakounine) et d’autres prônant la non-violence (Sébastien Faure).
* Des penseurs collectivistes (Kropotkine) et des individualistes radicaux (Stirner).
* Des visions laïques (Reclus) et des courants chrétiens (Tolstoï).
Ainsi, coller l’étiquette anarchiste à Godwin semble abusif, car il n’adhère ni à la violence révolutionnaire ni à l’abolition radicale de l’État.
Godwin : un proto-anarchiste ?
Onfray admet qu’il y a chez Godwin des critiques de l’État et de l’autorité, ce qui pourrait le rapprocher de l’anarchisme. Toutefois, il ne prône pas la destruction immédiate du pouvoir mais plutôt une évolution progressive de la société par la raison et l’éducation. Cette approche le distingue des anarchistes classiques et le rapproche davantage d’un libéralisme utopique.
3. Godwin et l’héritage de l’utilitarisme
Un pont entre les Lumières et le XIXe siècle
Godwin se situe à un moment charnière entre la pensée des philosophes des Lumières et l’émergence des doctrines du XIXe siècle. Il reprend :
* L’éloge de la raison, hérité de Voltaire et Helvétius.
* L’idée de progrès linéaire, inspirée de Condorcet.
* Un rationalisme optimiste, annonçant Bentham et Mill.
Le conséquentialisme avant l’heure
Onfray insiste sur un point fondamental : Godwin développe un principe moral basé sur les conséquences des actes, ce qui le rapproche nettement de l’utilitarisme. Il écrit que la justice est un principe visant à maximiser le bonheur collectif, ce qui résonne avec la maxime de Bentham : le plus grand bonheur du plus grand nombre.
4. Une critique radicale du contrat social
Un rejet de Rousseau
Contrairement aux anarchistes qui s’inspireront de Rousseau, Godwin critique la notion de contrat social. Pour lui :
* Personne n’a jamais signé un tel contrat, c’est une fiction.
* L’État repose sur une illusion collective, qu’il faut dissiper par l’éducation.
* L’individu doit être autonome et non soumis à une volonté générale imposée.
Une confiance totale en la raison
Godwin pense que la vérité et la justice triompheront naturellement grâce à l’usage de la raison. Il s’oppose donc aux révolutionnaires violents, persuadé que la persuasion et l’éducation suffiront à transformer la société.
5. Une pensée entre deux traditions
Ni anarchiste, ni libéral classique
Si Godwin rejette l’État, il ne préconise pas non plus un retour à la propriété collective. Il se distingue des anarchistes par son refus de la violence et sa défense d’une évolution douce. Il se démarque aussi du libéralisme économique en critiquant les excès du capitalisme.
Un précurseur de l’utilitarisme moderne
Michel Onfray conclut que Godwin annonce plus l’utilitarisme que l’anarchisme. Son insistance sur les conséquences des actions, la rationalité et le bonheur collectif en fait un précurseur direct de Bentham et Mill, bien plus que de Proudhon ou Bakounine.
💡 Conclusion
Michel Onfray démonte le mythe de Godwin comme père de l’anarchisme et propose une lecture alternative : celle d’un réformateur progressiste dont la pensée s’inscrit dans la lignée de l’utilitarisme naissant. Il souligne ainsi l’importance de bien situer historiquement les penseurs pour éviter les raccourcis idéologiques.
📚 Philosophes mentionnés
* Platon (env. 428 av. J.-C. – 348 av. J.-C.) — Philosophe idéaliste, influençant la pensée politique.
* Diogène de Sinope (env. 412 av. J.-C. – 323 av. J.-C.) — Cynique, défenseur d’un mode de vie anti-autoritaire.
* Épicure (341 av. J.-C. – 270 av. J.-C.) — Philosophe matérialiste et hédoniste.
* Lucrèce (env. 94 av. J.-C. – env. 55 av. J.-C.) — Poète et philosophe épicurien.
* Pierre Gassendi (1592 – 1655) — Philosophe empiriste et matérialiste.
* René Descartes (1596 – 1650) — Philosophe rationaliste, défenseur du dualisme.
* Baruch Spinoza (1632 – 1677) — Philosophe rationaliste et panthéiste.
* Jean-Jacques Rousseau (1712 – 1778) — Philosophe des Lumières, théoricien du contrat social.
* Claude-Adrien Helvétius (1715 – 1771) — Philosophe des Lumières, théoricien du bonheur collectif.
* Paul-Henri Thiry d’Holbach (1723 – 1789) — Philosophe matérialiste, critique du christianisme et défenseur d’une éthique rationaliste.
* William Godwin (1756 – 1836) — Philosophe et écrivain britannique, associé au proto-anarchisme et au rationalisme utilitariste.
* Jeremy Bentham (1748 – 1832) — Fondateur de l’utilitarisme moderne.
* John Stuart Mill (1806 – 1873) — Philosophe utilitariste et libéral.
* Max Stirner (1806 – 1856) — Philosophe individualiste radical.
* Pierre-Joseph Proudhon (1809 – 1865) — Philosophe et théoricien du socialisme, critique du libéralisme.
* Mikhaïl Bakounine (1814 – 1876) — Philosophe anarchiste, opposant au marxisme.
* Friedrich Nietzsche (1844 – 1900) — Philosophe allemand, critique du rationalisme et du christianisme.
* Gilles Deleuze (1925 – 1995) — Philosophe français, auteur de Le Pli. Leibniz et le baroque.
Crédits : Michel Onfray et la Contre-histoire de la philosophie
1. Introduction
Dans cet épisode, Michel Onfray poursuit son analyse de William Godwin en questionnant sa réelle filiation philosophique. Souvent présenté comme le père de l’anarchisme, Onfray remet en cause cette classification et suggère qu’il serait plus pertinent de voir en lui un précurseur de l’utilitarisme anglo-saxon. L’épisode explore ainsi la manière dont Godwin prépare le terrain pour Bentham et John Stuart Mill, plutôt que pour Bakounine ou Proudhon.
2. L’anarchisme : une constellation idéologique
Une définition complexe
Onfray insiste sur le fait que l’anarchisme n’est pas une doctrine monolithique. Il englobe :
* Des figures favorables à la violence (Bakounine) et d’autres prônant la non-violence (Sébastien Faure).
* Des penseurs collectivistes (Kropotkine) et des individualistes radicaux (Stirner).
* Des visions laïques (Reclus) et des courants chrétiens (Tolstoï).
Ainsi, coller l’étiquette anarchiste à Godwin semble abusif, car il n’adhère ni à la violence révolutionnaire ni à l’abolition radicale de l’État.
Godwin : un proto-anarchiste ?
Onfray admet qu’il y a chez Godwin des critiques de l’État et de l’autorité, ce qui pourrait le rapprocher de l’anarchisme. Toutefois, il ne prône pas la destruction immédiate du pouvoir mais plutôt une évolution progressive de la société par la raison et l’éducation. Cette approche le distingue des anarchistes classiques et le rapproche davantage d’un libéralisme utopique.
3. Godwin et l’héritage de l’utilitarisme
Un pont entre les Lumières et le XIXe siècle
Godwin se situe à un moment charnière entre la pensée des philosophes des Lumières et l’émergence des doctrines du XIXe siècle. Il reprend :
* L’éloge de la raison, hérité de Voltaire et Helvétius.
* L’idée de progrès linéaire, inspirée de Condorcet.
* Un rationalisme optimiste, annonçant Bentham et Mill.
Le conséquentialisme avant l’heure
Onfray insiste sur un point fondamental : Godwin développe un principe moral basé sur les conséquences des actes, ce qui le rapproche nettement de l’utilitarisme. Il écrit que la justice est un principe visant à maximiser le bonheur collectif, ce qui résonne avec la maxime de Bentham : le plus grand bonheur du plus grand nombre.
4. Une critique radicale du contrat social
Un rejet de Rousseau
Contrairement aux anarchistes qui s’inspireront de Rousseau, Godwin critique la notion de contrat social. Pour lui :
* Personne n’a jamais signé un tel contrat, c’est une fiction.
* L’État repose sur une illusion collective, qu’il faut dissiper par l’éducation.
* L’individu doit être autonome et non soumis à une volonté générale imposée.
Une confiance totale en la raison
Godwin pense que la vérité et la justice triompheront naturellement grâce à l’usage de la raison. Il s’oppose donc aux révolutionnaires violents, persuadé que la persuasion et l’éducation suffiront à transformer la société.
5. Une pensée entre deux traditions
Ni anarchiste, ni libéral classique
Si Godwin rejette l’État, il ne préconise pas non plus un retour à la propriété collective. Il se distingue des anarchistes par son refus de la violence et sa défense d’une évolution douce. Il se démarque aussi du libéralisme économique en critiquant les excès du capitalisme.
Un précurseur de l’utilitarisme moderne
Michel Onfray conclut que Godwin annonce plus l’utilitarisme que l’anarchisme. Son insistance sur les conséquences des actions, la rationalité et le bonheur collectif en fait un précurseur direct de Bentham et Mill, bien plus que de Proudhon ou Bakounine.
💡 Conclusion
Michel Onfray démonte le mythe de Godwin comme père de l’anarchisme et propose une lecture alternative : celle d’un réformateur progressiste dont la pensée s’inscrit dans la lignée de l’utilitarisme naissant. Il souligne ainsi l’importance de bien situer historiquement les penseurs pour éviter les raccourcis idéologiques.
📚 Philosophes mentionnés
* Platon (env. 428 av. J.-C. – 348 av. J.-C.) — Philosophe idéaliste, influençant la pensée politique.
* Diogène de Sinope (env. 412 av. J.-C. – 323 av. J.-C.) — Cynique, défenseur d’un mode de vie anti-autoritaire.
* Épicure (341 av. J.-C. – 270 av. J.-C.) — Philosophe matérialiste et hédoniste.
* Lucrèce (env. 94 av. J.-C. – env. 55 av. J.-C.) — Poète et philosophe épicurien.
* Pierre Gassendi (1592 – 1655) — Philosophe empiriste et matérialiste.
* René Descartes (1596 – 1650) — Philosophe rationaliste, défenseur du dualisme.
* Baruch Spinoza (1632 – 1677) — Philosophe rationaliste et panthéiste.
* Jean-Jacques Rousseau (1712 – 1778) — Philosophe des Lumières, théoricien du contrat social.
* Claude-Adrien Helvétius (1715 – 1771) — Philosophe des Lumières, théoricien du bonheur collectif.
* Paul-Henri Thiry d’Holbach (1723 – 1789) — Philosophe matérialiste, critique du christianisme et défenseur d’une éthique rationaliste.
* William Godwin (1756 – 1836) — Philosophe et écrivain britannique, associé au proto-anarchisme et au rationalisme utilitariste.
* Jeremy Bentham (1748 – 1832) — Fondateur de l’utilitarisme moderne.
* John Stuart Mill (1806 – 1873) — Philosophe utilitariste et libéral.
* Max Stirner (1806 – 1856) — Philosophe individualiste radical.
* Pierre-Joseph Proudhon (1809 – 1865) — Philosophe et théoricien du socialisme, critique du libéralisme.
* Mikhaïl Bakounine (1814 – 1876) — Philosophe anarchiste, opposant au marxisme.
* Friedrich Nietzsche (1844 – 1900) — Philosophe allemand, critique du rationalisme et du christianisme.
* Gilles Deleuze (1925 – 1995) — Philosophe français, auteur de Le Pli. Leibniz et le baroque.
Crédits : Michel Onfray et la Contre-histoire de la philosophie