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Or
1. Introduction
Dans cet épisode, Michel Onfray poursuit son exploration de l’utilitarisme anglo-saxon, en particulier chez Jeremy Bentham et John Stuart Mill. Il interroge la manière dont cette philosophie a été reçue et perçue en France, souvent mal traduite et peu comprise. Onfray revient sur les malentendus entourant l’utilitarisme, notamment la mauvaise réputation du terme “utilité”, et critique la façon dont l’idéalisme allemand a dominé la philosophie continentale au détriment de cette tradition pragmatique.
2. L’utilitarisme : une pensée marginalisée en France
Pourquoi l’utilitarisme est-il mal vu ?
Onfray explique que l’utilitarisme souffre de plusieurs biais historiques :
* Le rejet du terme “utilité”, souvent réduit à une vision triviale et matérialiste.
* L’hégémonie de la philosophie idéaliste allemande en France, notamment via Victor Cousin, qui a imposé une tradition anti-matérialiste et conservatrice.
* L’influence marxiste, qui a caricaturé l’utilitarisme comme une philosophie bourgeoise centrée sur le profit.
Un courant anglo-saxon méconnu
Contrairement à la philosophie allemande, l’utilitarisme est pragmatique et empirique. Il se fonde sur l’observation des faits et cherche des solutions concrètes, ce qui le rend souvent incompatible avec les traditions philosophiques abstraites et spéculatives qui ont dominé le continent européen.
3. Bentham et la question du plaisir
Une vision quantitative du plaisir
Bentham considère que tous les plaisirs se valent, tant qu’ils produisent du bien-être. Il écrit : « Préjugé à part, le jeu d’épingle, à plaisir égal, vaut la poésie. » Cela signifie que :
* Il n’y a pas de hiérarchie entre les plaisirs intellectuels et physiques.
* Un plaisir simple (comme jouer à un jeu d’épingle) a autant de valeur qu’une expérience artistique.
* Ce qui compte est la quantité de plaisir produit, et non sa nature.
Une critique par Stuart Mill
John Stuart Mill contestera cette vision trop mécanique du plaisir en insistant sur une distinction entre plaisirs supérieurs et inférieurs. Il soutiendra qu’il vaut mieux être Socrate insatisfait qu’un imbécile satisfait, introduisant ainsi une dimension qualitative dans l’utilitarisme.
4. L’héritage ambigu de l’utilitarisme
Une pensée influente, mais controversée
Onfray rappelle que l’utilitarisme a influencé :
* La politique publique (calcul coûts-bénéfices, justice sociale).
* Les sciences économiques et la théorie du marché.
* Les débats éthiques contemporains, notamment sur l’euthanasie, l’expérimentation animale et la bioéthique.
Cependant, cette pensée a aussi été caricaturée comme une justification du libéralisme économique et du pragmatisme froid, alors qu’elle visait avant tout le bien-être collectif.
Une opposition persistante avec la philosophie continentale
L’opposition entre philosophie anglo-saxonne et continentale se reflète encore aujourd’hui dans :
* Le rejet du pragmatisme en France, où la philosophie reste largement spéculative.
* La domination des héritages kantien et hégélien, qui privilégient une vision abstraite de la morale.
* La réticence à voir l’éthique comme une science expérimentale, ce que proposaient Bentham et Mill.
💡 Conclusion
Michel Onfray met en lumière la marginalisation de l’utilitarisme en France, victime de préjugés et de malentendus historiques. Il souligne l’importance de réhabiliter cette pensée pragmatique, qui propose une approche rationnelle et empirique de la morale, plutôt que des abstractions dogmatiques.
📚 Philosophes mentionnés
* Platon (env. 428 av. J.-C. – 348 av. J.-C.) — Philosophe idéaliste, influençant la pensée politique.
* Épicure (341 av. J.-C. – 270 av. J.-C.) — Philosophe matérialiste et hédoniste.
* Lucrèce (env. 94 av. J.-C. – env. 55 av. J.-C.) — Poète et philosophe épicurien.
* Pierre Gassendi (1592 – 1655) — Philosophe empiriste et matérialiste.
* René Descartes (1596 – 1650) — Philosophe rationaliste, défenseur du dualisme.
* Baruch Spinoza (1632 – 1677) — Philosophe rationaliste et panthéiste.
* Jean-Jacques Rousseau (1712 – 1778) — Philosophe des Lumières, théoricien du contrat social.
* Claude-Adrien Helvétius (1715 – 1771) — Philosophe des Lumières, théoricien du bonheur collectif.
* Paul-Henri Thiry d’Holbach (1723 – 1789) — Philosophe matérialiste, critique du christianisme et défenseur d’une éthique rationaliste.
* Jeremy Bentham (1748 – 1832) — Philosophe et juriste anglais, fondateur de l’utilitarisme moderne.
* William Godwin (1756 – 1836) — Philosophe et écrivain britannique, associé au proto-anarchisme et au rationalisme utilitariste.
* Victor Cousin (1792 – 1867) — Philosophe français, promoteur de l’idéalisme hégélien en France.
* John Stuart Mill (1806 – 1873) — Philosophe utilitariste et libéral.
* Karl Marx (1818 – 1883) — Philosophe et économiste, critique du capitalisme.
* Friedrich Nietzsche (1844 – 1900) — Philosophe allemand, critique du rationalisme et du christianisme.
* Gilles Deleuze (1925 – 1995) — Philosophe français, auteur de Le Pli. Leibniz et le baroque.
* Michel Foucault (1926 – 1984) — Philosophe français, historien des systèmes de pensée.
Crédits : Michel Onfray et la Contre-histoire de la philosophie
1. Introduction
Dans cet épisode, Michel Onfray poursuit son exploration de l’utilitarisme anglo-saxon, en particulier chez Jeremy Bentham et John Stuart Mill. Il interroge la manière dont cette philosophie a été reçue et perçue en France, souvent mal traduite et peu comprise. Onfray revient sur les malentendus entourant l’utilitarisme, notamment la mauvaise réputation du terme “utilité”, et critique la façon dont l’idéalisme allemand a dominé la philosophie continentale au détriment de cette tradition pragmatique.
2. L’utilitarisme : une pensée marginalisée en France
Pourquoi l’utilitarisme est-il mal vu ?
Onfray explique que l’utilitarisme souffre de plusieurs biais historiques :
* Le rejet du terme “utilité”, souvent réduit à une vision triviale et matérialiste.
* L’hégémonie de la philosophie idéaliste allemande en France, notamment via Victor Cousin, qui a imposé une tradition anti-matérialiste et conservatrice.
* L’influence marxiste, qui a caricaturé l’utilitarisme comme une philosophie bourgeoise centrée sur le profit.
Un courant anglo-saxon méconnu
Contrairement à la philosophie allemande, l’utilitarisme est pragmatique et empirique. Il se fonde sur l’observation des faits et cherche des solutions concrètes, ce qui le rend souvent incompatible avec les traditions philosophiques abstraites et spéculatives qui ont dominé le continent européen.
3. Bentham et la question du plaisir
Une vision quantitative du plaisir
Bentham considère que tous les plaisirs se valent, tant qu’ils produisent du bien-être. Il écrit : « Préjugé à part, le jeu d’épingle, à plaisir égal, vaut la poésie. » Cela signifie que :
* Il n’y a pas de hiérarchie entre les plaisirs intellectuels et physiques.
* Un plaisir simple (comme jouer à un jeu d’épingle) a autant de valeur qu’une expérience artistique.
* Ce qui compte est la quantité de plaisir produit, et non sa nature.
Une critique par Stuart Mill
John Stuart Mill contestera cette vision trop mécanique du plaisir en insistant sur une distinction entre plaisirs supérieurs et inférieurs. Il soutiendra qu’il vaut mieux être Socrate insatisfait qu’un imbécile satisfait, introduisant ainsi une dimension qualitative dans l’utilitarisme.
4. L’héritage ambigu de l’utilitarisme
Une pensée influente, mais controversée
Onfray rappelle que l’utilitarisme a influencé :
* La politique publique (calcul coûts-bénéfices, justice sociale).
* Les sciences économiques et la théorie du marché.
* Les débats éthiques contemporains, notamment sur l’euthanasie, l’expérimentation animale et la bioéthique.
Cependant, cette pensée a aussi été caricaturée comme une justification du libéralisme économique et du pragmatisme froid, alors qu’elle visait avant tout le bien-être collectif.
Une opposition persistante avec la philosophie continentale
L’opposition entre philosophie anglo-saxonne et continentale se reflète encore aujourd’hui dans :
* Le rejet du pragmatisme en France, où la philosophie reste largement spéculative.
* La domination des héritages kantien et hégélien, qui privilégient une vision abstraite de la morale.
* La réticence à voir l’éthique comme une science expérimentale, ce que proposaient Bentham et Mill.
💡 Conclusion
Michel Onfray met en lumière la marginalisation de l’utilitarisme en France, victime de préjugés et de malentendus historiques. Il souligne l’importance de réhabiliter cette pensée pragmatique, qui propose une approche rationnelle et empirique de la morale, plutôt que des abstractions dogmatiques.
📚 Philosophes mentionnés
* Platon (env. 428 av. J.-C. – 348 av. J.-C.) — Philosophe idéaliste, influençant la pensée politique.
* Épicure (341 av. J.-C. – 270 av. J.-C.) — Philosophe matérialiste et hédoniste.
* Lucrèce (env. 94 av. J.-C. – env. 55 av. J.-C.) — Poète et philosophe épicurien.
* Pierre Gassendi (1592 – 1655) — Philosophe empiriste et matérialiste.
* René Descartes (1596 – 1650) — Philosophe rationaliste, défenseur du dualisme.
* Baruch Spinoza (1632 – 1677) — Philosophe rationaliste et panthéiste.
* Jean-Jacques Rousseau (1712 – 1778) — Philosophe des Lumières, théoricien du contrat social.
* Claude-Adrien Helvétius (1715 – 1771) — Philosophe des Lumières, théoricien du bonheur collectif.
* Paul-Henri Thiry d’Holbach (1723 – 1789) — Philosophe matérialiste, critique du christianisme et défenseur d’une éthique rationaliste.
* Jeremy Bentham (1748 – 1832) — Philosophe et juriste anglais, fondateur de l’utilitarisme moderne.
* William Godwin (1756 – 1836) — Philosophe et écrivain britannique, associé au proto-anarchisme et au rationalisme utilitariste.
* Victor Cousin (1792 – 1867) — Philosophe français, promoteur de l’idéalisme hégélien en France.
* John Stuart Mill (1806 – 1873) — Philosophe utilitariste et libéral.
* Karl Marx (1818 – 1883) — Philosophe et économiste, critique du capitalisme.
* Friedrich Nietzsche (1844 – 1900) — Philosophe allemand, critique du rationalisme et du christianisme.
* Gilles Deleuze (1925 – 1995) — Philosophe français, auteur de Le Pli. Leibniz et le baroque.
* Michel Foucault (1926 – 1984) — Philosophe français, historien des systèmes de pensée.
Crédits : Michel Onfray et la Contre-histoire de la philosophie