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Or
1. Introduction
Dans cette conférence de l’Université populaire, Michel Onfray poursuit son exploration de l’utilitarisme en s’intéressant à la manière dont Jeremy Bentham conçoit la morale hédoniste. Plus précisément, il s’agit de voir comment Bentham propose d’évaluer le plaisir et la vertu à l’aide de critères mesurables, une approche qui repose sur le principe du "thermomètre moral".
2. Bentham et la quantification du plaisir
Bentham considère que le plaisir peut être évalué objectivement selon six critères : intensité, durée, certitude, étendue, fécondité et pureté. Cette approche mathématique du plaisir permet, selon lui, de déterminer ce qui est moralement souhaitable. Cependant, Onfray critique cette vision en soulignant l’imprécision de Bentham sur la définition même du plaisir, ainsi que les limites de son raisonnement subjectif.
3. L’éthique conséquentialiste : une alternative au kantisme
Contrairement à Kant et à la tradition philosophique qui postule des valeurs absolues, Bentham adopte une approche conséquentialiste : il n’existe pas de bien et de mal intrinsèques, seule compte l’évaluation des conséquences d’un acte en fonction de l’augmentation ou la diminution du plaisir global. Ce pragmatisme heurte les traditions dogmatiques (Platon, Aristote, le christianisme) et pose la question de la pertinence du calcul rationnel appliqué à la morale.
4. La fabrication de la vertu : les quatre règles de Bentham
Bentham identifie quatre principes permettant de construire une vertu morale :
* La prudence personnelle, qui concerne la gestion de son propre plaisir.
* La prudence extra-personnelle, qui régit les relations avec autrui.
* La bienveillance effective négative, qui consiste à s’abstenir d’infliger du mal.
* La bienveillance effective positive, qui consiste à générer du plaisir chez autrui.
Onfray insiste sur l’importance du calcul dans cette éthique et critique l’idée que la bienveillance soit toujours récompensée en retour.
5. L’anticolonialisme cynique de Bentham
Bentham défend une position anticolonialiste non pas pour des raisons morales mais économiques : il considère que les colonies sont trop coûteuses à entretenir et qu’il vaut mieux s’en débarrasser pour favoriser la prospérité nationale. Cette posture utilitariste est mise en contraste avec celle de Condorcet, qui défend l’abolition de l’esclavage sur des bases républicaines et humanistes, mais dont la prudence politique retardera la mise en application.
6. Dépénalisation de l’homosexualité : un raisonnement juridique
Dans son "Essai sur la pédérastie" (1785), Bentham défend la dépénalisation de l’homosexualité, non par engagement progressiste, mais par refus des peines inutiles. Il argue que l’homosexualité ne nuit ni à la paix publique ni à la sécurité des individus et qu’elle contribue même à l’augmentation du plaisir global. Onfray souligne toutefois la confusion de Bentham entre homosexualité, bisexualité et pédérastie.
7. Les droits des animaux et l’éthique utilitariste
Bentham est l’un des premiers philosophes à inclure les animaux dans la réflexion morale, en affirmant qu’ils sont capables de plaisir et de souffrance. Il prône l’interdiction de la souffrance animale inutile, mais considère que leur mise à mort reste justifiable si elle est utile à l’homme. Son raisonnement influencera les penseurs modernes de la cause animale, notamment Peter Singer.
💡 Conclusion
Michel Onfray met en lumière la complexité et les contradictions de Bentham, partagé entre une éthique individualiste et une approche politique pragmatique. Loin d’être une pensée purement hédoniste, l’utilitarisme de Bentham se veut une tentative de rationalisation de la morale, qui repose toutefois sur des axiomes discutables. Son influence se retrouve dans des domaines variés, de l’abolition de l’esclavage à la question du droit des animaux.
📚 Philosophes et concepts mentionnés
* Platon (env. 428-348 av. J.-C.) – Philosophe grec, fondateur de la théorie des idées et défenseur du bien absolu.
* Aristote (384-322 av. J.-C.) – Philosophe grec, précurseur de l’éthique de la vertu.
* Socrate (env. 470-399 av. J.-C.) – Philosophe grec, maître de Platon, partisan du questionnement éthique.
* Emmanuel Kant (1724-1804) – Philosophe allemand, théoricien de l’impératif catégorique et du devoir moral absolu.
* Jeremy Bentham (1748-1832) – Philosophe britannique, fondateur de l’utilitarisme et du panoptique.
* Marcel Mauss (1872-1950) – Sociologue français, auteur de L’Essai sur le don, influençant la réflexion sur les échanges sociaux.
* Peter Singer (né en 1946) – Philosophe australien, promoteur du droit des animaux et de l’éthique utilitariste moderne.
Crédits : Michel Onfray et la Contre-histoire de la philosophie
1. Introduction
Dans cette conférence de l’Université populaire, Michel Onfray poursuit son exploration de l’utilitarisme en s’intéressant à la manière dont Jeremy Bentham conçoit la morale hédoniste. Plus précisément, il s’agit de voir comment Bentham propose d’évaluer le plaisir et la vertu à l’aide de critères mesurables, une approche qui repose sur le principe du "thermomètre moral".
2. Bentham et la quantification du plaisir
Bentham considère que le plaisir peut être évalué objectivement selon six critères : intensité, durée, certitude, étendue, fécondité et pureté. Cette approche mathématique du plaisir permet, selon lui, de déterminer ce qui est moralement souhaitable. Cependant, Onfray critique cette vision en soulignant l’imprécision de Bentham sur la définition même du plaisir, ainsi que les limites de son raisonnement subjectif.
3. L’éthique conséquentialiste : une alternative au kantisme
Contrairement à Kant et à la tradition philosophique qui postule des valeurs absolues, Bentham adopte une approche conséquentialiste : il n’existe pas de bien et de mal intrinsèques, seule compte l’évaluation des conséquences d’un acte en fonction de l’augmentation ou la diminution du plaisir global. Ce pragmatisme heurte les traditions dogmatiques (Platon, Aristote, le christianisme) et pose la question de la pertinence du calcul rationnel appliqué à la morale.
4. La fabrication de la vertu : les quatre règles de Bentham
Bentham identifie quatre principes permettant de construire une vertu morale :
* La prudence personnelle, qui concerne la gestion de son propre plaisir.
* La prudence extra-personnelle, qui régit les relations avec autrui.
* La bienveillance effective négative, qui consiste à s’abstenir d’infliger du mal.
* La bienveillance effective positive, qui consiste à générer du plaisir chez autrui.
Onfray insiste sur l’importance du calcul dans cette éthique et critique l’idée que la bienveillance soit toujours récompensée en retour.
5. L’anticolonialisme cynique de Bentham
Bentham défend une position anticolonialiste non pas pour des raisons morales mais économiques : il considère que les colonies sont trop coûteuses à entretenir et qu’il vaut mieux s’en débarrasser pour favoriser la prospérité nationale. Cette posture utilitariste est mise en contraste avec celle de Condorcet, qui défend l’abolition de l’esclavage sur des bases républicaines et humanistes, mais dont la prudence politique retardera la mise en application.
6. Dépénalisation de l’homosexualité : un raisonnement juridique
Dans son "Essai sur la pédérastie" (1785), Bentham défend la dépénalisation de l’homosexualité, non par engagement progressiste, mais par refus des peines inutiles. Il argue que l’homosexualité ne nuit ni à la paix publique ni à la sécurité des individus et qu’elle contribue même à l’augmentation du plaisir global. Onfray souligne toutefois la confusion de Bentham entre homosexualité, bisexualité et pédérastie.
7. Les droits des animaux et l’éthique utilitariste
Bentham est l’un des premiers philosophes à inclure les animaux dans la réflexion morale, en affirmant qu’ils sont capables de plaisir et de souffrance. Il prône l’interdiction de la souffrance animale inutile, mais considère que leur mise à mort reste justifiable si elle est utile à l’homme. Son raisonnement influencera les penseurs modernes de la cause animale, notamment Peter Singer.
💡 Conclusion
Michel Onfray met en lumière la complexité et les contradictions de Bentham, partagé entre une éthique individualiste et une approche politique pragmatique. Loin d’être une pensée purement hédoniste, l’utilitarisme de Bentham se veut une tentative de rationalisation de la morale, qui repose toutefois sur des axiomes discutables. Son influence se retrouve dans des domaines variés, de l’abolition de l’esclavage à la question du droit des animaux.
📚 Philosophes et concepts mentionnés
* Platon (env. 428-348 av. J.-C.) – Philosophe grec, fondateur de la théorie des idées et défenseur du bien absolu.
* Aristote (384-322 av. J.-C.) – Philosophe grec, précurseur de l’éthique de la vertu.
* Socrate (env. 470-399 av. J.-C.) – Philosophe grec, maître de Platon, partisan du questionnement éthique.
* Emmanuel Kant (1724-1804) – Philosophe allemand, théoricien de l’impératif catégorique et du devoir moral absolu.
* Jeremy Bentham (1748-1832) – Philosophe britannique, fondateur de l’utilitarisme et du panoptique.
* Marcel Mauss (1872-1950) – Sociologue français, auteur de L’Essai sur le don, influençant la réflexion sur les échanges sociaux.
* Peter Singer (né en 1946) – Philosophe australien, promoteur du droit des animaux et de l’éthique utilitariste moderne.
Crédits : Michel Onfray et la Contre-histoire de la philosophie