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Or
1. Introduction
Dans cette conférence, Michel Onfray conclut son analyse de Jérémy Bentham en explorant les fondements du libéralisme économique et de son utopie. Il s’attache à démontrer que, contrairement à une idée reçue, le libéralisme repose autant sur une vision utopique du monde que le socialisme. À travers Bentham, il revient sur les origines du libéralisme moderne et ses implications philosophiques, politiques et sociales.
2. Le libéralisme comme utopie
Onfray remet en cause l’idée selon laquelle le libéralisme serait pragmatique et réaliste, tandis que le socialisme serait une pure construction intellectuelle déconnectée du réel. Il démontre que le libéralisme repose sur des présupposés philosophiques et théologiques, notamment l'idée que la main invisible du marché génère un ordre naturel. Cette croyance est analogue à une théodicée où le marché joue le rôle d’une instance régulatrice quasi divine.
3. Bentham et la justification du libéralisme
Bentham est un théoricien du bonheur collectif qui postule que l’augmentation de la richesse des nations profite inévitablement aux individus qui la composent. Son raisonnement repose sur un axiome contestable : l’enrichissement d’une nation entraînerait mécaniquement celui de ses habitants. Or, Onfray souligne qu’en réalité, le libéralisme engendre la paupérisation, un phénomène où la concentration des richesses au sommet s’accompagne d’une augmentation de la misère.
4. L’économie libérale : un dogme et ses contradictions
Le libéralisme de Bentham repose sur une série de principes intangibles, parmi lesquels :
* La suppression des impôts et taxes pour favoriser l’économie.
* La dérégulation des marchés et l’abolition des protections sociales.
* La mise au travail de tous, y compris des femmes, enfants et invalides.
* L’éloge de la consommation et du luxe, censés stimuler l’économie.
* L’idée que le chômage est un phénomène passager, résolu par l’adaptabilité des travailleurs.
Ces principes restent identiques aujourd’hui et illustrent l’utopie libérale, qui considère que le marché s’autorégule et conduit inéluctablement à une société harmonieuse. Onfray met en évidence l’influence de cette pensée sur les politiques économiques contemporaines.
5. La paupérisation et la réponse libérale
Contrairement à ce que prétendent les libéraux, l’essor du capitalisme ne réduit pas la pauvreté mais l’intensifie. Onfray rappelle que dans l’Angleterre du XIXe siècle, le libéralisme entraîne :
* Le travail des enfants et des femmes dans des conditions inhumaines.
* L’explosion de la prostitution et de l’alcoolisme.
* Une pollution massive due à l’industrialisation sans contrôle.
* Un accroissement des inégalités sociales et de la mortalité infantile.
Face à cette situation, Bentham propose une solution disciplinaire et carcérale plutôt qu’une réponse sociale. Il suggère notamment :
* Un fichage des pauvres et des sans-abris afin de les contrôler.
* Un système de délation rémunérée, où les citoyens dénoncent les indigents aux autorités.
* L’extension du modèle carcéral à la société entière, avec une surveillance généralisée.
6. Le panoptique : contrôle et surveillance comme solutions
Bentham conçoit le panoptique, une prison circulaire où un seul gardien peut surveiller tous les détenus sans être vu. Ce modèle devient un paradigme du contrôle social, appliqué non seulement aux prisons mais aussi aux écoles, aux usines et aux hôpitaux. Onfray souligne que cette logique de surveillance et de discipline, théorisée par Michel Foucault, est toujours à l’œuvre dans nos sociétés contemporaines.
7. La critique des droits de l’homme
Bentham s’oppose aux droits de l’homme et à l’égalité juridique, considérant que ces principes entravent la liberté du marché. Il critique notamment :
* Le droit de résistance à l’oppression.
* L’imprescriptibilité des libertés fondamentales.
* L’idée d’une égalité naturelle entre les individus.
Pour lui, la loi et l’État doivent être réduits au strict minimum, se limitant à la police, l’armée et la collecte des impôts nécessaires au maintien de l’ordre.
💡 Conclusion
John Stuart Mill s’éloigne du libéralisme absolu en montrant qu’il repose sur une vision utopique du marché, censé s’autoréguler naturellement. Contrairement à Bentham, qui défend un capitalisme sans entrave, Mill prône un État régulateur pour protéger les plus vulnérables et éviter la paupérisation.
Son opposition au modèle disciplinaire de Bentham et sa critique du panoptique soulignent son attachement à la liberté et à la justice sociale. En intégrant une dimension morale et humaniste à son utilitarisme, Mill pose les bases d’un socialisme tempéré, conciliant progrès économique et protection sociale.
📚 Philosophes et concepts mentionnés
* Adam Smith (1723-1790) – Économiste écossais, père du libéralisme économique et de la théorie de la main invisible.
* Jeremy Bentham (1748-1832) – Philosophe britannique, théoricien de l’utilitarisme et du panoptique.
* Robert Owen (1771-1858) – Réformateur socialiste britannique, promoteur d’un socialisme coopératif.
* Charles Fourier (1772-1837) – Penseur utopiste français, défenseur d’un modèle social alternatif.
* Karl Marx (1818-1883) – Philosophe et économiste allemand, critique du capitalisme et théoricien du communisme.
* Mikhaïl Bakounine (1814-1876) – Philosophe anarchiste russe, opposé au capitalisme et à l’autorité étatique.
* Flora Tristan (1803-1844) – Féministe et socialiste française, témoin des conditions de vie ouvrières en Angleterre.
* Michel Foucault (1926-1984) – Philosophe français, auteur de Surveiller et punir, analyse du panoptique et du contrôle social.
Crédits : Michel Onfray et la Contre-histoire de la philosophie
1. Introduction
Dans cette conférence, Michel Onfray conclut son analyse de Jérémy Bentham en explorant les fondements du libéralisme économique et de son utopie. Il s’attache à démontrer que, contrairement à une idée reçue, le libéralisme repose autant sur une vision utopique du monde que le socialisme. À travers Bentham, il revient sur les origines du libéralisme moderne et ses implications philosophiques, politiques et sociales.
2. Le libéralisme comme utopie
Onfray remet en cause l’idée selon laquelle le libéralisme serait pragmatique et réaliste, tandis que le socialisme serait une pure construction intellectuelle déconnectée du réel. Il démontre que le libéralisme repose sur des présupposés philosophiques et théologiques, notamment l'idée que la main invisible du marché génère un ordre naturel. Cette croyance est analogue à une théodicée où le marché joue le rôle d’une instance régulatrice quasi divine.
3. Bentham et la justification du libéralisme
Bentham est un théoricien du bonheur collectif qui postule que l’augmentation de la richesse des nations profite inévitablement aux individus qui la composent. Son raisonnement repose sur un axiome contestable : l’enrichissement d’une nation entraînerait mécaniquement celui de ses habitants. Or, Onfray souligne qu’en réalité, le libéralisme engendre la paupérisation, un phénomène où la concentration des richesses au sommet s’accompagne d’une augmentation de la misère.
4. L’économie libérale : un dogme et ses contradictions
Le libéralisme de Bentham repose sur une série de principes intangibles, parmi lesquels :
* La suppression des impôts et taxes pour favoriser l’économie.
* La dérégulation des marchés et l’abolition des protections sociales.
* La mise au travail de tous, y compris des femmes, enfants et invalides.
* L’éloge de la consommation et du luxe, censés stimuler l’économie.
* L’idée que le chômage est un phénomène passager, résolu par l’adaptabilité des travailleurs.
Ces principes restent identiques aujourd’hui et illustrent l’utopie libérale, qui considère que le marché s’autorégule et conduit inéluctablement à une société harmonieuse. Onfray met en évidence l’influence de cette pensée sur les politiques économiques contemporaines.
5. La paupérisation et la réponse libérale
Contrairement à ce que prétendent les libéraux, l’essor du capitalisme ne réduit pas la pauvreté mais l’intensifie. Onfray rappelle que dans l’Angleterre du XIXe siècle, le libéralisme entraîne :
* Le travail des enfants et des femmes dans des conditions inhumaines.
* L’explosion de la prostitution et de l’alcoolisme.
* Une pollution massive due à l’industrialisation sans contrôle.
* Un accroissement des inégalités sociales et de la mortalité infantile.
Face à cette situation, Bentham propose une solution disciplinaire et carcérale plutôt qu’une réponse sociale. Il suggère notamment :
* Un fichage des pauvres et des sans-abris afin de les contrôler.
* Un système de délation rémunérée, où les citoyens dénoncent les indigents aux autorités.
* L’extension du modèle carcéral à la société entière, avec une surveillance généralisée.
6. Le panoptique : contrôle et surveillance comme solutions
Bentham conçoit le panoptique, une prison circulaire où un seul gardien peut surveiller tous les détenus sans être vu. Ce modèle devient un paradigme du contrôle social, appliqué non seulement aux prisons mais aussi aux écoles, aux usines et aux hôpitaux. Onfray souligne que cette logique de surveillance et de discipline, théorisée par Michel Foucault, est toujours à l’œuvre dans nos sociétés contemporaines.
7. La critique des droits de l’homme
Bentham s’oppose aux droits de l’homme et à l’égalité juridique, considérant que ces principes entravent la liberté du marché. Il critique notamment :
* Le droit de résistance à l’oppression.
* L’imprescriptibilité des libertés fondamentales.
* L’idée d’une égalité naturelle entre les individus.
Pour lui, la loi et l’État doivent être réduits au strict minimum, se limitant à la police, l’armée et la collecte des impôts nécessaires au maintien de l’ordre.
💡 Conclusion
John Stuart Mill s’éloigne du libéralisme absolu en montrant qu’il repose sur une vision utopique du marché, censé s’autoréguler naturellement. Contrairement à Bentham, qui défend un capitalisme sans entrave, Mill prône un État régulateur pour protéger les plus vulnérables et éviter la paupérisation.
Son opposition au modèle disciplinaire de Bentham et sa critique du panoptique soulignent son attachement à la liberté et à la justice sociale. En intégrant une dimension morale et humaniste à son utilitarisme, Mill pose les bases d’un socialisme tempéré, conciliant progrès économique et protection sociale.
📚 Philosophes et concepts mentionnés
* Adam Smith (1723-1790) – Économiste écossais, père du libéralisme économique et de la théorie de la main invisible.
* Jeremy Bentham (1748-1832) – Philosophe britannique, théoricien de l’utilitarisme et du panoptique.
* Robert Owen (1771-1858) – Réformateur socialiste britannique, promoteur d’un socialisme coopératif.
* Charles Fourier (1772-1837) – Penseur utopiste français, défenseur d’un modèle social alternatif.
* Karl Marx (1818-1883) – Philosophe et économiste allemand, critique du capitalisme et théoricien du communisme.
* Mikhaïl Bakounine (1814-1876) – Philosophe anarchiste russe, opposé au capitalisme et à l’autorité étatique.
* Flora Tristan (1803-1844) – Féministe et socialiste française, témoin des conditions de vie ouvrières en Angleterre.
* Michel Foucault (1926-1984) – Philosophe français, auteur de Surveiller et punir, analyse du panoptique et du contrôle social.
Crédits : Michel Onfray et la Contre-histoire de la philosophie