Bonjour et bienvenue dans Comment C'est Arrivé Là ? Pour bien vous accompagner en cette veille de vacances de Noël, on va parler de la couleur qui s'impose dans une partie des rayons jouets pour les assistants lutins du Père Noël, je parle bien entendu du rose. C'est la seule couleur lavée de blanc qui porte un nom différent de la couleur d'origine : le rouge.
Dans les premiers temps on parle de couleur de rose, référence faite à la fleur pour décrire des tons allant du rouge-violet au rouge-orangé lavés de blanc bien entendu. On en trouve les premières références dans "L'instruction sur la teinture des laines" de 1671. Les teintes sont obtenue par teinture ou par usure dûe au lavage depuis bien plus longtemps.
Au théâtre ou à l'opéra par exemple, on ne montre pas la nudité avant les années 1960-70. On la suggère, en faisant porter aux artistes des collants couleur rose, dont la teinte s'approche plus de ce qu'on appelle "chaire" aujourd'hui. Simplement, à l'époque, on ne parle pas de ce qu'on désire cacher. Plus trivialement, ces maillots de corps s'utilisent aussi dans les foires ou s'exhibent des Hercules ou lutteurs.Et là, on peut remarquer que le rose est une couleur ou une appellation qui est principalement utilisée pour habiller des messieurs.
On remonte à l'antiquité. Nos voisins les romains utilisaient du tissus de couleur rouge pour fabriquer les tuniques des légionnaires. Alors, oui, pour le volet spirituel, c'est un hommage au dieu Mars, qui, tel la planète portant son nom fait du rouge sa couleur emblème. Mais pour un pendant plus terre à terre, le sang se voit beaucoup moins sur un tissu rouge. Aussi, lorsqu'un légionnaire est bléssé au combat, s'il saigne, il est plus que probable que son adversaire ne remarque pas sa blessure, ou du moins, l'endroit d'où le sang sort. Cette stratégie permet de dissimuler une faible blessure, ou de différer la découverte d'une atteinte plus importante.
Le rouge, couleur du sang, restera l'appanage des hommes pendant de longs siècles, le rose, plus atténué s'associera naturellement aux garçons. Quelques exceptions se relèvent cependant pour les femmes. Les dames de sang royal peuvent porter la pourpre, même à la chasse, où par tradition, on réserve la veste rouge aux messieurs. Et dans un registre plus trivial, le rouge est la couleur de la prostitution. On désigne les maisons-closes par une lanterne rouge, les prostituées portent des robes rouges, ou dans certains landers allemands un ruban jaune sur la poitrine pour signaler leur profession... Ce qui explique que le rose sera attribué à tout ce qui a un lien avec l'érotisme : le carré rose des films pour adultes, le téléphone ou le minitel rose... Mais nous sommes bien loin des références à l'enfance.Alors, comment le rose est-il passé de couleur dite de garçon à couleur de fille, surtout pour la layette ?
Jusqu'au milieu du XIXe siècle, on habille les bébés en leur taillant de la layette dans des restes de tissus, ou en recoupant pour eux des vêtements d'adultes usés, donc colorés mais souvent délavés. L'essort du mouvement hygéniste sur la deuxième partie des années 1800 fait privilégier le blanc, qui ne risque pas de délaver si on le fait bouillir, pour le trousseau des nouveaux-nés.
À partir du début des années 1900, on commencera à parer de détails roses les tenues des petits garçons, pour marquer les différencier des filles. Au départ un chapeau, puis un revert de col ou de manche, une chemise, un gilet...Les années 1920 et les filles commencent à obtenir de la layette bleue. Il s'agit désormait d'identifier au premier coup d'oeil le sexe du bébé, et la tendance va s'accroitre jusque dans les années 1940.Filles en bleu, garçons en rose ou rouge, ça ne vous évoque rien ? Regardez-bien les couleurs dont sont vêtus Marie et Joseph dans la crèche, vous devriez y voir un lien.Et la bascule ? Elle nous vient comme beaucoup de nos références moderne de l'autre côté de l'Atlantique, quand le concepteur Matel lance sa célèbre poupée dont le nom est associé à un rose fushia très caractéristique.Effet commercial ? Bien entendu, car la couleur déterminant désormais si un jouet plutôt neutre est destiné à un garçon ou une fille, plus question de le passer du frère à la soeur ou inversement. Il faut en acheter un second, de la bonne couleur !Ce qui se déclinera sur un certain nombre de produits à destination des adultes, créant ainsi la fameuse taxe rose qui fait grincer des dents les compte en banque de nombreuses femmes.
Pour étendre un peu les références, au Japon, le rose est associé à la couleur des fleurs de cerisiers. Il symbolise le côté éphémère de la vie et est associé aux samouraïs. En Inde, il est la couleur de Ganesh, le dieu à tête d'éléphant fils de Shiva, et fait référence à la sagesse.Je vous souhaite de très joyeuses fêtes de fin d'année et je vous retrouverai avec plaisir en 2023. En attendant, j'espère que vous verrez la vie en rose à l'écoute du Son Unique.