Comment c'est arrivé là ?

Comment c'est arrivé là ? Adopte un coeur


Listen Later

Bonjour et bienvenue à tous dans Comment C'est Arrivé Là ? Ha le printemps et le retour de la saison des amours... Aujourd'hui nous allons donc revenir sur l'origine des sites de rencontre. 
Comment faisaient nos ancêtres pour se rencontrer en fonction de leur classe sociale, évidemment ! Ne mélangeons pas les torchons avec les serviettes, aux prix du tissus, vous n'y pensez pas ma bonne dame !
Alors, il y a les classiques alliances entre deux parties pour mutualiser des terres, des commerces, ou, des armées. Gardons l'esprit pratique n'est-ce pas ! Que ces alliances se fassent via un représentant du culte, parce que c'est toujours plus facile de faire céder une résistance en invoquant une volonté divine, ou par une aide extérieure (le beau-frère de la tante, de l'amie...), qu'importe. Avec un peu d'imagination et d'organisation voir de complicité, une personne habile peut aisément donner l'impression d'une rencontre fortuite. Moyennant finances ou avantage, bien entendu. Certaines lettres à des journaux de l'ancien régime évoquent également la volonté de jeunes femmes de sortir du couvent pour se marier plutôt que de prendre le voile... 
Les premières agences officielles arrivent en France avec la Révolution et les deux principales publient un feuillet de propagande pour permettre à des bourgeois d'épouser en toute bonne consciences des femmes de la noblesse... Après tout, c'est bien ainsi que viendra le nouvel ordre social et naîtrons de bons petits citoyens !
Viendrons ensuite les "agences d'affaires", qui servent aussi bien à contracter un prêt, qu'à organiser un voyage ou bien à rencontrer un associé ou pourquoi pas conclure une alliance plus personnelle. D'ailleurs, au vu de la très forte concurrence, notamment sur Paris, certaines se spécialisent dans le marché du mariage afin de se distinguer des autres, le plus connus sera Claude Villaume, qui après avoir tenté d'assassiner Napoléon 1ier lui demandera une exclusivité pour son agence. L'homme est connu sur la place publique et sa notoriété assure le succès matériel de son entreprise. Son principal successeur, Mr Defois, qui commence son activité dans les années 1830, lui, utilisera plutôt son carnet d'adresse constitué de l'aristocratie de l'époque pour asseoir sa réputation. Il fera d'ailleurs enregistrer sa profession par les tribunaux, ce qui le place comme le premier agent matrimonial officiel. L'un comme l'autre utilisent aussi bien leur catalogue que la presse, tout en garantissant célérité et discrétion.
La presse reviendra sur le marché du mariage dans la deuxième moitié du XIXième, par le biais des annonces. Même si l'anonymat est garanti, car c'est très mal vu d'utiliser ce genre de méthode de rencontre, les annonces rencontre un franc succès.
Si les femmes sont majoritairement inscrites, notamment chez Mr Defois, c'est parce qu'elles sont les cibles, et bien plus rarement les clientes de ces agences. Elles ignorent même pour la plupart figurer dans les registres, tout comme le montant de leur dot. Le rapport ? Simplement que la rémunération de l'agent se fait par le versement de 5% du montant de la dite dot suite au mariage. Ce qui amènera des tribunaux à poser la question du consentement réel et éclairé des faibles femmes riches.
Je parlais de mauvaise réputation des agences et des annonces car l'escroquerie au mariage existe bel et bien ! D'autant plus qu'à l'époque, le mariage sert plus à s'assurer une condition sociale qu'à témoigner de sentiments amoureux. Surtout quand les registres témoignent de personnes à rémunérer pour des informations sensibles telles que les domestiques, le notaire, le confesseur... Ha la loyauté, la notion de secret professionnel, et leur non résistance à l'appât du gain...
Dans un contexte social moins huppé, les annonces matrimoniales côtoient ou cache parfois de la prostitution, voir pire. Le tristement célèbre Désiré Landru trouvait ses victimes via ces annonces par exemple. D'où l'échange d'une dizaine de lettres en moyenne avant de consentir à rencontrer physiquement la personne. À l'époque la coupe de cheveux à la garçonne est un critère pouvant repousser les messieurs, car signe d'une trop grande émancipation et potentiellement de mœurs dissolues. Tout comme le port de lunettes chez un homme passe pour un atout vraiment très sexy. 
Pendant la première guerre mondiale, le phénomène des marraines de guerre, ces femmes volontaires pour correspondre avec des soldats sans famille s'éteignit rapidement car, un certain nombre utilisait ce biais pour des rencontres matrimoniale, voir purement charnelles !
Dans l'entre-deux guerre, la politique nataliste de la France remet les annonces au goût du jour, mais la presse spécialisée se régionalise, évitant aux femmes de se déraciner pour trouver ou retrouver un époux. Paradoxalement, ce mode de rencontre reste un tabou. Il s'amenuisera d'ailleurs à la fin de la seconde guerre mondiale avant de revenir dans les années 80 puis via le minitel et aujourd'hui internet, avec ses codes, et ses suspicions d'escroqueries.
De nos jours, malgré l'abondance de sites dédiés, le sujet reste un tabou. Certains préfèreront prétendre s'être rencontrés à la bibliothèque par exemple. D'autres encore, malgré notre époque décomplexée, n'assument pas leur recherche à visée purement charnelle et tentent vainement de le dissimuler à leur interlocutreur/trice. Qui s'en rend généralement compte très rapidement, et s'agace, non pas de la volonté de froisser des draps, on apprécie toujours de plaire, mais plutôt de la tentative d'escroquerie. Personne n'aime se sentir pris pour un(e) imbécile.
Alors le mieux pour trouver la compagnie que vous cherchez, ça reste comme depuis toujours de l'assumer. Parce qu'assumer, c'est sexy !
Je vous souhaite une belle journée, à l'écoute du son unique !
Lien source pour en savoir plus  : https://www.youtube.com/watch?v=T4Z5QJshiUg&ab_channel=NotaBonus
...more
View all episodesView all episodes
Download on the App Store

Comment c'est arrivé là ?By SUN | Le Son Unique