Bonjour tout le monde et bienvenue dans Comment C'est Arrivé Là ? En cette fin du mois d'avril, abordons le sujet qui nous titille tous : Beltane.
Ce sabbat païen est le miroir de Samhain. Là où fin octobre, on célèbre la nuit, le repos, le mystère de ce qui est enfoui, ) Beltane, on célèbre le soleil, la vitalité, la reprise des activités de jour.
L'origine du nom de Beltane se dispute plusieurs sources. Certains prétendent qu'il s'agirait du nom gaelic du mois de mai "Bealtaine". avec diverses orthographes selon la région (irlandaise, galloise, écossaise...) D'autres relient cette fête aux dieux gaulois Bélénos (le soleil) et Belissama déesse du foyer et de l'artisanat du métal et du verre. Chez nos voisins germains et nordiques, cette fête a également lieu sous le nom de nuit de Walpurgis, mais a longtemps été interdite par l'église car associée aux sabbat de sorcières.
Il faut dire que les symboliques rituelles ne se portent pas vraiment dans le sens des principes catholiques, surtout à la Renaissance. On allume des grands feux en l'honneur du soleil, quel que soit le nom sous lequel on le vénère, et on fait passer les troupeaux entre deux foyers pour les protéger contre les maladies. De là à y voir une consécration des animaux par les portes de l'enfer, l'analogie peut advenir rapidement. Par contre, au vu de la sécheresse qui s'annonce, si jamais vous n'êtes pas pressés d'hériter, faîtes plutôt rouler le fauteuil de mamie Lucette entre deux bougies, les pompiers vous remercient. Si vous êtes Mamie Lucette et que vos descendants ne se plient pas à ce petit rituel, je vous suggère de revoir le montant des chèques d'anniversaire à la baisse, et de partir en voyage avec les économies réalisées.
On retrouve également notre ami Georges le Vert et sa Dame de l'Aurore pour des rites de fertilité. Les couples partaient construire de petite cahutes dans les bois. La nuit de Beltane, ils rejoignaient ces cahutes et ne revenaient que le lendemain, à l'aube les bras chargés de fleurs des bois et de végétaux utilisés pour orner le mat de mai. Si la nuit ne semble pas le meilleur moment pour la cueillette, à l'origine Beltane se célébrait lors de la première pleine lune de mai. Donc la visibilité pouvait s'avérer suffisante.
D'ailleurs, le mariage du légendaire Robin des Bois et de sa belle Marianne auraient lieu à Beltane, puisqu'ils seraient les incarnations moyenâgeuses et chevaleresques de Georgie et Aurore. Se marier avant de se reproduire, c'est quand même plus socialement acceptable à certaines époques. Les robes des mariées de cette époque étaient souvent vertes d'ailleurs. Comment ça, on aurait adapté des croyances spirituelles en légendes inspirées des modes du moment pour préserver une tradition ou un culte devenu dangereux ?
Serait-il possible que les histoires ne soient pas toujours écrites par les vainqueurs ? Ou, tel Robin qui maitrisait l'art du déguisement, la tradition choisit la ruse et la dissimulation pour perdurer, au nez et à la barbe d'un clergé la regardant d'un mauvais oeil ? Ce n'est qu'une hypothèse.
Les arbres de mai, autre rituel, consistent à entourer un mât ou un jeune arbre de rubans. On attache un côté au tronc, et on confie l'autre extrémité à des personnes pour qu'en dansant autour, elles entrecroisent les rubans et ainsi "tissent" l'arbre. Je ne vous ferai pas de dessin sur la symbolique du mât, d'autant moins que je viens de parler de fertilité. Je vous invite juste à retrouver ma dernière chronique, celle d'avant les vacances, pour le cas où vous souhaiteriez interpréter très concrètement certains rites. N'oubliez pas de vous protéger. Oui, je parle de préservatifs.
Et si vous vous sentez d'humeur moins ardente, les couronnes de fleurs permettent également d'honorer Beltane. D'ailleurs, il est de tradition que les rosières, ces jeunes femmes mises à l'honneur pour leur bonne conduite dans certains villages de France, soient désignées pendant le mois de mai. Mois que l'Eglise catholique a dévolu à Marie, et dont les mariages étaient exclus pendant plusieurs siècles.
D'ailleurs notre ami Georges le Vert reprend la légende de Saint Georges dont la fête était il y a peu, et que nos voisins Anglais ont célébré dimanche dernier. Tué par le Géant (Mort), il est ressuscité par le Fou (Soleil) puis il tue le Dragon (Hiver), au cours d’une pièce mimée du printemps.
Ha, la vie, cet éternel recommencement !
Je vous souhaite une belle journée à l'écoute de Sun