Bonjour à toutes et tous et bienvenue dans Comment C'est Arrivé Là ? Aujourd'hui, partons à la découverte d'un univers que j'affectionne particulièrement : le burlesque !
Le terme burlesque vient de l'italien burlesco dérivé lui-même de burla, « farce, plaisanterie ». Il désigne un registre littéraire en vogue au XVIIe siècle. Il se caractérise par l'emploi de termes comiques, familiers voire vulgaires pour évoquer des choses nobles et sérieuses.
Il s'agit de provoquer le rire en tournant en dérision le sujet abordé. Le plus célèbre auteur de théâtre burlesque français est Molière, qui dans chacune de ses pièces ridiculise un ou plusieurs travers de ses contemporains qui se prennent trop au sérieux à travers ses personnages.
Quelques centaines d'années plus tard, on le retrouvera sous ce sens au cinéma, avec notamment le style de Chaplin.
Evidemment, nos voisins anglais s'emparent de la chose et le revisitent à leur sauce. Contrairement à leur réputation culinaire, sur le plan du burlesque, ils en créent un style sympa. Nous sommes donc à Londres, dans les années 1830. Oui, ils ont un petit temps de retard, comme tous les copieurs, n'est-ce pas ?
Alors on l'appellera travestissement, extravaganzza, parce qu'à l'époque, on utilise des terme italien pour se la jouer connaisseur en art. D'autres l'appelleront burlesque Victorien, en hommage à la reine. Ou c'était une couche de cirage pour éviter la censure ? J'ai comme un doute. Le principe ? Plutôt que de reprendre les pièces française ayant fait le succès du genre, les anglais reprennent des classiques, des pièces à la mode et en font une parodie, souvent musicale. Et pour bien terminer de ne pas se prendre au sérieux, on distribue les rôles à des femmes qu'on dévêtit un peu histoire d'attirer le chaland. Contrairement à la scène d'introduction des Visiteurs, ces Anglaises là ne se font pas prier pour montrer leurs chevilles, ni même leurs mollets. Si ça nous semble risible, à l'époque, c'est d'un érotisme torride.
Comme de bien entendu, ainsi que le chantait Albert Préjean, la mode s'exporte outre Atlantique, et c'est aux Etats-Unis que ce qu'on appelle les "leg show", littéralement les spectacles en jambes se développent. Ils conservent cependant une mauvaise réputation et sont souvent mélangés avec des minstrel show, qui présentent des numéros de chants, de danses, d'humoristes... Ces derniers sont souvent des blancs qui se noircissent le visage, puis, après la guerre de Sécession par des afros-américains eux-mêmes. Au vu de la représentations des personnages, caricaturés à l'extrème, les minstrel show s'arreteront dans les années 1950 avec les mouvements anti-racistes.
Alors s'il y a eu un petit mouvement de recul des leg show au début des années 1870, à partir des années 1880, le succès revient ! Les costumes se minimalisent, surtout ceux des femmes, comme par hasard. Et tant qu'à faire, puisque le publique est là pour mater, autant lui offrir ce qu'il attend. Les chorégraphies deviennent un peu plus suggestives, l'humour grivois, et les numéros s'enchainent sans lien particuliers les uns avec les autres.
Entre 1900 et 1920, deux compagnies s'affrontent : la Columbia Amusement Company ou Columbia Wheel, et l’American Wheel. À noter que la Columbia censure un peu plus ses artistes, mais qu'une grande partie finira à Brodway. Quoi? De la censure en burlesque ? On se replonge dans les mentalités de l'époque. Certains mouvements sont réputés être réservés au noirs et malséants pour des blancs. Lesquels ? Mais tous ceux qui sont sexuellement explicites ! Surtout les déhanchés.
À partir des années 20, le spectacle burlesque évolue vers le strip-tease, qui en deviendra l'élément principal. Avec quelques codes cependant, et des accessoires permanents tels que les nippies, ou cache-tétons, ainsi que les cache-sexe, il y a des bornes aux limites, comme dirait Maurice !
On attribue les premiers nippies agrémentés de pompons à la Ziegfeld Girl américaine Carrie Finnell (1900-1963), connue pour contrôler ses muscles pectoraux au point qu'elle arrivait à faire sortir ses seins l'un après l'autre hors de sa robe.
Les années 1930 et la crise économique provoquent le déclin des petits théâtres, et des accès de puritanisme repoussent les leg show vers les lieux de plus en plus mal famés jusqu'à la fin des années 40. Il vivote jusque dans les années 70, ou le flower power a rendu la nudité assez courante dans les théâtres, ce qui signe l'arrêt des show burlesques.
Mais ! Au début des années 1990, plusieurs artistes, nostalgiques du glamour et du spectacle reprennent les codes et la lingerie de jeune filles de leurs grand-mère, et monte à nouveau des spectacles d'effeuillage burlesque. De nos jours, le néo burlesque se développe et s'ouvre autant aux numéros classiques qu'à des numéros plus engagés, symboliquement voir même politiquement. L'icone incontournable, Ditta Von Tease, rend ses lettres de noblesse à cet art bien souvent victime de préjugés. Et dans certaines villes de France, nous avons même la possibilité de s'y initier de manière plus ou moins assidue.
Pour ma part, j'en m'en vais coller mes nippies, enfiler bas, gants, et quelques autres vêtements parsemés de strass. Je vous souhaite une journée pleine de paillettes sur Sun Radio !