Comment c'est arrivé là ?

Comment c'est arrivé là ? La Belle Cocotte


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Je vous ai parlé des vêtements de dessous, des vêtements de dessus, abordons maintenant la coiffure. 
Aborder, c'est le terme exact, puisque la coiffure dont je vais vous parler aujourd'hui prend son origine dans une bataille navale entre les marines royales française et anglaise en juin 1778. Pour ceux qui voulaient entonner "au 31 du mois d’août", vous attendrez votre tour !
Notre histoire commence sur le pont de la frégate La Belle Poule, en 1778.
Pour vous présenter un peu La Belle Poule, c'est la grande sœur de l'Hermione, de 13 ans son aînée, elle est armée de 26 canons de 12 livres, et porte un équipage de 270 hommes, et déplace 650 tonneaux. Dans son historique, elle présente deux voyages aux Antilles, entre 1767 et 1768; une campagne de recherche de routes maritimes plus rapides dans l'océan Indien, et en 1777, elle transporte de France aux Amérique Silas Deane, l'émissaire de Benjamin Franklin et les précieux traités d'alliance, d'amitié et de commerce franco-américains, excusez du peu... Il est même arrivé que les Anglais la prenne pour une frégate américaine se cachant sous pavillon français, ce à quoi le précédent commandant Charles de Bernard de Marigny, avait répondu :
« Je suis la Belle Poule, frégate du Roi de France ; je viens de la mer et je vais à la mer. Les bâtiments du Roi, mon maître, ne se laissent jamais visiter. »
C'est donc dans ce contexte un peu tendu que, le 17 juin 1778 au soir, la frégate de 12, La Belle Poule, 26 canons, sous le commandement de monsieur Chadeau de la Clocheterie engage le combat contre l'anglaise HMS Arethusa, 34 canons, au large de Roscoff, après avoir refusé de ses rendre malgré les sommations. 
Au bout de 4h de combat, l'Arethusa perd un mât et bat en retraite sous protection de la flotte anglaise. Mais si côté français on déplore 30 morts et une centaine de blessé, il n'en reste pas moins que la victoire est indiscutable et surtout c'est la première de la Royale depuis 1756 !
Si Louis XVI se sert de son combat pour déclarer la guerre à Georges III ; son cousin anglais, à Versailles l'ambiance est tout autre. En effet, Léonard, le coiffeur de la reine décide de créer pour l'occasion une coiffure avec une réplique de la Belle Poule couronnant les cheveux relevés (un exemple ici https://rochefortenhistoire.wordpress.com/2015/04/19/la-coiffure-dite-a-la-belle-poule/). La mode fait fureur et le symbole est repris les coiffures devenant synonymes de liberté et d'indépendance. Les dames deviennent ainsi "les belles poules".
La mode des pouf "à la circonstance" perdure, et le modèle porté dans les cheveux s'accorde alors aux évènements d'actualité : une feuille de pomme de terre pour promouvoir le légume et lutter contre les famines, un cyprès ou une corne d'abondance pour symboliser le nouveau règne... Il y a même eu un modèle créé avec force de symboliques pour l'inoculation du roi et de son frère contre la petite vérole. 
Les belles poules catégorisent alors les dames aux coiffures extravagantes, la mode de la cour se propageant petit à petit en dehors pour aller vers le plus commun.
Quelques dizaines d'années plus tard, ce sont les demi-mondaines, elles aussi extravagantes dans leurs apparences, qu'on surnommera "les cocottes", appellation familière des poules, faisant ainsi un écho ironique aux "belles poules" du siècle précédent.
Et plus récemment, c'est familièrement que certains désigneront leur amie de coeur ou leur belle du moment d'un "c'est ma poule". N'en déplaise à certains fâcheux, il n'y a donc aucun lien dans cette expression avec un quelconque oiseau de basse-cour, en revanche si les machos insistent en ce sens, ils pourraient fort bien se faire voler dans les plumes.
Je vous laisse à l'écoute de Maurice Chevalier d'humeur un peu taquine ce matin : ha !  Si vous connaissiez sa poule !.
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Comment c'est arrivé là ?By SUN | Le Son Unique