Bonjour à tous et bienvenue dans Comment C'est Arrivé Là?. En ce premier avril, je vous rappelle de rester vigilant… puisque cette journée est traditionnellement réservée aux canulars en tous genre. Une excellente occasion pour moi d'aller chercher les origine de cette journée !
On retrouve la plus ancienne trace écrite attestée de l'expression « poisson d'avril » dans le "Doctrinal du temps présent" de Pierre Michault datant de 1466 ; elle y désigne un « entremetteur, intermédiaire, jeune garçon chargé de porter les lettres d'amour de son maître ». Fallait-il savoir se glisser dans les eaux tumultueuses du secret pour cacher à des jugements trop sévères un amour naissant ? Où bien s'agissait-il de se préserver de la jalousie dans le cas de quelque gourmand qui courtisait plusieurs galantes à la fois ? À chacun sa vision de l'amour je suppose !
Mais au vu de son évolution 230 ans plus tard, où elle commence à prendre un sens de mystification, et de tromperie, notamment dans la biographie du duc Charles V de Lorraine par Jean de Laburne en 1691, j'ai dans l'idée que certains messieurs indélicats ont un peu trop cherché à tenter de jouer les maîtres du harem dans une vision occidentalisée de la chose.
Ce qui se confirme en 1718 dans le Dictionnaire de l'Académie française où « donner un poisson d'avril » signifie « obliger quelqu'un à faire quelque démarche inutile pour avoir lieu de se moquer de lui ». Toute référence à l'actualité serait purement fortuite...
Certains relient le poisson d'avril à la Pâques chrétienne qui marque la fin du jeûne du carême, le poisson prenant une place alimentaire importante à cette période. De plus, l'ichthus chrétien, symbole graphique représentant un poisson, est souvent interprété comme un acronyme du nom de Jésus utilisé du Ier au IVe siècle et le mot poisson serait une corruption du mot Passion...
Une autre hypothèse, très médiatisée, associe la date du 1er avril à la réforme calendaire au XVIe siècle. Au Moyen Âge, dans plusieurs villes et régions européennes, la date du début de l'année variait entre Noël, 1er mars, 25 mars qui correspondaient au Jour de l'an selon le calendrier julien. Le 25 mars notamment associait la fête de l'Annonciation à Marie avec la tradition de s'échanger des étrennes.
En France, dans les provinces mais dans celles où l'année civile commençait le 25 mars, il était courant de prolonger les fêtes mariales jusqu'au 1er avril.
Le roi Charles IX décide, par l'Édit de Roussillon en 1564, que l'année débuterait désormais le 1er janvier, marque du rallongement des journées, au lieu de fin mars, arrivée du printemps.
Le pape Grégoire XIII étend cette mesure à l'ensemble de la chrétienté avec l'adoption du calendrier grégorien en 1582.
Selon la légende, beaucoup de personnes eurent des difficultés à s'adapter au nouveau calendrier, d'autres n'étaient pas au courant du changement et continuèrent à célébrer le 1er avril selon l'ancienne tradition. Pour se moquer, certains profitèrent de l’occasion pour raconter de fausses histoires et offraient de faux poissons correspondant à la fin du carême. Ainsi naquit le fameux poisson d’avril, le jour des fous, le jour de ceux qui n’acceptent pas la réalité ou la voient autrement.
Une autre origine placerait au 1ier avril l'usage d'ouvrir la saison de pêche ou de la suspendre, afin de respecter la période de reproduction. Pour faire un cadeau aux pêcheurs, tout en les taquinant un peu, car la pêche était soit trop facile (abondance le jour d'ouverture), soit infructueuse (jour de suspension), on leur offrait un hareng.
Il se dit qu'à peu près à la même époque, une habitude populaire se serait installée : on accrochait subrepticement un vrai poisson dans le dos des gens. Comme les habits étaient plus larges, les victimes ne s'en apercevaient pas tout de suite. Ceux qui connaissent le poids d'un poisson pourront mettre en doute cette hypothèse. Sans compter que je reste dubitative de la forte présence de poissons rouges (ou autre de même taille) dans les rivières de France. L'idée était que le poisson devenait de plus en plus gluant et puant. Ainsi serait né l'habitude de faire ce jour-là, des plaisanteries ou des mystifications. Sur ce point, les archives historiques mentionnant les dates d'ouverture de pêche rendent cette hypothèse improbable.
Ailleurs dans le monde ? En Inde, lors de la fête de Holi, la coutume propose de se faire des plaisanteries notamment en essayant de s'asperger mutuellement de couleurs (ce qui est plus sympa que le coup du poisson malodorant). Elle a lieu généralement en mars au début du printemps selon le calendrier hindou.
Je vous souhaite une journée colorée, à l’écoute du son unique.