Bonjour à toutes et tous et bienvenue dans Comment C'est Arrivé Là ? En ce lendemain de Saint Patrick, je vous offre toute ma compassion si vous avez encore mal aux cheveux d'avoir trop bien rendu hommage au protecteur catholique de l'Irlande.
S'il vous reste un peu de cerveau disponible, parlons donc de l'histoire de la bière.
Bouclez soigneusement vos ceintures nous remontons loin ! Bienvenue en Mésopotamie, au 6ième siècle avant JC, pour l'invention accidentelle de cette boisson très prisée.
L'alimentation de base est alors principalement composée de pain, qui au vu du climat sèche vite. Pour éviter de s'y casser les dents, on le trempe donc dans de l'eau. Un Sumérien un peu étourdi, ou très occupé, ou rappelé en urgence par son chef/sa femme qui sait, il s'agissait peut-être de la même personne, laissa son déjeuner en plein soleil. Intervention de quelque divinité incarnée en levure naturelle, la soupe au pain fermenta et devient la bière sous le nom de Sikaru (pain liquide). Il semblerait que les chez les dieux antiques, quelqu'un aime jouer au petit chimiste... La boisson se consomme avec une paille, pour filtrer le solide du liquide, et s'aromatise de dattes, de miel, ou même de cannelle.
Par la suite, à Babylone et en Égypte, on boit un vin d'orge, le Zhytume, qui s'impose rapidement comme la boisson nationale. À l'époque, c'est parfois une source de liquide plus sûre que l'eau... On fait rôtir l'extérieur d'un pain d'orge au feu de bois, qu'on plonge ensuite dans une eau sucrée là encore avec des dattes, du miel, et des épices. Quand le pain est bien ramolli, on le piétine jusqu'à obtenir une sorte de mélasse, puis, on laisse le mélange fermenter à l'air libre. (désolée, le temps de fermentation n'est pas indiqué, il manque un hiéroglyphe sur le papyrus,) Enfin, on filtre le tout qu'on conserve dans des jarres en terre cuite fermées avec un bouchon d'argile.
Au même moment, en Chine, il se brasse du Tisou, une boisson à base de millet fermenté, qui demande rapidement à ses consommateurs de chercher les murs, parce que le sol les abandonne.
Et en Europe ? Les romains boivent le vin de Céres en hommage à la Déesse de la terre et célébrée lors des moissons. En revanche, les gaulois ont eux inventé le tonneau, qui en permet un transport plus facile et une meilleur conservation. Pour ça, je vous renvoie à ma chronique sur le champagne du 7 janvier. Mais côté celtique, on n'est pas en reste, puisqu'on consomme de la cervoise aromatisée aux plantes, ce qui permet aux romain de la qualifier de "boisson de barbarre". En effet, les peuples celtes et germains ajoutent souvent à cette boisson de céréales fermentées quelques plantes ou racines présentes dans leur région afin d'en améliorer le goût. C'est ainsi qu'on trouvera des bières à la lavande dans le sud de la Gaule, ou aux baies de genévrier dans des régions plus au nord de ce territoire.
Nous allons à nouveau passer quelques siècles, et nous reposer aux alentours de l'an mille dans une abbaye... C'est à peu près à cette époque que les moines introduisent le houblon dans la recette de la cervoise. En effet, à cette époque le Gruit, nom donné au mélange de plantes qu'on associe à la bière est soumis à une taxation. Chaque région a son propre Gruit et ses propres taxes associées. Les religieux étant exemptés de taxes, il était donc plus facile pour eux de continuer à brasser. Le houblon, plante facilement trouvable s'invite alors dans la composition du mélange. L'abbesse Hildegarde de Bigen, célèbre herboriste du XIIième siècle décrira ses propriétés antiseptiques, notamment dans les boissons, relevant ainsi la faculté de la plante pour la conservation. Philippe le Bon, Duc de Bourgogne, en imposera l'usage à ses brasseurs, et apportera le terme "bière" qui à l'époque s'écrit avec 2 "R" dans le vocabulaire français trois cent ans après les publications de la religieuse.
Ce cher Philippe, très féru d'esprit de chevalerie, créera même l'ordre du Houblon d'Or. Il se dit que lui et son père Jean Sans Peur, ont grandement favorisé l'essor de cette production et notamment dans la ville de Lille et ses alentours. Le Duché de Bourgogne rassemblait à l'époque une grande partie du Nord Est de la France actuelle, ainsi que de la Belgique, du Luxembourg...
C'est à la même époque qu'en Bavière, on commencera à utiliser les techniques de fermentation basse.
Et notre bière actuelle alors ? Il faut pousser jusqu'au XIXième siècle et l'arrivée de l'industrialisation. En 1860, la ville de Pilsen améliore sa technique de fermentation et nous obtenons la fameuse Pils dorée, "la blonde", qui va alors se populariser dans le monde entier.
Tout comme pour le champagne, les travaux sur la réfrigération à partir de 1875, puis sur la pasteurisation et les levures permettront une production industrielle et une exportation massive de cette boisson bon marché et populaire.
Pour ce qui est de la mousse, c'est une question de goût personnel, mais c'est la même histoire que pour le champagne. Maintenant qu'on maitrise le processus, il ne reste plus qu'à doser lors du service.
Depuis les années 1970, soit presqu'un siècle plus tard, les bières artisanales et les micro-brasseries font leur retour, pour notre plus grand plaisir.
Alors n'oubliez surtout pas Modération lorsque vous vous livrez à une dégustation, et profitez sans réserve du son unique sur Sun.