La caméra est une sorte de fétiche – Filmer au Moyen-Orient
« À une époque où nous sommes bombardés d'images, à la télévision ou sur Internet, qu'il s'agisse d'informations ou de progr
... moreBy Collège de France
La caméra est une sorte de fétiche – Filmer au Moyen-Orient
« À une époque où nous sommes bombardés d'images, à la télévision ou sur Internet, qu'il s'agisse d'informations ou de progr
... moreThe podcast currently has 36 episodes available.
Amos Gitaï
Collège de France
Création artistique
Année 2018 - 2019
Traverser les frontières
Chronique d'un assassinat
Comment un événement historique est transposé dans différents médiums artistiques : fiction, documentaire, expositions, pièces de théâtre
Le Dernier jour d'Yitzhak Rabin (2015), extraits
« Quand Rabin a été assassiné, le 4 novembre 1995, j'ai senti qu'une page de l'histoire israélienne moderne avait été tournée. J'ai toujours trouvé que cet endroit du monde est… comme un volcan. À l'échelle de la planète, ce n'est pas le conflit le plus important : au cours des deux dernières années, il y a eu plus de morts en Syrie qu'en cent ans de conflit israélo-palestinien. Mais il a une très grande force symbolique pour différentes raisons. D'abord c'est vraiment une collision entre une société occidentalisée et l'Orient. Ce petit territoire est aussi le lieu de naissance des trois religions monothéistes, le judaïsme, le christianisme et l'islam. Ensemble, ces trois religions diffusent une imagerie très forte sur toute la planète, alors que la distance entre la mer et le Jourdain n'atteint même pas cent kilomètres ! Donc ce petit territoire a une très forte valeur symbolique. »
Dans ce contexte, le problème de l'artiste, du cinéaste, de l'écrivain est de savoir quoi faire quand on vit près d'un volcan. Quelle forme artistique peut-on proposer ? Quelle est la bonne distance ? Cela signifie que puisqu'on est au milieu d'une situation très dramatique, une sorte de feuilleton ininterrompu, il faut imposer une perspective, et ce n'est pas facile. Donc il y a quelques années, nous avons décidé de faire ce projet sur l'assassinat de Rabin comme une sorte de geste de mémoire et même avec l'espoir que parfois, lorsqu'on ressuscite la mémoire, cela peut faire bouger les choses. Mais nous devons rester modestes : l'art n'est pas le moyen le plus efficace de changer la réalité. La politique ou les mitraillettes ont un effet beaucoup plus direct. Mais parfois l'art agit à retardement en conservant la mémoire, cette mémoire que le pouvoir voudrait effacer car il appelle à l'obéissance et ne veut pas être dérangé, il ne veut pas de dissidence. Si les artistes restent fidèles à leur vérité intérieure, ils produisent un travail qui voyage dans le temps, même s'il n'a pas un impact immédiat. J'espère que c'est ce que nous faisons avec cette présentation multiforme, un film, des expositions et une pièce de théâtre autour de l'assassinat d'Yitzhak Rabin.
• Film : Le Dernier jour d'Yitzhak Rabin (2015)
4 novembre 1995. Yitzhak Rabin, Premier ministre israélien, l'homme des accords d'Oslo et Prix Nobel de la paix, est assassiné sur la place des Rois d'Israël à Tel Aviv après un long discours contre la violence et pour la paix. Son assassin est un étudiant juif religieux d'extrême droite. Vingt ans après, Amos Gitaï revient sur cet événement traumatisant. Replaçant l'assassinat dans son contexte politique et sociétal, le film mêle reconstitutions et images d'archives.
Amos Gitaï
Collège de France
Création artistique
Année 2018 - 2019
Traverser les frontières
Mythologies et mémoires collectives
Le défi de se saisir d'un héritage culturel
Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l'esprit de l'exil (1991), extraits
À l'époque, je vis à Paris et je me fixe comme règle de ne pas faire, tant que j'y vis, de documentaires sur Israël. J'ai envie de commencer à faire de la fiction. Je décide de prendre un texte biblique, Le Livre d'Esther, pour commencer. Je suis attiré par sa beauté, sa simplicité, sa structure. Les Juifs ont utilisé ce texte, au cours des générations précédentes, comme un territoire élargi : des membres de communautés disséminées dans le monde entier, dans des géographies et sous des régimes différents, ont continué à l'étudier et à le méditer tout en étant séparés ou exilés de leur territoire d'origine. Je me dis : pourquoi pas moi ? Pourquoi ne pas regarder ce texte qui devient métaphorique si je le prends d'un point de vue non religieux et si je l'applique à une forme de fiction ? J'en ai une connaissance intime, il a une résonance dans mon esprit, c'est un bon début. Ça, c'est l'attirance pour ce texte. Mais ensuite, il y a ce qui m'en éloigne. J'ai toujours besoin de ces deux mouvements pour commencer un projet. Donc je cherche un angle indirect pour observer la réalité, une structure indirecte ou parabolique. Et l'histoire d'Esther offre cette possibilité. Et troisièmement, j'aime détourner les mythologies existantes, questionner la validité de certaines vérités établies. Dans la mémoire collective, l'histoire d'Esther est celle de la victoire d'un peuple opprimé qui se libère de ses oppresseurs. Mais on oublie souvent la fin du texte : celle de la vengeance inutile qui est racontée par le scripteur biblique. Je veux rappeler cette partie qui a été oubliée et questionner le cycle de la vengeance et la permutation permanente oppresseur / opprimé.
• Films : Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l'esprit de l'exil (1991)
Conçu comme une série de tableaux vivants, Esther est le premier long métrage de fiction d'Amos Gitaï et le premier volet de sa « trilogie de l'exil » (avec Berlin Jérusalem et Golem, l'esprit de l'exil).
La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres, d'après La Guerre des Juifs, de l'historien antique Flavius Josèphe, raconte la fin de la souveraineté juive en Palestine en 73 ap. J.C, après la guerre contre les Romains, la prise de Jérusalem, la destruction du Temple et la chute de Massada. Dans ce spectacle créé au Festival d'Avignon (2009), Jeanne Moreau incarne Flavius Josèphe.
« Je rapporterai avec exactitude ce qui s'est passé dans les deux camps, mais, dans mes réflexions sur les événements, je laisserai paraître mes sentiments et je laisserai ma douleur personnelle s'exprimer sur les malheurs de ma patrie. Car ce sont des dissensions intestines qui l'ont détruite, cette patrie, et ce sont les tyrans juifs qui ont attiré sur le Saint Temple les coups et les torches des Romains qui voulaient l'épargner (…). Et comme ce n'est la faute d'aucun étranger, je n'ai pu retenir mes lamentations. Si quelqu'un leur refuse toute indulgence, qu'il porte les faits au compte de l'histoire et les larmes au compte de l'historien. » (Flavius Josèphe, La Guerre des Juifs, traduit du grec par Pierre Savinel, Editions de Minuit, 1977, préface de Pierre Vidal-Naquet).
• Film : Golem, l'esprit de l'exil
À partir de l'interprétation du Golem dans la Kabbale espagnole – le Golem, incarnation de l'exil et des errants – le film explore les significations contemporaines du Livre de Ruth dans la Bible.
« Le texte biblique de Ruth a pour point de départ une histoire documentaire : une famille de Bethléem souffre de la famine et émigre à Moab, la « nouvelle terre d'exil ». Mais le narrateur de la Bible a transformé cet événement en fiction. Et c'est devenu plus qu'une fiction : un mythe sanctifié. [...] J'ai replacé les implications mythologiques dans le contexte d'aujourd'hui. La question de la création est le cadre général du film et, au sein de ce cadre, il y a un aller-retour permanent vers la question de l'exil. Ce thème du Golem est ma façon de m'interroger sur la question du langage cinématographique. Dans Golem, l'esprit de l'exil, la question centrale est celle du déracinement, qui est le fil rouge de toute la trilogie. »
(Amos Gitaï, in Yann Lardeau, Les Films d'Amos Gitaï, inédit)
Golem, l'esprit de l'exil (1991)
Personnalité invitée : Alain Schnapp
Alain Schnappest professeur émérite d'archéologie grecque (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), ancien directeur de l'UFR d'histoire de l'art et d'archéologie. Il a œuvré à la création de l'Institut national d'histoire de l'art (INHA), dont il a été le premier directeur général de 2001 à 2005. Il a été professeur invité par les universités de Princeton, Naples, Pérouse, Cambridge, Santa Monica et Heidelberg. Il est membre correspondant de l'Institut archéologique allemand et a reçu le prix de l'association des études grecques en 1988). Ses activités de recherche portent sur trois domaines distincts : l'anthropologie de l'image en Grèce ancienne, l'histoire de l'archéologie et l'étude urbaine des cités et territoires du monde grec. Il a également coordonné un programme de recherche sur une histoire comparée des ruines (FMSH/ENSBA/Paris 1/ITEM). Alain Schnapp a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels : L'Archéologie aujourd'hui (Hachette, 1980), Archéologie, pouvoirs et sociétés (CNRS, 1984), Le chasseur et la cité : chasse et érotique en Grèce ancienne (, Albin Michel 1997), un Guide des méthodes de l'archéologie (en collaboration), La conquête du passé, aux origines de l'archéologie (Carré, 1993 et 1998), L'histoire ancienne à travers 100 chefs-d'œuvres de la peinture, avec François Lebrette (Presses de la Renaissance, 2004), Ruines – Essai de perspective comparée (Les presses du réel, 2015), Piranèse ou l'épaisseur de l'histoire(INHA, 2017), et très récemment, Une histoire des civilisations. Comment l'archéologie bouleverse nos connaissances, avec Jean-Paul Demoule et Dominique Garcia (La Découverte/INRAP, 2018).
Amos Gitaï
Collège de France
Création artistique
Année 2018 - 2019
Traverser les frontières
Mythologies et mémoires collectives
Le défi de se saisir d'un héritage culturel
Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l'esprit de l'exil (1991), extraits
À l'époque, je vis à Paris et je me fixe comme règle de ne pas faire, tant que j'y vis, de documentaires sur Israël. J'ai envie de commencer à faire de la fiction. Je décide de prendre un texte biblique, Le Livre d'Esther, pour commencer. Je suis attiré par sa beauté, sa simplicité, sa structure. Les Juifs ont utilisé ce texte, au cours des générations précédentes, comme un territoire élargi : des membres de communautés disséminées dans le monde entier, dans des géographies et sous des régimes différents, ont continué à l'étudier et à le méditer tout en étant séparés ou exilés de leur territoire d'origine. Je me dis : pourquoi pas moi ? Pourquoi ne pas regarder ce texte qui devient métaphorique si je le prends d'un point de vue non religieux et si je l'applique à une forme de fiction ? J'en ai une connaissance intime, il a une résonance dans mon esprit, c'est un bon début. Ça, c'est l'attirance pour ce texte. Mais ensuite, il y a ce qui m'en éloigne. J'ai toujours besoin de ces deux mouvements pour commencer un projet. Donc je cherche un angle indirect pour observer la réalité, une structure indirecte ou parabolique. Et l'histoire d'Esther offre cette possibilité. Et troisièmement, j'aime détourner les mythologies existantes, questionner la validité de certaines vérités établies. Dans la mémoire collective, l'histoire d'Esther est celle de la victoire d'un peuple opprimé qui se libère de ses oppresseurs. Mais on oublie souvent la fin du texte : celle de la vengeance inutile qui est racontée par le scripteur biblique. Je veux rappeler cette partie qui a été oubliée et questionner le cycle de la vengeance et la permutation permanente oppresseur / opprimé.
• Films : Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l'esprit de l'exil (1991)
Conçu comme une série de tableaux vivants, Esther est le premier long métrage de fiction d'Amos Gitaï et le premier volet de sa « trilogie de l'exil » (avec Berlin Jérusalem et Golem, l'esprit de l'exil).
La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres, d'après La Guerre des Juifs, de l'historien antique Flavius Josèphe, raconte la fin de la souveraineté juive en Palestine en 73 ap. J.C, après la guerre contre les Romains, la prise de Jérusalem, la destruction du Temple et la chute de Massada. Dans ce spectacle créé au Festival d'Avignon (2009), Jeanne Moreau incarne Flavius Josèphe.
« Je rapporterai avec exactitude ce qui s'est passé dans les deux camps, mais, dans mes réflexions sur les événements, je laisserai paraître mes sentiments et je laisserai ma douleur personnelle s'exprimer sur les malheurs de ma patrie. Car ce sont des dissensions intestines qui l'ont détruite, cette patrie, et ce sont les tyrans juifs qui ont attiré sur le Saint Temple les coups et les torches des Romains qui voulaient l'épargner (…). Et comme ce n'est la faute d'aucun étranger, je n'ai pu retenir mes lamentations. Si quelqu'un leur refuse toute indulgence, qu'il porte les faits au compte de l'histoire et les larmes au compte de l'historien. » (Flavius Josèphe, La Guerre des Juifs, traduit du grec par Pierre Savinel, Editions de Minuit, 1977, préface de Pierre Vidal-Naquet).
• Film : Golem, l'esprit de l'exil
À partir de l'interprétation du Golem dans la Kabbale espagnole – le Golem, incarnation de l'exil et des errants – le film explore les significations contemporaines du Livre de Ruth dans la Bible.
« Le texte biblique de Ruth a pour point de départ une histoire documentaire : une famille de Bethléem souffre de la famine et émigre à Moab, la « nouvelle terre d'exil ». Mais le narrateur de la Bible a transformé cet événement en fiction. Et c'est devenu plus qu'une fiction : un mythe sanctifié. [...] J'ai replacé les implications mythologiques dans le contexte d'aujourd'hui. La question de la création est le cadre général du film et, au sein de ce cadre, il y a un aller-retour permanent vers la question de l'exil. Ce thème du Golem est ma façon de m'interroger sur la question du langage cinématographique. Dans Golem, l'esprit de l'exil, la question centrale est celle du déracinement, qui est le fil rouge de toute la trilogie. »
(Amos Gitaï, in Yann Lardeau, Les Films d'Amos Gitaï, inédit)
Golem, l'esprit de l'exil (1991)
Personnalité invitée : Alain Schnapp
Alain Schnappest professeur émérite d'archéologie grecque (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), ancien directeur de l'UFR d'histoire de l'art et d'archéologie. Il a œuvré à la création de l'Institut national d'histoire de l'art (INHA), dont il a été le premier directeur général de 2001 à 2005. Il a été professeur invité par les universités de Princeton, Naples, Pérouse, Cambridge, Santa Monica et Heidelberg. Il est membre correspondant de l'Institut archéologique allemand et a reçu le prix de l'association des études grecques en 1988). Ses activités de recherche portent sur trois domaines distincts : l'anthropologie de l'image en Grèce ancienne, l'histoire de l'archéologie et l'étude urbaine des cités et territoires du monde grec. Il a également coordonné un programme de recherche sur une histoire comparée des ruines (FMSH/ENSBA/Paris 1/ITEM). Alain Schnapp a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels : L'Archéologie aujourd'hui (Hachette, 1980), Archéologie, pouvoirs et sociétés (CNRS, 1984), Le chasseur et la cité : chasse et érotique en Grèce ancienne (, Albin Michel 1997), un Guide des méthodes de l'archéologie (en collaboration), La conquête du passé, aux origines de l'archéologie (Carré, 1993 et 1998), L'histoire ancienne à travers 100 chefs-d'œuvres de la peinture, avec François Lebrette (Presses de la Renaissance, 2004), Ruines – Essai de perspective comparée (Les presses du réel, 2015), Piranèse ou l'épaisseur de l'histoire(INHA, 2017), et très récemment, Une histoire des civilisations. Comment l'archéologie bouleverse nos connaissances, avec Jean-Paul Demoule et Dominique Garcia (La Découverte/INRAP, 2018).
Amos Gitaï
Collège de France
Création artistique
Année 2018 - 2019
Traverser les frontières
Le cinéma est-il plus autoritaire que la littérature ?
L'adaptation de textes littéraires
Tsili (2014), extraits
« La littérature n'a pas besoin du cinéma. Elle n'impose pas une image toute prête, qui tente d'étoffer un texte. C'est au lecteur de le faire, de différentes façons. Le cinéma est plus autoritaire. Il donne une interprétation unique d'un texte. En théorie, le cinéma est linéaire. On regarde un film du début à la fin, dans l'ordre dans lequel les séquences s'enchaînent alors qu'on peut toujours, quand on lit un roman, s'arrêter quand on veut. Je dis toujours aux écrivains que j'adapte : Je ne veux pas illustrer votre texte, car il mérite d'exister seul. Je fais cette adaptation pour créer un dialogue entre deux disciplines indépendantes. Chacun a ses propres armes. Je suis intéressé par ce processus d'interprétation : je resterai fidèle à l'esprit du projet, mais pas forcément à sa lettre. »
Tsili (2014), film en version intégrale, d'après le roman d'Aharon Appelfeld.
À voir sur Vimeo
J'ai choisi d'incarner l'histoire de Tsili, en utilisant trois protagonistes féminines : deux actrices, Sarah Adler et Meshi Olinski, et une voix, celle de Lea Koenig. Comme s'il y avait d'énormes lacunes, dans cette génération de jeunes femmes survivantes de la Shoah. Comme si manquaient les années de plaisir et de jeunesse qui ne leur seront jamais rendues. Le film a été tourné en yiddish, la langue de la diaspora européenne. Je me suis inspiré de ce qu'Aharon Appelfeld dit à Philip Roth dans Parlons travail : « La réalité de l'holocauste a dépassé n'importe quelle imagination. Si je m'en étais tenu aux faits, personne ne m'aurait cru. Mais dès l'instant où j'ai choisi une fillette un peu plus âgée que je ne l'étais à l'époque, je soustrayais « l'histoire de ma vie » à l'étau de la mémoire, et je la cédais au laboratoire de la création, dont la mémoire n'est pas le seul propriétaire. »
Roses à crédit (2010)
Au sortir de la guerre, Marjoline, une belle adolescente, arrive à Paris. Elle devient manucure dans un salon de beauté et épouse Daniel, chercheur en horticulture. Ils reçoivent en cadeau de mariage un bel appartement au confort moderne. Marjoline est au comble du bonheur. Pour le meubler, elle se couvre de dettes, malgré l'opposition de Daniel. Son désir obsessionnel de consommer va mettre leur bonheur en péril. D'après le roman d'Elsa Triolet, Roses à crédit, éditions Gallimard, collection Folio (1ère parution en 1959).
« Le film dissèque impitoyablement, et pourtant avec sensibilité, le matérialisme de la classe moyenne française de l'après-guerre […] Amos Gitaï suit habilement les méandres sentimentaux de ce mariage malheureux, lorsque l'endettement et les crédits à la consommation submergent peu à peu le romantisme du début. Le mouvement de reconstruction des années cinquante rythme la vie quotidienne, mais aussi le flux et le reflux de la relation amoureuse. » Piers Handling, Festival international du film de Toronto.
Roses à crédit (2010), version intégrale
Amos Gitaï
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Traverser les frontières
Le cinéma est-il plus autoritaire que la littérature ?
L'adaptation de textes littéraires
Tsili (2014), extraits
« La littérature n'a pas besoin du cinéma. Elle n'impose pas une image toute prête, qui tente d'étoffer un texte. C'est au lecteur de le faire, de différentes façons. Le cinéma est plus autoritaire. Il donne une interprétation unique d'un texte. En théorie, le cinéma est linéaire. On regarde un film du début à la fin, dans l'ordre dans lequel les séquences s'enchaînent alors qu'on peut toujours, quand on lit un roman, s'arrêter quand on veut. Je dis toujours aux écrivains que j'adapte : Je ne veux pas illustrer votre texte, car il mérite d'exister seul. Je fais cette adaptation pour créer un dialogue entre deux disciplines indépendantes. Chacun a ses propres armes. Je suis intéressé par ce processus d'interprétation : je resterai fidèle à l'esprit du projet, mais pas forcément à sa lettre. »
Tsili (2014), film en version intégrale, d'après le roman d'Aharon Appelfeld.
À voir sur Vimeo
J'ai choisi d'incarner l'histoire de Tsili, en utilisant trois protagonistes féminines : deux actrices, Sarah Adler et Meshi Olinski, et une voix, celle de Lea Koenig. Comme s'il y avait d'énormes lacunes, dans cette génération de jeunes femmes survivantes de la Shoah. Comme si manquaient les années de plaisir et de jeunesse qui ne leur seront jamais rendues. Le film a été tourné en yiddish, la langue de la diaspora européenne. Je me suis inspiré de ce qu'Aharon Appelfeld dit à Philip Roth dans Parlons travail : « La réalité de l'holocauste a dépassé n'importe quelle imagination. Si je m'en étais tenu aux faits, personne ne m'aurait cru. Mais dès l'instant où j'ai choisi une fillette un peu plus âgée que je ne l'étais à l'époque, je soustrayais « l'histoire de ma vie » à l'étau de la mémoire, et je la cédais au laboratoire de la création, dont la mémoire n'est pas le seul propriétaire. »
Roses à crédit (2010)
Au sortir de la guerre, Marjoline, une belle adolescente, arrive à Paris. Elle devient manucure dans un salon de beauté et épouse Daniel, chercheur en horticulture. Ils reçoivent en cadeau de mariage un bel appartement au confort moderne. Marjoline est au comble du bonheur. Pour le meubler, elle se couvre de dettes, malgré l'opposition de Daniel. Son désir obsessionnel de consommer va mettre leur bonheur en péril. D'après le roman d'Elsa Triolet, Roses à crédit, éditions Gallimard, collection Folio (1ère parution en 1959).
« Le film dissèque impitoyablement, et pourtant avec sensibilité, le matérialisme de la classe moyenne française de l'après-guerre […] Amos Gitaï suit habilement les méandres sentimentaux de ce mariage malheureux, lorsque l'endettement et les crédits à la consommation submergent peu à peu le romantisme du début. Le mouvement de reconstruction des années cinquante rythme la vie quotidienne, mais aussi le flux et le reflux de la relation amoureuse. » Piers Handling, Festival international du film de Toronto.
Roses à crédit (2010), version intégrale
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