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Cyrielle Chatelain, présidente du groupe écologiste et social à l’Assemblée nationale, est l'invitée de l'Atelier politique. Loin d'être convaincue par l'intervention télévisée récente du chef de l'État, elle dresse un constat sévère sur la fin de quinquennat qui s'annonce et plaide pour un sursaut à gauche. Elle répond aux questions de Frédéric Rivière.
Un flou persistant au sommet de l’ÉtatEmmanuel Macron a passé près de trois heures à la télévision pour préciser ses intentions pour les deux dernières années de son mandat. Pour Cyrielle Chatelain, l'exercice est resté vain. «Ces trois heures, elles n'auraient pas eu lieu, ça n'aurait rien changé.» Elle y voit davantage un retour sur le passé qu'un cap tracé pour l'avenir : «C'était une rétrospective et un bilan commenté de son action, pas quelque chose qui nous projette dans les deux prochaines années.» Elle déplore une absence de clarté sur les grandes orientations à venir, notamment en matière de réforme ou de recours au référendum.
L’écologie, grande absente du discours présidentielLe grief le plus virulent formulé par la députée écologiste est l’oubli de l’environnement. «Moins de quatre minutes», affirme-t-elle, ont été consacrées à cette question. Elle y voit le reflet d’un désintérêt plus profond : «Il n'a pas un mot pour la question environnementale. [...] Son bilan sur l'écologie, c'est rien, c'est peau de chagrin.» Elle souligne aussi l’incapacité du président à articuler les enjeux climatiques avec les défis géopolitiques : «Choisir d'évoquer la Russie sans parler de notre dépendance au gaz, les États-Unis sans évoquer le gaz de schiste... ça montre que la question environnementale ne fait pas partie de son logiciel.»
Néonicotinoïdes : un «poison» pour la santé et pour le vivantParmi les dossiers du moment, la réintroduction dérogatoire de certains pesticides suscite son indignation. «Ça tue les abeilles, ça tue les vers de terre, ça tue les oiseaux [...] c'est un poison qu'on met dans les sols, dans l'eau, dans les plantes.» Au-delà de la santé publique, la parlementaire voit dans cette orientation un choix politique dangereux : «C'est de la lâcheté. [...] Plutôt que de se confronter à la question des revenus des agriculteurs, on prend comme boucs émissaires les questions environnementales.»
L’écologie, au cœur des attentes socialesContrairement à l’idée d’une écologie perçue comme punitive, Cyrielle Chatelain affirme que les Français y sont sensibles : «Quand on parle de pouvoir d'achat, de bien manger, [...] la qualité et l'accessibilité en termes de prix, c'est un sujet important.»« Elle invite à penser la transition non pas comme un sacrifice, mais comme une amélioration possible du quotidien : «Ça devient un sacrifice quand on fait reposer toute la responsabilité [...] sur les personnes sans leur donner aucun moyen de changer.»
ZFE : comment concilier santé publique et justice sociale ?Les zones à faibles émissions (ZFE) font débat. Cyrielle Chatelain reconnaît que leur mise en place est imparfaite : «Est-ce que c'est bien fait ? Non ! Ça c'est le gouvernement.» Mais elle insiste sur leur justification : «40 000 décès par an sont attribuables à la pollution de l'air.» Pour elle, l’enjeu est sanitaire, mais la mise en œuvre doit être adaptée. Elle propose des évolutions concrètes : plus de concertation, des dérogations pour certains métiers et l'introduction de critères comme le poids des véhicules.
La France insoumise reste un partenaireInterrogée sur les tensions à gauche, elle affirme : «Oui, la France Insoumise aujourd'hui est un partenaire.» Elle réaffirme son attachement au rassemblement : «LFI ce n'est pas un programme basé sur l'exclusion, mais sur l'égalité. [...] Il faut arrêter ces divisions [...] face à un moment de bascule historique.»
Sur les accusations d'antisémitisme, elle se montre sans équivoque : «Mes collègues députés avec qui je travaille ne sont pas antisémites.» Elle reconnaît toutefois des erreurs : «L'affiche de Cyril Hanouna n'aurait jamais dû être créée.» Concernant Jean-Luc Mélenchon, elle conteste fermement ses propos sur un antisémitisme «résiduel» : «C'est une erreur absolue.»
Une menace néofasciste à l’échelle mondialeCyrielle Chatelain inscrit son propos dans une perspective globale plus sombre : «On fait l'objet d'une vague d'extrême droite, pour moi néofasciste, au niveau international.» Une montée qu'elle juge d'autant plus périlleuse qu'elle coïncide avec l'affaiblissement du camp progressiste. «C’est le seul courant politique qui fait de l’antisémitisme un projet politique», affirme-t-elle à propos de l'extrême droite. À ses yeux, cette idéologie nourrit un imaginaire structuré par «des préjugés qui infusent dans toute la société», et qui appellent un travail politique de fond.
Gaza : des mots et des mesures fortesCyrielle Chatelain qualifie sans hésiter la situation à Gaza de «génocide». Elle cite la Convention de 1948 pour appuyer son jugement : «Quand on organise une famine, quand on empêche l'aide humanitaire, [...] oui, nous sommes dans un génocide.» Elle appelle la France à des mesures concrètes : «Arrêter de vendre des armes à Israël», «mettre en œuvre le mandat d'arrêt de la CPI contre Benyamin Netanyahu», et reconnaître «l'État de Palestine».
Crise diplomatique avec l’Algérie : un ministre en causeEnfin, sur les tensions entre Paris et Alger, elle ne mâche pas ses mots : «La première [mesure], ce serait de changer le ministre de l'Intérieur.» Elle dénonce le rôle de Bruno Retailleau dans la dégradation des relations bilatérales : «Il a aussi une obsession pour l'islam et pour toutes celles et ceux qui pratiquent cette foi.»
Cyrielle Chatelain, présidente du groupe écologiste et social à l’Assemblée nationale, est l'invitée de l'Atelier politique. Loin d'être convaincue par l'intervention télévisée récente du chef de l'État, elle dresse un constat sévère sur la fin de quinquennat qui s'annonce et plaide pour un sursaut à gauche. Elle répond aux questions de Frédéric Rivière.
Un flou persistant au sommet de l’ÉtatEmmanuel Macron a passé près de trois heures à la télévision pour préciser ses intentions pour les deux dernières années de son mandat. Pour Cyrielle Chatelain, l'exercice est resté vain. «Ces trois heures, elles n'auraient pas eu lieu, ça n'aurait rien changé.» Elle y voit davantage un retour sur le passé qu'un cap tracé pour l'avenir : «C'était une rétrospective et un bilan commenté de son action, pas quelque chose qui nous projette dans les deux prochaines années.» Elle déplore une absence de clarté sur les grandes orientations à venir, notamment en matière de réforme ou de recours au référendum.
L’écologie, grande absente du discours présidentielLe grief le plus virulent formulé par la députée écologiste est l’oubli de l’environnement. «Moins de quatre minutes», affirme-t-elle, ont été consacrées à cette question. Elle y voit le reflet d’un désintérêt plus profond : «Il n'a pas un mot pour la question environnementale. [...] Son bilan sur l'écologie, c'est rien, c'est peau de chagrin.» Elle souligne aussi l’incapacité du président à articuler les enjeux climatiques avec les défis géopolitiques : «Choisir d'évoquer la Russie sans parler de notre dépendance au gaz, les États-Unis sans évoquer le gaz de schiste... ça montre que la question environnementale ne fait pas partie de son logiciel.»
Néonicotinoïdes : un «poison» pour la santé et pour le vivantParmi les dossiers du moment, la réintroduction dérogatoire de certains pesticides suscite son indignation. «Ça tue les abeilles, ça tue les vers de terre, ça tue les oiseaux [...] c'est un poison qu'on met dans les sols, dans l'eau, dans les plantes.» Au-delà de la santé publique, la parlementaire voit dans cette orientation un choix politique dangereux : «C'est de la lâcheté. [...] Plutôt que de se confronter à la question des revenus des agriculteurs, on prend comme boucs émissaires les questions environnementales.»
L’écologie, au cœur des attentes socialesContrairement à l’idée d’une écologie perçue comme punitive, Cyrielle Chatelain affirme que les Français y sont sensibles : «Quand on parle de pouvoir d'achat, de bien manger, [...] la qualité et l'accessibilité en termes de prix, c'est un sujet important.»« Elle invite à penser la transition non pas comme un sacrifice, mais comme une amélioration possible du quotidien : «Ça devient un sacrifice quand on fait reposer toute la responsabilité [...] sur les personnes sans leur donner aucun moyen de changer.»
ZFE : comment concilier santé publique et justice sociale ?Les zones à faibles émissions (ZFE) font débat. Cyrielle Chatelain reconnaît que leur mise en place est imparfaite : «Est-ce que c'est bien fait ? Non ! Ça c'est le gouvernement.» Mais elle insiste sur leur justification : «40 000 décès par an sont attribuables à la pollution de l'air.» Pour elle, l’enjeu est sanitaire, mais la mise en œuvre doit être adaptée. Elle propose des évolutions concrètes : plus de concertation, des dérogations pour certains métiers et l'introduction de critères comme le poids des véhicules.
La France insoumise reste un partenaireInterrogée sur les tensions à gauche, elle affirme : «Oui, la France Insoumise aujourd'hui est un partenaire.» Elle réaffirme son attachement au rassemblement : «LFI ce n'est pas un programme basé sur l'exclusion, mais sur l'égalité. [...] Il faut arrêter ces divisions [...] face à un moment de bascule historique.»
Sur les accusations d'antisémitisme, elle se montre sans équivoque : «Mes collègues députés avec qui je travaille ne sont pas antisémites.» Elle reconnaît toutefois des erreurs : «L'affiche de Cyril Hanouna n'aurait jamais dû être créée.» Concernant Jean-Luc Mélenchon, elle conteste fermement ses propos sur un antisémitisme «résiduel» : «C'est une erreur absolue.»
Une menace néofasciste à l’échelle mondialeCyrielle Chatelain inscrit son propos dans une perspective globale plus sombre : «On fait l'objet d'une vague d'extrême droite, pour moi néofasciste, au niveau international.» Une montée qu'elle juge d'autant plus périlleuse qu'elle coïncide avec l'affaiblissement du camp progressiste. «C’est le seul courant politique qui fait de l’antisémitisme un projet politique», affirme-t-elle à propos de l'extrême droite. À ses yeux, cette idéologie nourrit un imaginaire structuré par «des préjugés qui infusent dans toute la société», et qui appellent un travail politique de fond.
Gaza : des mots et des mesures fortesCyrielle Chatelain qualifie sans hésiter la situation à Gaza de «génocide». Elle cite la Convention de 1948 pour appuyer son jugement : «Quand on organise une famine, quand on empêche l'aide humanitaire, [...] oui, nous sommes dans un génocide.» Elle appelle la France à des mesures concrètes : «Arrêter de vendre des armes à Israël», «mettre en œuvre le mandat d'arrêt de la CPI contre Benyamin Netanyahu», et reconnaître «l'État de Palestine».
Crise diplomatique avec l’Algérie : un ministre en causeEnfin, sur les tensions entre Paris et Alger, elle ne mâche pas ses mots : «La première [mesure], ce serait de changer le ministre de l'Intérieur.» Elle dénonce le rôle de Bruno Retailleau dans la dégradation des relations bilatérales : «Il a aussi une obsession pour l'islam et pour toutes celles et ceux qui pratiquent cette foi.»