Une installation immersive, hypnotique et colorée
Plongez dans un univers où l'art transcende les limites de l'espace. Yayoi Kusama, figure incontournable de l'art contemporain, invite les spectateurs à explorer son œuvre "Dots Obsession (Infinity Mirrored Room)", créée en 1998. Cette installation, véritable prouesse artistique, est composée de miroirs recouvrant murs et plafond, créant une infinité de reflets où se perd le regard. Flottant au cœur de cet espace, des sculptures organiques d’un rouge éclatant, réalisées à partir de ballons gonflés à l’hélium, semblent défier les lois de la gravité.
Le motif des pois, caractéristique emblématique de Kusama, se répète à l’infini, générant une sensation d'immersion totale. Dans cet environnement, le visiteur perd ses repères, devenant simultanément spectateur, intrus et élément intégré à l'œuvre. Kusama résume cette expérience unique avec ces mots :
« Ma vie est un pois perdu parmi des milliers d’autres pois. »
Cette installation s'inscrit dans une trajectoire artistique où les motifs répétitifs, tels que les pois de Kusama, dialoguent subtilement avec le pointillisme des peintres postimpressionnistes, en particulier Vincent Van Gogh. Présentée dans le cadre de l’exposition "Mondes flottants, du Japonisme à l’art contemporain", elle illustre un rapprochement audacieux entre l’univers infini de Kusama et celui du peintre néerlandais. Tandis que Kusama envahit ses installations de pois, de ballons et de diodes lumineuses ("Infinity Mirror Room – Filled with the Brilliance of Life", 2011), Van Gogh peuplait ses ciels nocturnes de tourbillons d’étoiles ("La Nuit étoilée", 1888).
Ce dialogue visuel révèle une fascination commune pour des environnements immersifs où le motif devient une porte d’entrée vers l’introspection et l’imaginaire.
Le parcours de Yayoi Kusama est indissociable de sa vie personnelle marquée par des troubles psychologiques. Internée volontairement dans une clinique psychiatrique depuis 1973, Kusama puise dans ses hallucinations et son obsession pour la répétition pour façonner son « jardin intérieur ». L’art devient alors un refuge et un outil de résilience, un moyen de donner une forme tangible à son univers mental.
Un parallèle saisissant peut être établi avec Van Gogh, qui, lui aussi, a trouvé dans l’art un exutoire à ses souffrances. Interné en 1889 à l’asile de Saint-Rémy-de-Provence, il y peindra près de 150 œuvres en un an, transformant son mal-être en une production artistique foisonnante.
L’installation "Dots Obsession (Infinity Mirrored Room)", conservée à la collection des Abattoirs, Musée Frac Occitanie à Toulouse, offre une expérience unique. Entre hypnotisme et perte de repères, Kusama invite chacun à se perdre dans cet univers de reflets infinis et à questionner sa place dans l’immensité de l’existence. Une œuvre qui ne se contente pas d’être admirée : elle se vit, se ressent et, surtout, se souvient.
Une œuvre en dialogue avec les maîtres : Kusama et Van Gogh. Entre génie et souffrance : une vie dédiée à l'art.
Une œuvre à voir et à ressentir