C’est peu dire qu’on s’apprête à vivre un jour historique !
C’est peu dire que cette journée nous met en joie !
D’ici quelques heures, à 17h30, Joséphine Baker va faire son entrée au Panthéon !
L’écrivain et philosophe Régis Debray, qui a été l’un des premiers à militer pour cette intronisation ne s’y était pas trompé en déclarant, il y a huit ans, dans une tribune publiée dans les pages du Monde :
« Qu’il s’agissait de mettre un peu de vie dans un lieu lugubre et assez collé monté »…
Et surout « de transformer une panthéonisation qui est un geste pieux et tourné vers le passé, en quelque chose d’actif, d’émancipateur, tourné vers l’avenir. »
Joséphine Baker, c’est plus qu’un symbole ! C’est le visage concret, le parcours hors-norme d’une femme noire, née dans le Missouri, en 1906…Dans une ville de Saint-Louis minée par le racisme, et qui va conquérir Paris à 19 ans, se retrouvant un peu par hasard, à la tête d’un spectacle alors baptisé la « Revue Nègre », monté par le Théâtre des Champs-Élysées.
Lors de sa première apparition parisienne, elle se présente quasiment nue sur scène, uniquement vêtue d’une ceinture de plume à la taille…
Si certains crient au scandale, c’est surtout un triomphe qu’on va lui réserver…Lançant sa légende et lui faisant rapidement dire, qu’elle étouffait dans son pays d’origine, où il n’y avait pas de places pour les noirs…Alors qu’à Paris elle pouvait être elle-même !
Féministe dès l’entre-deux guerres…
Figure de la résistance pendant la Seconde Guerre Mondiale, qui lui vaudra d’ailleurs de recevoir une croix de Lorraine des mains même de Charles De Gaulle…
Militante antiraciste qui participa en 63 à la Marche sur Washington de Martin Luther King et qui prit d’ailleurs la parole à cette occasion, vêtue de son uniforme de l’Armée de l’air française et de ses médailles de résistante.
Femme visionnaire et profondément humaniste, elle qui adopta 12 enfants de nationalités et de confessions différentes, sa tribu arc-en-ciel, comme elle l’avait surnommée.
Impossible d’être exhaustif lorsqu’on évoque la mémoire de Joséphine Baker…
Ce midi, on va se concentrer les années cruciales de l’entre-deux guerres…On va tenter de voir si Joséphine Baker était alors une simple attraction « exotique », ou si elle a, au contraire, très vite fait bouger les lignes sur des questions toujours contemporaines…
On va aussi voir à quel point ces premières années parisiennes ont été le socle de tous ses engagements suivants.
Avec nous pour en parler :
Sylvie Chalaye, historienne des arts du spectacle, anthropologue des représentations coloniales et enseignante à la Sorbonne-Nouvelle…Merci d’être avec nous ce midi…
Avec vos côtés, le saxophoniste Raphaël Imbert : vous animez deux fois par mois les « 1001 Nuits du Jazz », au Bal Blomet, ex-« Bal Nègre » où Joséphine Baker avait ses habitudes. Vous lui avez aussi rendu hommage à travers des concerts et des conférences.
Nous sommes enfin en compagnie du contrebassiste Patrice Caratini : Il y a huit ans, vous lui avez consacré le spectacle « Chez Joséphine », avec la chorégraphe Raphaëlle Delaunay…Je précise qu’il était aussi question de Sidney Béchet que Joséphine Baker a rencontré sur le paquebot la conduisant en France pour la première fois.
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