Jacques Dournes (1922-1993) est un prêtre missionnaire catholique et un ethnologue français, grand spécialiste des peuples des hauts plateaux vietnamiens, srê et jarai en particulier. Il s’installe en Indochine (futur Vietnam) en 1946 alors sous une domination coloniale française qu’il réprouve. Son premier poste missionnaire (1947-1954) est situé à Kala, en pays srê. Il est ensuite nommé en 1955 à Chöreo, chez les Jarai. Il se découvre une vocation ethnologique, étudie la linguistique, se passionne pour la littérature orale et la mythologie, l’ethnobotanique jarai.
Il a 24 ans quand il arrive dans ce pays qu’il n’a pas choisi. Marqué par le scoutisme, il parviendra à répandre un esprit scout parmi les jeunes catéchumènes de son village. Il n’a qu’une valise, quelques livres, des cahiers et crayons et stylo, une machine à écrire.
Il part de l’observation des végétaux (ses dessins sont spectaculaires de précision) pour décrire la relation des êtres à leur milieu. « Ne tuez pas la forêt, écrit-il, l’humanité en perdrait le témoignage vivant d’une société harmonieuse ».
Comme Charles de Foucauld avec les Touaregs ou le Père Larre avec les Chinois, la première occupation est d’établir un dictionnaire pour laisser aux suivants les outils de communication de base : le langage.
Il ne faut pas s’imaginer le Père Jacques Dournes isolé, oublié de l’Eglise.
En 1962, il est invité à l’ouverture du Concile Vatican II Et il y retournera deux ans plus tard en tant qu’expert en missiologie.
En 1954, fin de l’Indochine française, Jacques Dournes s’installe sur les hauts plateaux. « S’il n’y a pas de place pour l’étranger, écrit-il, il faut
que je cesse d’être un étranger.
En 1968, il s’éloigne un peu de la prêtrise, puis deux ans plus tard des MEP et continuera non plus ses études mais ses recherches au sein du CNRS, soutenant sa thèse d’Etat devant Claude Levy Strauss sur le Potaö, théorie du pouvoir chez les Jörai. Lévy Strauss qui dit : « On est confondu par l’étendue de votre savoir, il est vraiment inépuisable puisque chacun de vos écrit apporte du nouveau ». Il quitte le monde missionnaire en 1970, devient chercheur au CNRS en 1972. Il est l’un des fondateurs de la revue Cahiers de littérature orale.
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