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By France Libertés • Fréquence Terre
The podcast currently has 183 episodes available.
Crise climatique, sociale, démocratique, économique, le monde de 2020 doit faire face comme jamais à des défis majeurs pour l’avenir.
Face à l’accélération des dérèglements politique, sociaux, environnementaux, il est temps de rompre avec un système libéral et productiviste qui mène l’humanité à sa perte. C’est le sens d’un texte que va présenter dans quelques temps France Libertés. Sous le titre « Radicalisme utopique », la Fondation pointe l’urgence de la situation et lance des pistes pour changer de cap.
Il y a plus de 30 ans, Danielle Mitterrand affirmait la nécessité pour l’humanité de repenser son rapport au monde. En ce début 2020, son constat est toujours d’actualité ?
« Plus encore qu’avant peut-être. Il y a 30 ans, on parlait de LUTTER CONTRE TOUTES LES OPPRESSIONS. Aujourd’hui, ces oppressions se multiplient et s’accélèrent. Donc il faut complètement reprendre les choses à la racine. Il faut repenser notre rapport au monde, repenser notre rapport aux autres, repenser notre rapport aux autres êtres vivants, et pas seulement aux êtres humains »
Vous estimez qu’il y a une multiplication des crises ?
« Oui, et c’est logique que ces crises soient liées les unes aux autres et qu’elles se multiplient. On est à la fin d’un système. On s’aperçoit que nos ressources sont de plus en plus limitées. Forcément, les personnes les plus riches ou celles qui sont au pouvoir, qui constituent une minorité, vont chercher à garder leurs privilèges au maximum. Elles voient qu’elles ne pourront plus faire autant de bénéfices en détruisant la planète. Elles vont chercher à survivre. Ce sont elles qui ont le pouvoir. Donc les crises vont se multiplier. »
Qu’est-ce qui cloche dans le monde de 2020 ?
« On voit qu’on est arrivé à bout de notre système de fonctionnement. Notre système occidental est basé sur la domination d’une poignée d’hommes sur d’autres êtres humains, mais aussi des êtres humains sur toutes les ressources planétaires. Pour qu’on produise une forme de bonheur, qui est souvent de très artificiel, on a besoin de consommer énormément, de chercher à toujours développer la croissance économique. Pour développer la croissance économique, il faut des formes d’esclavage. C’est ce qu’on voit sur le plan social où, pour faire des vêtements, on va toujours délocaliser pour les concevoir là où on va payer 30 euros ou 30 dollars du mois les gens, que ce soit au Cambodge, en Chine ou en Ethiopie. On voit qu’on est obligé de dominer certaines autres personnes. De la même façon, pour continuer cette croissance, on est obligé d’extraire énormément de ressources, d’éléments naturels du sol. En fait, on est en train d’arriver au bout. La planète ne peut plus supporter tout ça. Il en est de même des humains qui sont dominés et qui se révoltent. Donc on est vraiment sur la fin d’un système. Les crises se multiplient puisque les privilégiés ne veulent pas lâcher et vont chercher à garder leurs privilèges. »
Le système capitaliste et consumériste, que vous dénoncez dans le texte, est à bout de souffle ?
« Exactement. C’est même les systèmes capitalistes et productivistes. Même dans d’autres façons de faire société, toute l’idée qui est basée sur la croissance, sur le productivisme, de devoir toujours faire plus, on ne peut plus. Il y a des limites et on est en train de dépasser toutes les limites. »
Pourtant, les plus grandes nations continuent en ce sens. Comment contrer tout ça ?
« C’est la question à laquelle on essaie de répondre tous les jours. Les méthodes traditionnelles, qui étaient de reprendre le pouvoir notamment par les élections, nous semblent un petit peu dépassées. Il faut inventer d’autres choses. Il faut plutôt vider les Etats et les grandes multinationales de leur pouvoir en inventant d’autres formes de rapport au monde. Il faut multiplier les initiatives locales, en liant ces initiatives. Aujourd’hui, on a beaucoup d’initiatives avec une autre façon de voir le monde, un autre façon d’exercer le pouvoir, une autre façon de penser le bonheur. Il s’agit d’être plutôt dans le lien social, le lien vers les autres. Ces initiatives existent un petit peu partout. Maintenant, l’important c’est qu’elles puissent faire du lien entre elles pour convaincre de plus en plus de de gens et pour que les Etats et les multinationales n’est plus rien à se mettre sous la dent. »
Nous poursuivrons la réflexion la semaine prochaine pour voir quelles sont les autres façons de faire société que préconise la Fondation.
Pour aller plus loin :
Il y a du nouveau dans le paysage médiatique de Guyane. Radioka est né. Radioka, c’est un média en ligne amazonien. Son ambition : être le réseau d’échanges d’informations sur l’actualité du monde autochtone de Guyane. Ce nouveau média est né il y a tout juste trois mois, à la mi-octobre.
Qu’est-ce qui vous a poussé à monter ce projet et quel est l’objectif de Radioka ?
« Radioka est axé sur trois grands objectifs. C’est tout d’abord de relayer les actualités autochtones de Guyane. Mais il s’agit également de relayer les actualités autochtones de par le monde, que ce soit en Nouvelle-Calédonie, au Brésil, au Canada, aux Etats-Unis, etc… Et le plus important c’est d’apporter l’analyse des peuples autochtones sur l’actualité, que ce soit sur l’économie, les enjeux scientifiques et divers sujets. »
Quelle est la signification du nom Radioka ?
« Cela vient d’Oka, qui signifie écho, nouvelles d’ailleurs. en langue kali’na, une des langues autochtones de Guyane. »
Radioka veut donc être un espace d’expression des peuples autochtones. Cela veut dire que ces peuples n’étaient pas entendus jusqu’alors sur les médias traditionnels ?
« Pas suffisamment en tous cas et pas de la manière dont on voudrait aborder ces sujets-là. Pour pouvoir traiter un sujet comme un autochtone pourrait le faire, il faut redéfinir certains concepts, certains traits spécifiques aux autochtones. Il faut être capable de traduire quelques concepts de nos langues vers les langues européennes pour pouvoir apporter au mieux une analyse plus complète que ce que les médias actuels ont apporté jusqu’à aujourd’hui. »
Les angles choisis par les médias clastiques ne prennent pas suffisamment en compte les peuples autochtones ?
« Disons que la manière de traiter les sujet, à Guyane 1ere par exemple, c’est très académique. Cela baigne dans un contexte social où on a été exclu pendant longtemps. Du coup, la manière dont on traite le sujet enlève cet héritage social qu’ont les autochtones et les autres communautés. Cela entre en jeu dans l’analyse et la perception de toute information. »
Pour être concret, il y a un exemple des sujets que vous abordez et de la manière dont vous les traitez ?
« Le dernier article qui est paru concerne les élections municipales de 2020 à Saint-Laurent du Maroni, dans l’ouest guyanais. Dans l’interview, j’ai abordé l’héritage traditionnels, la coutume, dans les enjeux urbains. La ville est un espace urbain. Nous on vient de communautés où la tradition et les coutumes sont encore très vivants. La plupart des médias ne s’intéressent pas beaucoup à ça. Ils attaquent directement les programmes de manière frontale, par l’économie par exemple à Saint-Laurent. Or Saint-Laurent et une commune où il y a énormément de communautés différentes. Il faut vraiment prendre ça en compte. »
Vous voulez également mieux valoriser les langues et cultures autochtones ?
« Bien évidemment cela va ensemble. Dans Radioka il y aura quelques émissions qui seront en langues autochtones. Ce sera un espace pour découvrir les différentes langues qui existent en Guyane et un espace où les locuteurs peuvent pratiquer d’une autre manière. Cela pourra être un espace d’expression dans leur lague. La culture va avec. Il y aura une présentation des différentes cultures et des cultures qui ont existé avant. Parce qu’il y a eu plus de 30 peuples autochtones qui étaient présents en Guyane avant la colonisation européenne. Cela participe à l’histoire et à la manière d’aborder l’histoire. »
Vous êtes un militant autochtone, membre du réseau Jeunesse Autochtone de Guyane. Radioka est la suite logique de votre engagement ?
« C’est un projet sur lequel on a réfléchi pendant longtemps. Le militantisme est venu avec tous les enjeux politiques, mais on avait déjà réfléchi à un espace médiatique où on pouvait s’exprimer. Aujourd’hui, on va aborder plus de sujets. Il y a l’aspect politique, les enjeux environnementaux qui seront abordés. Le projet, initialement pensé il y a quelques années, s’est enrichi de notre expérience militante pour pouvoir exister. Cela revient à dire, dans quel type de société on vit, dans quel type de société on souhaiterait vivre. »
Radioka n’est pour l’instant qu’un site internet, mais a la vocation de devenir un média global, une radio avec une offre de podcast et de productions vidéo. L’idée est également d’avoir des points de production de contenus dans les différentes régions de Guyane. Radioka veut également impliquer la jeunesse guyanaise dans le projet en les intéressant aux métiers du web et du journalisme. Tout cela a un coût. Un financement participatif est en ligne, sur le post solidaire, pour mener à bien le projet.
Pour aller plus loin :
L’eau est un droit pour tous. Pourtant, aujourd’hui encore, plus de deux milliards de personnes dans le monde n’ont pas accès à l’eau potable. Et plus de quatre milliards ne bénéficient pas de réelles installations sanitaires.
Il y a pourtant un défi mondial à relever, celui fixé par les Nations Unies d’assurer à ces milliards de personnes des services d’alimentation en eau et d’assainissement d’ici 2030. De quoi leur assurer une vie digne.
Cet objectif concerne également la France. A l’occasion des élections municipales de 2020, 29 associations s’unissent à la campagne lancée par la Coalition eau et la Fondation France Libertés, « L’eau ne se mérite pas, c’est un droit ».
On connaît les difficultés, voir l’impossibilité d’accéder à l’eau et à l’assainissement dans énormément de régions dans le monde. Ce qu’on sait moins, c’est qu’en France aussi, des millions de personnes connaissent ces carences.
« En France métropolitaine on compte 1,4 millions de Français qui n’ont pas accès à des services d’alimentation domestique en eau potable gérés en toute sécurité. Ce sont des chiffres de l’OMS et de l’Unicef qui datent de 2019. Ce sont des chiffres dont on n’a pas forcément conscience. On entend toujours parler de la situation mondiale dans laquelle 40% de la population seront confrontés à des pénuries d’eau d’ici 2050. Mais on sait moins ce qui se passe en France, alors que 7,5 millions de personnes en métropole ne disposent pas de service d’assainissement géré en toute sécurité. La situation en Outre-mer est encore plus alarmante. Par exemple en Guyane, 35 000 personnes n’ont pas accès à des services d’alimentation domestique en eau potable. Ce ce sont plus de 4 700 personnes qui pratiquent la défécation en plein air. Et 16 000 personnes recueillent leur eau de boisson directement à partir de sources d’eau de surface. »
A quoi est-ce dû ?
« En France, les raisons de ces difficultés d’accès sont principalement dues à des raisons économiques et de précarité. Ce sont des estimations qui recouvrent aussi bien des personnes qui vivent dans la rue, que des personnes vivant dans des bidonvilles, dans des squats, dans leur voiture, des gens du voyage. Il y a évidemment les personnes vivant dans des camps de migrants et qui sont dépourvus de confort sanitaire de base. Et il y a ces personnes qui voient leur facture d’eau dépasser 3% du revenu du ménage. Ce sont principalement des personnes sans emploi, seules, des retraités également. On considère au niveau de l’OCDE qu’une facture d’eau qui dépasse 3% du revenu d’un ménage, ce n’est pas acceptable. »
Quelle conséquences concrètes pour ces familles touchées par ce manque d’accès à l’eau ou à l’assainissement ?
« Les familles qui sont touchées par ce manque d’accès à l’eau sont obligées de trouver des solutions intermédiaires, des plans B. Par exemple, elles vont devoir trouver des accès à l’eau beaucoup plus loin de chez elles. Cela va provoquer un manque d’hygiène et une source d’angoisse au quotidien qui perturbe la vie sociale. Il y a par exemple des enfants qui ne veulent plus aller à l’école parce qu’ils sont moqués. Dans des habitats précaires ou mal isolés, on a des cas de propagations de maladies, cela peut être très rapide. Cela concerne les populations les plus vulnérables. »
A l’occasion des élections municipales, vous avez donc lancé ce Manifeste « L’eau ne se mérite pas, c’est un droit », à destination des élus locaux, actuels et futurs. Pourquoi les impliquer eux ? C’est à l’échelon le plus local que les solutions existent ?
« On a lancé ce manifeste pour provoquer un engagement des élus et des futures élus, parce qu’ils ont un rôle à jouer pour la promotion de l’accès à l’eau et à l’assainissement en France dans leur commune. Il est proposé cinq engagements clés pour le droit à l’eau et à l’assainissement et pour surtout l’effectivité de ces droits. On propose la mise en place d’un tarif de l’eau et de l’assainissement accessible, c’est-à-dire une tarification sociale pour faire en sorte que les populations les plus vulnérables paient leur facture d’eau moins chère que les personnes les plus aisées. On propose également de garantir l’accès à des infrastructures d’eau et de toilettes publiques. Par exemple par la mise en place de fontaines à eau. Et évidemment on incite au dialogue avec tous les acteurs, toutes les parties prenantes, pour des solutions adaptées et pérennes, en comprenant les citoyens, les collectivités et les associations. Il faut savoir que les élus ont aussi un rôle à jouer au niveau à jouer au niveau international par le développement d’une coopération décentralisée pour favoriser l’accès à l’eau et à l’assainissement. »
Est-ce qu’il y des exemples d’initiatives déjà en œuvre et qui sont porteuses de solutions ?
« Un des meilleurs exemple, c’est la Ville de Paris. Depuis la création de Eau de Paris, il y a aujourd’hui une soixantaine de fontaines qui se maintiennent dans la ville, qui sont en fonctionnement, même en période de gel. Il y a la ville de Matori, en Guyane, où quatre bornes fontaines monétiques à carte ont été ouvertes. Elles permettent d’assurer l’alimentation en eau potable de zones urbaines qui ne sont pas desservies par le réseau public. Cela réduit le risque sanitaire. On compte également la communauté d’agglomération d’Arcachon-sud, qui a mis en circulation fin 2010 un accueil social ambulant de jour. C’est un camping-car itinérant qui assure un service d’accès à l’eau et à l’hygiène pour les hommes et les femmes en situation de précarité et d’errance. Et on peut citer la Métropole de Nantes qui a mis en place une tarification progressive en fonction des revenus et de la composition familiale. »
Un manifeste est en ligne, à destination des candidats aux municipales. Ils peuvent donc venir le signer. Mais après ? Comment faire pour que ce ne soit pas un engagement de façade ?
« Pour le lancement de la campagne, on était installé au Salon des Maire mi-novembre. On a eu 130 signatures en trois jours. On voit déjà un intérêt à s’engager en terme d’information et en terme moral. Mais effectivement, il ne s’agit que d’un engagement moral. Cependant, en signant et en nous laissant leurs contacts, ils nous laissent une possibilité de les recontacter. Or, il s’agit de personnes qui vont être en campagne pour les municipales dès le début de l’année 2020. Donc on a une arme. Celle de communiquer auprès des citoyens qui vont décider de l’élu pour lequel ils vont voter. Si on fait savoir au citoyen que, tel candidat s’est engagé pour l’accès à l’eau et à l’assainissement dans sa commune, cela risque évidemment de faire pencher la balance. Et à l’inverse, si le candidat, une fois élu, ne s’engage pas, on va pouvoir aller le chercher en lui rappelant son engagement et en insistant en termes de plaidoyer. Et il y a la sensibilisation des citoyens qui peuvent toujours appuyer les processus de plaidoyer auprès des élus. »
La Fondation et les ONG partenaires vont suivre ce que vont faire les élus qui se engagés en signant le manifeste, à travers notamment la mise en place d’un observatoire.
Pour aller plus loin :
Il y a un peu plus d’un an, Jair Bolsonaro était élu président de la République du Brésil. C’était le 28 octobre 2018. Les Brésiliens portaient au pouvoir cet ancien militaire proche de l’extrême droite. Depuis, ils assistent à un profond bouleversement de leur pays, tant économique, sociétal, environnemental, ou encore sécuritaire.
Muriel Pérez est photographe et auteure. Il y a un an, elle a passé plus d’un mois aux côtés de ces Brésiliens. Elle témoigne, dans un livre à paraitre prochainement, de l’ascension au pouvoir de Jair Bolsonaro et du ressenti de la population.
Muriel Pérez, vous êtes une ancienne membre de la Fondation France Libertés. Vous avez beaucoup travaillé dans le développement international. « O Coiso, la chose » est un récit sur votre voyage au Brésil de l’an dernier. Vous connaissez bien le Brésil pour y avoir vécu plusieurs années. Avant de parler de cette élection qui a changé la vie des Brésiliens, d’’abord, quel souvenir, quelle impression gardez-vous de ces années passées là-bas ?
« La première fois que j’y suis allée, c’était en 2012. Je suis arrivé à Rio, c’était l’époque vraiment dorée. On avait envie d’y aller, on avait envie d’y vivre. Tout était encore très lumineux là-bas. C’est vraiment une période très lumineuse que je garde en mémoire. C’était avant toute la période des Jeux olympiques et de la Coupe du Monde, et le début des grands mouvements sociaux qui s’opposaient à cela. Très lumineux, c’est le mot qui me vient. »
Vous y êtes donc retournée l’année dernière à l’occasion d’un festival de cinéma. Qu’est-ce qui vous a marqué en y arrivant ?
« J’y retourne depuis 2015. J’y passe trois mois dans l’année. Et à chaque fois je vois la situation changer. C’est toujours Rio qui m’impressionne le plus parce qu’il y a une augmentation de la violence qui est réelle, palpable. Même dans ma bulle des beaux quartiers de Rio, il y a des choses que je pouvais faire en 2012, il y a des rues dans lesquelles je pouvait marcher en 2012, dans lesquelles je ne peux plus marcher maintenant. Ce sont des choses tout à fait palpables. C’est ce qui est le plus marquant. L’Etat de Rio est un Etat qui est en faillite. C ‘est quelque chose qui est en train de s’effondrer. Ça évidement, ça m’a tout à fait marqué. »
« L’an dernier, j’ai passé un mois dans le Nordeste. C’était la période des élections. A ce moment-là tout était devenu politique. Il n’y avait pas une discussion qui ne retombait pas là-dessus. Tout le monde se positionnait. Même quand on passait à la caisse du supermarché, il y avait un échange là-dessus, pour qui on allait voter, qu’est-ce qui allait se passer. On montait dans un bus, on parlait avec le voisin. Tout était politique tout le temps et du coup tout très polarisé. C’était très impressionnant de voir à quel point on n’arrivait pas à penser à autre chose, à parler d’autre chose. »
Depuis l’élection, vous dites que les Brésiliens se sont retrouvés face à l’horreur qui se déploient de jour en jour. Quelle est-elle cette horreur ?
« Moi j’y étais pendant toute cette période où il a constitué le gouvernement. On ne savait pas encore ce qu’il allait faire. Mais malgré ça, tous les jours on recevait des nouvelles. Par exemple le ministre de la Justice qu’il allait nommer, c’était le juge Moro qui a mis Lula en prison, ou son nouveau ministre de l’Environnement qui est un climatosceptique. Il a nommé pendant cette période-là une ministre de la famille qui est une pasteur évangélique. L’une des premières choses qu’il a fait c’est de supprimer le ministère de la Culture. Tous les jours il y avait une nouvelle pire que la veille qui arrivait et on se demandait quand est-ce que cela allait s’arrêter. C’était juste hallucinant. »
Face à cette horreur vous mettez en avant la résistance des Brésiliens et leur force créatrice.
« Il y a sur place des mouvements qui se créent, des gens qui se solidarisent, qui ont envie plus que jamais de ne pas se laisser faire, de ne pas laisser faire, de parler, de dénoncer. Du coup, beaucoup de mouvements de résistance se sont organiser, des films se sont faits, des collectifs se sont organisés. Il y a énormément de choses qui se passent au Brésil et en dehors du Brésil par les communautés brésiliennes, ou solidaires avec le Brésil. C’est quelque chose qui en fait m’a aussi donnée de l’espoir. »
Par le biais de vos amis sur place, quel sentiment vous avez sur ces Brésiliens qui se sont laissé tenter par Bolsonaro? Où ils en sont?
« Ça, c’est très rigolo. Dès le lendemain de l’élection, il y avait déjà des dizaines de groupes WhatsApp, Facebook, Instagram qui s’étaient constitués de gens qui regrettaient d’avoir voté pour lui. Dès les premiers jours après son élection, il a commencé à faire des trucs. Dans son premier gouvernement, il avait nommé trois personnes qui étaient poursuivies dans des histoires de corruption. Donc les gens disaient, on pensait qu’on avait voté contre la corruption et on nous met des corrompus au pouvoir. »
« Il y a quand même une grande partie de la population qui n’y a vite plus cru, ou qui a vu les masques tomber. Et il y a une autre partie de la population qui profite de l’ultralibéralisme économique qu’il est en train de mettre en place, qui profite du système et qui continue de l’encourager. C’est encore un président qui a du soutien, mine de rien. Je ne crois pas qu’il soit encore devenu le président le plus impopulaire du Brésil. »
De ce voyage, vous en êtes revenu avec des notes et des photos… Vous les réunissez dans ce recueil… « O Coiso, la chose ». Quel témoignage voulez-vous livrer ?
« Il faut déjà expliquer le titre, O Coiso, la Chose. O Coiso, c’est un des multiples surnoms qu’avait Bolsonaro. C’était vraiment devenu un peu comme Voldemort, on ne pouvait pas prononcer son nom. Du coup il y avait des dizaine de surnoms, dont O Coiso, qui veut dire La chose. En fait, j’ai toujours sur moi un petit carnet dans lesquels j’écris beaucoup quand je voyage. Et quand j’étais au Brésil je m’étais mis cette règle de faire une photo par jour. Quand je suis rentrée en France, tout ce que je venais de vivre au Brésil avait été tellement intense, je n’arrivais pas beaucoup à écrire pour les gens. Je n’arrivais pas à raconter à mes amis ce qui se passait.
Un jour, je revenais d’aller récupérer mes négatifs que j’avais fait développer. J’étais super contente des photos que j’avais faites. Une amie d’enfance qui est graphiste me dit Muriel, cette fois-ci, il faut qu’on en fasse quelque chose. Il faut qu’on en fasse un livre, il faut que cela sorte, que ce ne soit plus uniquement à tes amis à qui tu racontes. Ce que tu as vu, ce que tu as témoigné, ce que tu as vécu, c’est un document qui est précieux, qui raconte le Brésil de ton point de vue, qui est le point de vue de quelqu’un d’extérieur, mais qui connait bien l’intérieur aussi. »
Le livre « O Coiso, la chose » va paraitre grâce à un financement participatif, disponible notamment via le site de France libertés. Et les photos de Muriel Pérez seront exposées à Paris à la galerie du Floréal Belleville du 12 décembre au 7 janvier 2020.
Pour aller plus loin :
Sécheresses, inondations, désertifications… l’eau et le climat sont intrinsèquement liés. Le dérèglement climatique met en péril ce délicat équilibre du cycle de l’eau et le droit à chacun d’avoir accès à la ressource.
Partout dans le monde des actions tendent à préserver cet équilibre au bénéfice de l’environnement et des populations.
Avec la Fondation Abbé Pierre et le R20 Fond vert pour les femmes, vous avez choisi d’apporter votre soutien à trois projets de terrain, portés par trois ONG qui agissent en Afrique du Sud, en Colombie et en Inde. Trois porteurs d’alternatives autour du droit à l’eau et des valeurs de la Fondation, sensibiliser, plaider agir.
Commençons par l’Afrique du Sud, au Cap… où une ONG fait de la sensibilisation au changement climatique.
« On a décidé de soutenir l’ONG EMG, Environmental Monitoring Group. C’est une ONG qui a décidé de créer une école sur l’eau et le changement climatique pour ses militants. L’objectif de cette école est le renforcement des capacités pour faire face à la pénurie d’eau au Cap qui sévit un peu plus chaque année. Ces militants souhaitent parvenir à un accès équitable et durable à l’eau pour toutes les communautés marginalisées du Cap qui sont les principales touchées. Ce beau projet doit aboutir à des études de cas, qui se traduiront par des livrets et des cours, types vidéo. Le but est d’avoir un maximum de communication entre ces militants et de sensibiliser toutes les parties prenantes du Cap. Par la suite, ces militants vont pouvoir s’approprier ces études et les partager plus largement ».
En Inde, c’est à New Delhi que vous soutenez les communautés dans leur action contre le changement climatique.
« Nous soutenons HAIYYA, une organisation féministe à la base, dirigée par des jeunes principalement. Ces jeunes œuvrent à la transformation du processus de changement au niveau local. Il faut comprendre le contexte. A New Dehli, la ville dépend de la rivière Yamuna pour l’approvisionnement en eau. Or, les plans d’eau alimentés par cette rivière sont quasiment détruits à cause des décharges de déchets et des eaux usées déversées dans la rivière. De plus, la nappe phréatique s’épuise de plus en plus. Le tout créé des terrain propices au paludisme et à la dengue. Donc il s’agit du droit à l’eau qui est en jeu, mais aussi du droit à la santé de ces communautés qui sont souvent de milieux socioéconomiques très défavorisés. Ce sont donc les plus touchées par la perturbation de ces plans d’eau. Ici, le projet de cette ONG est de mobiliser de jeunes porte-parole pour tenter de restaure ces plans d’eau par le biais de plaidoyer. L’objectif va être d’organiser un groupe de 1 000 jeunes leaders qui seront eux-mêmes dirigés par 25 jeunes entrepreneurs du changement. Cela permettra de créer une campagne de plaidoyer pour sensibiliser davantage le public et pour créer un plan de plaidoyer. Puis il y aura une réunion à la mairie avec le gouvernement concerné et les inciter à agir pour restaurer ces plans d’eau ».
Enfin direction la Colombie. Il s’agit là de préserver les sources d’eau locales.
« Le projet est mené par l’ONG Corpenca (Corporación Ecológica y Cultural Penca de Sábila). Il est un peu plus technique et concret. Il vise à restituer et conserver des sources d’eau locales par de la gestion communautaire. Cette gestion communautaire doit aboutir à la restauration, l’entretien et la conservation de micro-bassins dans la municipalité de Cocorna en Colombie. 12 groupes de gestion communautaires vont être mis en place pour contribuer à cette restauration des sources d’eau. Cela va permettre un renforcement organisationnel de ces groupes pour gérer ces menaces environnementales qui pèsent sur ces sources d’eau. Un plan collectif va être mis en place pour l’entretien, et un bassin test pour diagnostiquer les besoins en restauration. En parallèle, les groupes de gestion communautaires vont essayer d’identifier des alternatives pour purifier l’eau afin de la rendre potable et utilisable, par exemple via l’installation de filtres à base de sable. C’est tout un processus de formation qui va se mettre en place mais également des activités plus concrètes ».
Le soutien que vous apportez à ces projets, comment se concrétise-t-il ?
« Il s’agit d’un soutien financier initialement, permis par le R20 Fond vert pour les femmes et la Fondation Abbé Pierre qui nous aident. L’objectif principal est de partager un maximum ces pratiques par de la communication, par de la sensibilisation. Cela permet d’expliquer qu’il y a des alternatives, des possibilités pour protéger l’équilibre du cycle de l’eau et ainsi rétablir le climat des environnements atteints qui, parfois, n’ont plus la possibilité d’avoir un accès çà l’eau et qui ne peuvent plus jouir de leur droit humain à l’eau ».
L’idée n’est pas seulement de les aider sur le court terme, mais bien de les rendre autonomes et complètement acteurs.
« Tout à fait. On a entièrement confiance en ces organisations. Par rapport à d’autres ONG françaises, on décide de leur laisser entièrement la main. Eux ont les capacités et les connaissances pour gérer les enjeux locaux. Nous, on se contente de leur faire confiance et de leur permettre d’avoir plus d’échos au niveau international, et nommant en France, pour potentiellement leur permettre d’accéder à plus de financement et de valoriser encore plus et de faire grandir leur projet ».
Ces trois projets complètent une réflexion collective de la Fondation sur la restauration du climat en respectant le cycle de l’eau. Elle a déjà été amorcée par trois autres projets de terrain depuis plusieurs mois par les ONG KWDT (Ouganda), SAPSRI (Sri Lanka) et Yikilo (Soudan du Sud).
Pour aller plus loin :
Depuis mercredi 9 octobre, la Turquie mène une offensive militaire au nord-est de la Syrie contre les forces kurdes, une opération baptisée « source de paix ». Les frappes visent les Unités de protection du peuple (YPG), la milice kurde qui constitue la colonne vertébrale des Forces démocratiques syriennes (FDS), principal acteur de la victoire sur Daech dans la région.
Un peu partout dans le monde, des voix s’élèvent pour condamner ce coup de force du président Erdogan. La communauté internationale monte au créneau et des ONG s’inquiètent du brasier ravivé par la Turquie.
Avec Jérémie Chomette, directeur de France Libertés
Par cette opération militaire, que vise le président turc Recep Tayyip. Erdogan ? Quel est son objectif ?
« L’objectif est multiple. Officiellement, c’est d’imposer une zone appelée « de sécurité » de 20 kilomètres à l’intérieur du nord de la Syrie pour, soi-disant, protéger ses populations. Ce qu’il faut savoir, c’est que les 20 kilomètres dont il parle, c’est tout le nord de la Syrie. C ’est là où se situe l’essentiel des populations kurdes. La seconde chose, il veut renvoyer les populations réfugiées syriennes dans ces zones-là pour qu’elles reviennent en Syrie ».
Est-ce qu’on peut rappeler le rôle que jouent les YPG ?
« Les YPG sont les forces de défense. Ce sont elles qui ont combattu Daech pendant plusieurs années et qui en sont venues à bout avec l’aide de la coalition internationale. Aujourd’hui, elles défendent toutes les populations du nord de la Syrie face à l’invasion turque. Ce sont également elles qui essayaient de nettoyer les dernières cellules de Daech, puisqu’il reste des cellules dormantes de Daech dans la région. Il y a encore des attentats de temps en temps ».
Quelle peut-être la conséquence de cette opération militaire pour la région ?
« Les conséquences sont multiples et graves. La première, c’est que toutes les opérations contre les cellules de Daech sont arrêtées. Daech peut se relancer sans forcer. La deuxième, c’est qu’il y a encore énormément de prisonniers jihadistes. On estime à 70 000 jihadistes dans la région. Ces jihadistes ne vont plus être surveillés dans les prisons, puisque les forces démocratiques syriennes doivent empêcher l’invasion turque. Derrière, cela va raviver certaines autres milices, notamment du côté syrien. On a déjà entendu parler d’attaques du côté de Raqqa ou de Deir ez-Zor pour aller récupérer des villes et entraîner encore un peu plus la Syrie dans le chaos. Et on peut aussi s’attendre à une nouvelle grande vague de déplacements de personnes, puisque les populations du nord de la Syrie vont chercher à fuir vers l’Europe ».
Autre conséquence à prendre en compte : celles pour l’Europe et la France. Il y a déjà plus de 100 000 déplacés depuis mercredi. Est-ce qu’il y a une nouvelle crise migratoire à craindre ?
« Complètement. Sur la zone dont on parle, il y a trois millions de personnes. Ils vivent quasiment tous à proximité de la frontière turque. Ces personnes vont devoir se mettre en sécurité. Beaucoup partent dans le Sud. Mais là vous avez des résurgences et le retour de Daech. Donc elles risquent d’être menacées également. Elles vont chercher à se sauver. Elles ne peuvent pas aller en Turquie. Il ne reste plus qu’à aller côté irakien pour essayer de remonter vers l’Europe. Donc on peut s’attendre à une nouvelle masse de personnes qui partent. Dans la région, on a aussi le Liban ou la Jordanie où il y a déjà énormément de réfugiés syriens, énormément de déplacés ou de réfugiés irakiens. Donc la situation va encore être plus difficile qu’avant ».
Est-ce qu’il n’y a pas le risque que les camps de prisonniers de Daech soient moins surveillés ?
« Exactement. Les jihadistes, qui sont dans ces camps-là, sont maintenus sous surveillance par les YPG notamment. Là, on est dans une question de survie face à une attaque. Donc les moyens ne pourront plus être mis sur ces camps-là. On a encore énormément de jihadistes dans ces camps, des jihadistes européens et notamment beaucoup de France. Ces jihadistes vont revenir par la Turquie, ils peuvent revenir en France ou en Europe ou continuer à agir dans la région. C’est des années et des années d’efforts qui risquent d’être anéanties par cette invasion perpétrée par le gouvernement turc ».
Une des inquiétudes des ONG concerne le Rojava. Que craignez-vous ? Et quelle conséquence sur le projet démocratique sur ce territoire ?
« Elles sont multiples. La première, c’est d’abord une question de survie des populations sur place, puisqu’il y a déjà plusieurs morts. Ce sont les morts, les grands déplacements. Et ce sont des populations qui ont subi la guerre depuis des années et qui demandent juste une seule chose, c’est de vivre en paix. On va encore une fois leur enlever cela. Sur le plus long terme, c’est aussi la fin d’un projet d’émancipation et de transformation radicale dans ces territoires. C’est un projet qu’on a pu voir sur place en juillet, où les femmes notamment et les minorités prennent le pouvoir et développent un nouveau modèle de société démocratique, féministe et écologiste, dans une région qui en a profondément besoin et sur une planète qui en a profondément besoin. Pour nous, ce qui se passe là-bas est une vraie source d’inspiration. C’est aussi la fin marquée, si l’invasion venait à durer, d’un espoir très fort pour la région et pour la planète ».
Avec la Coordination Nationale Solidarité Kurdistan (CNSK) vous avez signé un appel à l’adresse du gouvernement français. Gilbert Mitterrand, le président de la Fondation, a également signé une tribune. Que demandez-vous, Qu’attendez-vous ?
« Pour nous, c’est très clair. Il faut que la France agisse le plus fortement possible pour empêcher cette invasion turque. Il y a plusieurs moyens. La première, ce sont les forces sur place. Il est important de mobiliser la coalition internationale pour qu’elle empêche des frappes aériennes. On lui demande de faire le maximum et de prendre des sanctions contre la Turquie. Après, c’est aux Nations-Unies de continuer à faire un travail au niveau du Conseil de sécurité pour arriver à avoir une résolution. Enfin, on demande à faire un travail sur le long terme pour que ces populations soient enfin protégées à long terme et qu’elles ne connaissent plus la guerre comme c’est le cas actuellement ».
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Municipalisme au Rojava – une utopie menacée
Il se bat pour le droit à l’eau au Chili et subit censure et intimidation pour son action. Rodrigo Mundaca, est le lauréat du prix Danielle Mitterrand 2019.
Il est à la tête du Modatima, le Mouvement de défense pour l’accès à l’eau, la terre et la protection de l’environnement.
Rodrigo Mundaca vit dans la province de Petorca, au nord de Santiago. C’est au centre du pays. Avec ce prix, la Fondation a distingué son action avec le Modatima, il se bat contre l’accaparement de l’eau par les grand propriétaires fonciers.
« Modatima s’est créé en 2010 sur cette question des conflits liés à l’eau et à l’accaparement de l’eau par les grands propriétaires fonciers, notamment pour la culture des avocats destinés à l’exportation en Europe et en Chine. Modatima cherche à dénoncer ces accaparements des eaux par ces grands groupes d’agro-business, soutenus par les politiques en totale connivence. Parfois même, ce sont des politiques qui détiennent ces droits à l’eau. Modatima cherche à rendre visible ces conflits liés à l’eau et à mettre en avant la question des usages de l’eau ».
Son combat, il le mène dans un pays, le Chili… l’un des États du monde qui va le plus loin dans la marchandisation et la privatisation de l’eau.
« C’est très particulier au Chili. L’eau est décorrélée de la terre. On peut être propriétaire d’une terre, mais pas propriétaire des eaux qui sont sous la terre. Et ce n’est pas l’Etat qui détient les eaux. On a aujourd’hui des politiques et des personnes de l’agro-business qui achètent les eaux souterraines et qui vont pouvoir, soit les conserver, soit les revendre pour spéculer dessus. L’eau est perçue comme une marchandise. On est dans un statut très particulier avec le Chili. C’est l’Etat qui va le plus loin dans ce que la Fondation et Modatima dénoncent, à savoir cette marchandisation et privatisation de l’eau. Cela date de l’époque de la dictature de Pinochet, en 1981. Cela n’a jamais été remis en question. Cela fait 38 ans que les Chiliens subissent les effets néfastes de cette privatisation et marchandisation de l’eau ».
Quelle forme prend la lutte de Rodrigo Mundaca ?
« Cela passe essentiellement par sensibiliser les premiers concernés qui souffrent de l’assèchement des eaux par la culture de l’avocat liée à la privatisation de l’eau. Mais cela passe aussi par les étudiants, des marches pour l’eau, des rencontres avec les décideurs. Ce sont des formes assez multiples. La pierre angulaire, c’est de faire connaître ces enjeux et y compris les faire connaître en dehors du Chili. On peut rattacher ce qui se passe au Chili à la consommation en Europe de ces avocats. Un chiffre éloquent : 90% des terres agricoles au Chili sont entièrement dédiées aux avocats. C’est la culture sur laquelle le Chili a misé. C’est une culture qui est très gourmande en eau qui vient assécher les rivières, sachant qu’on est déjà dans une région aride. C’est très important pour les consommateurs européens d’avocats de savoir que, quand on consomme un avocat qui vient du Chili, on participe quelque part à la mise à mal du droit à l’eau des Chiliens ».
Les action de Rodrigo Mundaca ne sont pas sans risque. Cela lui vaut d’être régulièrement pourchassé, voir persécuté. Il subit même censure et intimidation.
« En 2012, il a eu le malheur de dénoncer cet accaparement de l’eau. Un des responsables qu’il dénonçait était l’ancien ministre de l’Intérieur du gouvernement Bachelet. En dénonçant cette personne, forcément il s’attaquait à des gens très puissants. Cela a entraîné un long processus judiciaire. On l’a accusé de diffamation. Il y a eu quatre procédures pénales à son encontre qui visaient très clairement à démotiver Modatima, à les faire cesser leurs actions. Il a été condamné à 61 jours de prison pour diffamation à l’issue de l’une de ces procédures. C’était assorti d’un sursis à condition qu’il se présente à la police tous les mois pendant un an et qu’il paie une amende. C’est quelque chose de très lourd. Cela vient mettre à mal la lutte quotidienne. En 2015 il a carrément été agressé physiquement dans la rue. On a un climat de violence assez fort. En 2007 il a même reçu un appel téléphonique lors duquel on lui a dit : « On va te tuer enfoiré ». On passe à un niveau au-dessus, à savoir la menace de mort. C’est pour cela qu’Amnesty International avait lancé une campagne pour faire reconnaître les actions de Modatima et protéger Rodrigo Mundaca. Ce n’est pas le seul de son organisation à avoir reçu des menaces. C’est un vrai enjeu, cette criminalisation qui est subie par les défenseurs des droits humains et de l’environnement ».
Avec Modatima, Rodrigo Mundaca agit surtout localement. Mais il fait aussi des propositions pour défendre le droit à l’eau partout dans le monde, de la reconnaissance de l’eau comme droit humain, à la nécessité d’en faire un bien public non marchand.
« L’idée est de se poser la question de quel statut devrait avoir l’eau. Il prône un statut particulier, à savoir que l’eau est patrimoine commun de l’humanité et de la nature, pour son caractère vital, et que l’eau n’est pas une marchandise. Vraiment, il se positionne dans la même mouvance que Danielle Mitterrand et plein d’autres acteurs pour que le droit à l’eau soit effectif. Il faut aussi que cet élément vital soit considéré, non pas comme une marchandise, mais bien comme un élément qui soutient toute vie sur terre ».
Rodrigo Mundaca est le lauréat du prix Danielle Mitterrand 2019. En quoi son combat est dans la lignée de celui de Danielle Mitterrand ?
« Evidemment pour son combat pour l’eau. C’est une thématique qui est très forte à la Fondation. On a été pionniers avec d’autres, dès les années 2000, pour qu’on fasse reconnaître le droit à l’eau par l’Onu, ce qui a été le cas en 2010. Cela fait aussi écho ce que l’on porte à la Fondation de métamorphose du monde et notamment d’un autre rapport à la nature. Il prône clairement l’importance vitale de l’eau et de ne plus la percevoir comme une marchandise. Cela fait écho à ce que l’on porte à la Fondation. Gilbert Mitterrand, qui était membre du jury cette année, a dit : « L’engagement de Rodrigo Mundaca, il est radical, il est humaniste, comme l‘était celui de Danielle Mitterrand ». Il est source d’inspiration pour la construction d’un monde plus juste, qui est ce qui sous-tend toutes les actions de la Fondation ».
Rodrigo Mundaca recevra son prix Danielle Mitterrand le mercredi 20 novembre à la Bellevilloise à Paris.
Pour aller plus loin :
Nouvelle-Calédonie : « Il y a urgence pour les générations futures » (Subama Mapou)
L’Amazonie, ou le déracinement du monde. C’était le thème du festival Climax qui s’est déroulé début septembre à Bordeaux. Si les festivaliers ont pu échanger sur la situation dramatique que connaît l’Amazonie actuellement, ce fut aussi l’occasion de réfléchir, d’échanger, de débattre sur la nécessaire métamorphose de nos sociétés. Et le message des peuples autochtones a été très écouté.
Le fondateur du festival a souligné la responsabilité de l’Europe dans le drame amazonien. En quoi cette responsabilité est prégnante ?
« Il y a plusieurs aspects. Il y a les importations de l’Europe de produits issus de l’Amazonie via une déforestation de ce territoire, on peut penser au soja. Un conférencier, Nicolas Bourcier, qui a donné ce chiffre : 60% du soja importé en France vient du Brésil. C’est énorme. On peut aussi pointer la responsabilité des banques qui financent des projets destructeurs de l’Amazonie. Il y a des banques françaises ou européennes. Cela peut être à la fois via la consommation que les Européens ont de certains produits, mais aussi tout le système économique banquier ou financier où l’Europe est très puissante et investit dans ces projets-là ».
La Fondation était présente à Bordeaux, pour écouter et rencontrer. Quel message vous avez pu porter, ou quel est celui avec lequel vous revenez ?
« C’était l’idée de dire qu’aujourd’hui, face aux enjeux, aux défis cruciaux auxquels on fait face, il va falloir se mettre dans une métamorphose du monde. Non pas une transition, mais une véritable métamorphose. Donc véritablement changer de système, changer de mode de pensée, changer de postulat. Cela demande un très gros travail qui commence notamment sur le plan des idées. Il faut porter d’autres idées que celles liées au système en vigueur basé sur l’exploitation de la nature et de l’homme. Autre point intéressant, c’était la question de la décolonisation : décolonisation des savoirs, de l’école, le devoir de mémoire. Il y a un gros enjeux pour les peuples autochtones, mais aussi pour les afro-descendants qui étaient fortement présents à Climax. Et cela fait écho au travail de la Fondation de chercher à promouvoir une autre pensée, et notamment une pensée décoloniale. L’idée est d’avoir des coopérations entre autochtones et non autochtones qui soient apaisées, dans la co-construction, dans la collaboration. Et on a aussi porté un sujet lors d’une conférence sur la biopiraterie. Le fait de voler les savoirs des peuples autochtones est une chose qui est trop peu connue. C’est une nouvelle forme de colonisation, tant de la nature que des peuples autochtones. Cela participe au déracinement ».
Le festival a eu une résonance particulière dans les médias, vu l’actualité. Quelle portée les échanges peuvent-ils avoir ? Quelles suites à ces rencontres ?
« Le plus important c’est que c’est un festival très fréquenté. Il y avait plusieurs milliers de personnes, notamment pour la conférence avec Pablo Servigne, Nicolas Hulot et Edgar Morin. Edgar Morin, souffrant, n’était pas là. Mais ne serait-ce qu’à cette conférence, il y avait une file d’attente énorme. On voit que les gens sont mobilisés, intéressés. C’est un événement qui permet de sensibiliser un large public. Il y avait aussi beaucoup d’enfants, d’adolescents, de publics scolaires. C’est aussi fondamental parce que c’est ce genre d’évènements, avec des rencontres très fortes, des discours puissants des autochtones, qui peuvent marquer une personne et la faire basculer dans un nouveau comportement, un nouveau rapport au monde. Cela permet aussi d’entamer des convergences de luttes avec l’ensemble des associations qui étaient présentes. Il y a eu aussi la volonté des organisateurs de lancer une première campagne ensemble. Avec l’idée de travailler sur un cas concret lié à l’Amazonie, à savoir la pollution au mercure par l’orpaillage illégal en Guyane. Cela permet de mettre des forces en commun des différentes associations et de travailler à former les juristes et à porter un recours à la fin du programme qui a été lancé pendant le festival. C’est une action concrète qui découle du festival. Ces événements permettent de revenir avec plus d’énergie, plus de force. C’est un partage des luttes, des résistances, de pensées ».
Pour aller plus loin :
Le drame de l’Amazonie et du déracinement des peuples autochtones
L’Amazonie brûle… et c’est le monde qui brûle. C’est le message délivré au Festival Climax qui s’est déroulé à Bordeaux début septembre.
La plus grande forêt tropicale du monde est grignotée depuis des semaines par des incendies. Alors face aux grands discours des chef d’Etat du monde entier et à l’inertie international, le Festival s’est donnés cette année comme mission de tisser des liens entre les cultures, avec un thème : « L’Amazonie, ou le déracinement du monde ».
Ce Festival s’est tenu dans un contexte particulier. Les dernières données scientifiques sont accablantes. La déforestation a quasiment doublé entre janvier et août par rapport à la même période de l’an dernier. A quoi est due cette déforestation ?
« Cette déforestation a des causes assez nombreuses, et notamment la question de l’extractivisme. C’est l’exploitation des ressources naturelles un petit peu partout sur la planète. C’est notamment celles qui se trouvent dans ces forêts primaires, que ce soit les ressources de pétrole, de mines ou tout simplement le bois. Et puis il y a la déforestation pour installer du bétail ou des cultures de soja qui viennent alimenter les animaux de l’élevage intensif. Il y des causes nombreuses. Ce que l’on note, c’est une accélération depuis l’arrivée du président Bolsonaro au Brésil. C’est assez inquiétant. Lui-même, en tant que président, a largement incité à cette déforestation en cherchant à faire de cette forêt, qu’il considère comme improductive et qui ne contribue pas suffisamment à l’économie, un territoire a exploiter ».
Depuis l’élection de Bolsonaro, les choses se sont vraiment aggravées ?
« Oui. En termes de déforestation, cela s’aggrave. On peut aussi noter les attaques que subissent les peuples autochtones, notamment deux assassinats récemment. Là aussi, ses propos sur les peuples autochtones n’incitent pas à un climat de paix. Bien au contraire. Sur la question de la violence, on est sur une augmentation du sentiment d’insécurité chez les autochtones face à des discours présidentiels qui invitent à ce que les autochtones soient intégrer le plus possible à la population brésilienne, qu’ils n’aient plus de territoire. On est sur des propos assez forts qui incitent à la violence de ces peuples. Donc monsieur Bolsonaro indirectement, et directement avec certaines de ses politiques, commencent à faire s’aggraver la situation en Amazonie brésilienne ».
Le thème de ce festival Climax a été décidé avant que Bolsonaro ne soit élu. Les choses ont donc changé depuis. Le festival a donc pris une autre dimension ?
« C’est sûr que le choix du sujet est on ne peut plus dans l’actualité. Le sujet complet du festival c’était, l’Amazonie ou le déracinement du monde. C’était l’idée d’avoir une analyse des causes du déracinement. C’est la déforestation. Et , moins littéral, le déracinement, c’est ces peuples autochtones toujours plus déracinés, perdus entre tradition et modernité. C’est aussi la question des Noir-Marrons, ou des Bushinengués, ces anciens esclaves qui ont fui ce système et se sont retrouvés à créer une nouvelle façon de faire société. C’est aussi la question du rapport à l’autre qui était posée dans ce festival. C’était à la fois le rapport à la nature, mais aussi le rapport à l’autre et comment réharmoniser tout cela ».
De nombreuses personnalités étaient présentes à cette édition dédiée aux peuples autochtones. Beaucoup de leurs représentants étaient à Bordeaux, à commencer par le chef Raoni. Quel message a-t-il voulu faire passer ?
« Malheureusement c’est un peu le même message qu’il nous délivre depuis des années. C’est un message de destruction de l’Amazonie, de destruction plus générale de la nature et du vivant, une véritable menace qui pèse à la fois sur les peuples autochtones mais qui nous concerne tous. Car en détruisant l’Amazonie, on détruit des équilibres écosystémiques très importants pour l’équilibre du bien-être de notre système Terre. Son discours était très axé aussi sur la situation avec monsieur Bolsonaro où les tensions avec les peuples autochtones sont d’autant plus fortes. Il a appelé à ce qu’une solidarité se créée avec les peules autochtones du Brésil. C’est l’idée de faire connaître la situation de ces peuples et d’appeler à un climat beaucoup plus de paix et de solidarité entre les peuples ».
Ces peuples sont les sentinelles de la planète ?
« Oui. C’était une idée très forte du festival. C’est pour cela qu’il y avait un grand nombre de représentants autochtones invités. Une des idées majeures était la nécessité d’avoir un autre rapport à la nature, de repenser les relations avec les humains et les non-humains. Et de repenser notre rapport au vivant et de revenir à l’élément essentiel. Nous humains, faisons partie de la nature. On a eu trop tendance à se mettre au-dessus et à chercher à exploiter la nature et faire en sorte qu’elle ne serve seulement qu’aux intérêts des humains. Dans ce cadre de réflexion, les peuples autochtones ont beaucoup à nous apporter puisqu’ils entretiennent des relations avec la nature qui sont beaucoup plus harmonieuses que nous, occidentaux ».
Et la semaine prochaine nous reviendrons sur ce festival et sur son message d’une nécessaire métamorphose de nos sociétés.
Pour aller plus loin :
Le G7 a-t-il vraiment permis des avancées sur la protection de la planète ? A entendre Emmanuel Macron en clôture du sommet, les sept ont pris conscience de l’urgence. Et le chef de l’État a même dit avoir « changé ».
La Fondation était présente à Biarritz, au contre-sommet. Avant d’en parler, quel regard portez-vous sur ce G7 ? Est-ce que son bilan, notamment sur la question climatique, est positif ?
« Cela dépend de là où l’on regarde. Pour nous, le bilan n’est pas du tout positif. Le symbole, c’est cette aide qui est apportée au Brésil et à l’Amazonie. En fait, on a des pyromanes. Les Etats, par leurs actions, entrainent ces feux et cherchent à agir sur les conséquences plutôt que sur les causes. On va donner de l’argent pour envoyer les canadairs, plutôt que de se poser la question à long terme : pourquoi ces feux existent et pourquoi la planète est en feu ? Ces questions sont directement liées au capitalisme et aux méthodologies employées par les Etats ».
C’est donc un double discours du chef de l’Etat, comme l’ont souligné les peuples autochtones de Guyane, par la voix du Grand conseil coutumier ?
« C’est exactement ça. On va dire qu’on va agir. On agit sur les conséquences. Et dans le même temps, on dit qu’il faut sauver l’Amazonie, mais on donne plus de 360 000 hectares de la Guyane, de la partie française de l’Amazonie, à des multinationales. Dans le même temps, les premiers protecteurs de l’Amazonie et des forêts dans le monde ne sont pas associés à ces décisions. Et la France, alors qu’Emmanuel Macron aime à rappeler l’importance de l’écologie, n’a toujours pas ratifier la convention 169 de l’OIT (Organisation internationale du travail) qui reconnaît les droits des peuples autochtones. La France est l’un des rares pays à ne pas l’avoir fait. On a d’un côté, un discours, et de l’autre côté des actes. Et les actes ne correspondent pas aux discours. »
Le Grand conseil coutumier a aussi mis en cause les importations faites par l’Europe en général et la France en particulier. C’est un des éléments qui vous amène à dire que les discours et les actes ne sont pas en cohérence ?
« Exactement. C’est lié à notre fonctionnement. Les États tentent au maximum de développer la croissance. Pour développer la croissance, ils font de l’agrobusiness. Pour réussir cela, ils ont besoin d’un maximum de soja. C’est ce qui permet de nourrir une grande quantité d’animaux. Et le soja est importé du Brésil et notamment de l’Amazonie. Donc on autorise la coupe et la déforestation de l’Amazonie pour planter des champs de soja pour les vendre à l’étranger. Donc la France, en privilégiant un modèle d’agriculture intensive, incite les Brésiliens à faire de la déforestation pour pouvoir faire des champs de soja ».
Emmanuel Macron a un peu a reconnu une part de responsabilité dans la déforestation. Il a aussi mis en avant la menace de ne pas signer l’accord UE-Mercosur. Vous ne lui en donnez pas quitus ?
« On attend des actes. Cela fait deux ans qu’Emmanuel Macron est président, deux ans qu’il lance des grands discours. Mais dans les actes, il n’y a rien qui se passe. On attend des actes. La reconnaissance des peuples autochtones en est un, mais aussi le changement de système d’agriculture ».
Un contre-sommet s’est déroulé à Biarritz. La Fondation était présente. Quel en était la raison d’être ?
« La raison première est de dire qu’il n’y a pas qu’une seule vision du monde. Il y a d’autres formes d’actions et de penser le monde. Il y a ces sept Etats qui se retrouvent et qui veulent faire la pluie et le beau temps, et il y a des gens qui ne sont pas d’accord ».
Que faut-il en retenir ? Quels ont été les grands thèmes discutés, les pistes de réflexion ?
« La première volonté est de dire « un autre monde est possible ». Cet autre monde est déjà en marche. Il y a des alternatives au capitalisme et à ce que nous propose le G7. Elles existent. Il s’agit de les montrer et de se réunir pour les réaliser. On avait construit sept thématiques : la lutte contre le capitalisme, la question du climat et de l’environnement, le féminisme, diversité et liberté des peuples, la démocratie, la solidarité, notamment internationale, et les questions des migrations et d’accueil des migrants et des frontières. On avait défini ces sept thématiques pour opposer, aux actions de destruction, des alternatives concrètes ».
Est-ce que c’est juste un moment où les ONG échangent, où on confronte les expériences, ou est-ce que cela a vocation à ouvrir sur des actions ?
« La première vocation est d’échanger et de mettre en lumière. C’est aussi une base pour aller de l’avant et créer des liens entre les différents mouvements. L’idée est de créer des passerelles, de montrer notre pluralité. Dans notre pluralité, on a envie de faire ensemble ».
Sur la question de l’Amazonie, est-ce qu’il y a eu des débats ou des propositions d’action lors de ce contre-sommet ?
« C’est quelque chose qui était assez transversal. On parle beaucoup de l’Amazonie. Mais on sait qu’il y avait des feux de forêt énormes en Afrique centrale et en Russie. On a beaucoup parlé d’agriculture. C’est notre modèle d’agriculture pour réussir à vivre et à se nourrir qui doit complément changer. Ces importations massives, qui sont faites en provenance de ces différents pays et qui incitent la déforestation, sont à remettre en cause. En plus, ces importations ont un coût environnemental très fort. Il s’agit de réinvestir dans une agriculture beaucoup plus locale, beaucoup plus raisonnée et qui prend soin à la fois de la nature et des gens, et notamment des paysans. On avait la Confédération paysanne et d’autres paysans qui racontaient la souffrance que peuvent vivre certains agriculteurs de devoir produire sans cesse, en fonction de la politique agricole commune qui incite surtout à faire de la quantité et pas de la qualité ».
L’Amazonie, nous aurons l’occasion d’en reparler dans 15 jours, avec Marion Veber, à l’occasion du festival Climax qui se déroule du 5 au 8 septembre à Bordeaux.
Pour aller plus loin :
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