La Lettre de Galilée

Gestion de l’épidémie de Covid-19 par l’État : un rapport parlementaire à charge


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Ce mardi 8 décembre, la mission parlementaire sur la gestion de la Covid-19 a rendu son deuxième rapport où elle épingle, au travers de 350 pages denses, quasiment l'ensemble des réponses menées par le Gouvernement pour faire face à la pandémie. De longs mois de "tâtonnements" et de "retards", de "décisions prises au pied du mur", préjudiciables pour la santé des Français. Décryptage.



Cafouillage sur les masques
Le rapport revient sur le scandale des masques. Le souvenir de la grippe H5N1 en 2005 s'est progressivement estompé et avec lui les stocks de masques de protection. Après la gestion en 2009 de la grippe H1N1, finalement "il y avait moins de risque pour un politique à en faire moins qu’à en faire trop"...
On s'interroge à l'époque déjà sur le dimensionnement du stock d'État. Depuis 2005, l'État s'engageait à garantir des masques pour tout le monde. Mais, à partir de 2013, un rapport du Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) cantonne l'État à fournir des masques uniquement pour les personnes malades et à leurs contacts. Libres aux employeurs (c'est-à-dire aux établissements hospitaliers, publics comme privés, mais également aux professionnels de santé libéraux et aux établissements médico-sociaux, ainsi qu’aux officines de pharmacie ou aux laboratoires de biologie, qui sont des employeurs), de constituer des stocks de masques – FFP2 et chirurgicaux – pour le cas d’une crise sanitaire... "Aussi, alors que les stocks stratégiques de l’État comportaient, jusqu’en 2014, plus de 300 millions d’unités de masques FFP2, destinés essentiellement à la protection des soignants, plusieurs millions de ces masques arrivés à péremption ont été détruits et non renouvelés après cette date, portant le stock à un niveau nul à la veille de la crise sanitaire." (p.32)

Lire : L’État a-t-il sciemment organisé une pénurie de masques ?
De fait, en ayant prévu un stock minimal déjà sous-dimensionné, faute d’avoir anticipé l’hypothèse d’une rupture d’approvisionnement généralisée, faute également d’avoir assuré la disponibilité des capacités de production françaises par des commandes régulières (avec la fermeture en 2018 notamment des usines de Bacou-Dalloz (devenue Sperian Protection) de et de Plaintel dans les Côtes d’Armor, le stock stratégique de masques chirurgicaux, particulièrement faible au début de la crise, n’a même pas pu jouer son rôle de " tampon" en attendant les livraisons des commandes complémentaires (passées d'ailleurs au prix fort avec la Chine).

Lire : Masques : les dessous d’un scandale d’État à venir
Des décisions trop tardives
Sur la gestion en elle-même de la crise sanitaire, le rapport parlementaire pointe du doigt le retard à l'allumage des décisions, initialement centralisées par le Ministère de la Santé : si les alertes sont déclenchées rapidement fin janvier, les décisions sont prises très tardivement, échelonnées au long du mois de février, la gestion interministérielle de la crise activée trop tardivement. "Du retard a été pris, qui a joué sur la cinétique de propagation de l’épidémie." (p.90).
Au final, le confinement est décidé bien trop tard. "Pourtant, les autorités françaises avaient sous les yeux la situation italienne. Alors que le pays connaît une vague épidémique qui précède celle de la France de 10 à 12 jours, les premières mesures de confinement y sont instaurées dans une dizaine de villes dès le 21 février, quand la France ne sera confinée que le 17 mars, soit 24 jours plus tard." Alors que l'Italie est confinée, la France maintient son traditionnel Salon de l’Agriculture drainant jusqu’au 1er mars près de 500 000 visiteurs et exposants !

Absence d'anticipation et de réaction
Retard d'allumage également dans la stratégie décidée de test-PCR : "La transition nécessaire entre la mise au point du test par l’Institut Pasteur et le déploiement des techni...
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