Éditorial de la 505ème
Ça y est ! La campagne de vaccination bat son plein en France : on enregistre 1 615 088 vaccinations soit 2.41% de la population totale. Le nombre de doses que les États-Unis avaient administré au 24 décembre dernier. Ou la Turquie au 28 janvier. Aujourd'hui, les États-Unis dépassent les 32 millions de doses administrées, le Royaume-Uni près de 9 millions, Israël près de 5 millions. La France est-elle encore dans les choux ?
En réalité, de personnes vraiment vaccinées, c'est-à-dire ayant reçu les 2 doses nécessaires, on dépasse à peine les 100 000 personnes. L'équivalent de la population d'Argenteuil.
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Pour être vraiment vacciné (à 95%), il faut deux doses. Avec seulement 1 seule dose, comme le reconnaissent eux-mêmes les laboratoires pharmaceutiques, l'efficacité n'est que de 52%. En réalité donc, en France, 0,1% de la population est vaccinée. Là où Israël, leader de la vaccination Covid-19 dans le monde, est à 21,43% de sa population totale réellement vaccinée.
Gros retards à l'allumage
La question que tout le monde se pose c'est : pourquoi ce retard ?
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Lorsque l'on sait que plusieurs vaccins à l'étude pourront être distribués fin 2020, on se tourne vers le Haute Autorité de Santé (HAS) afin qu'elle fixe un calendrier de vaccination en fonction des profils populationnels.
Après des recommandations préliminaires en juillet, la HAS précise donc dans une nouvelle publication le 30 novembre la stratégie vaccinale à adopter. « Dans l’objectif d’une vaccination visant à réduire le plus grand nombre d’hospitalisations et de décès attribuables à la Covid-19, les principaux facteurs à considérer dans une perspective de priorisation des populations à vacciner au cours des premières étapes de la campagne sont l’âge élevé, certaines comorbidités et leur association éventuelle. »
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En fonction des décès observés, elle fixe donc une typologie populationnelle afin d’établir sa stratégie de priorisation. Selon les estimations de l’INSEE, on comptabilise au 1er janvier 13,75 millions de personnes de 65 ans et plus dont 6,3 millions ont plus de 75 ans. En croisant ces données avec celles du SNDS, on compte 9,8 millions de plus de 65 ans ayant un critère de vulnérabilité (ALD, traitement médicamenteux, hospitalisation). Les premiers cobayes pour le vaccin seront donc les résidents des EHPAD, qui ont concentré 1/3 des décès rapportés en France depuis le début de l’épidémie.
Mais, courant décembre, l'Union européenne, sous la pression de l'Allemagne, décide d'accélérer son calendrier : l'Agence européenne des médicaments (EMA) donne avec une semaine d'avance, le 21 décembre, son feu vert pour le vaccin Pfizer / BioNTech. Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, annonce que les premières injections pourront avoir lieu dès le 27 décembre.
Pour la France, qui s'apprêtait à vacciner ses EHPAD à partir de mi-janvier, le temps de recueillir tranquillement les consentements des futurs vaccinés, c'est un peu trop tôt. D'ailleurs, le protocole de vaccination dans les Ehpad n'a été publié que le 22 décembre, juste après l'avis, tant attendu, du Comité consultatif national d'éthique (CCNE) qui insistait justement sur le temps nécessaire au recueil du consentement des personnes vulnérables.
Voilà d'ailleurs ce que propose le CCNE en pages 7-8 de sa réponse : "Il n’est pas inutile de rappeler quelles conditions doivent présider à l’effectivité d’un consentement libre. Trois phases doivent se suivre :
une information loyale et compréhensible des bénéfices et des risques de la vaccination et surtout une réelle écoute de la personne,